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Alimentation et société

17 mai 2011

AU PREALABLE
L’alimentation occupe une place très importante dans l’esprit des consommateurs : d’une part parce qu’elle est souvent le reflet de nos cultures, de notre mode de vie et de nos convictions ; d’autre part parce que ce que nous mangeons est absorbé par notre corps. Cette « incorporation » est symboliquement très forte, faisant de l’alimentation un sujet très sensible, touchant parfois à l’irrationnel.

Aujourd’hui, plus de 80 % des produits alimentaires consommés sont transformés via l’industrie agro-alimentaire. Bien qu’en plein développement, les circuits courts ne représentent que 2 à 3 % du marché.

Les consommateurs n’ont donc plus conscience que la première mission de l’agriculture est de nourrir la population. Ils ne peuvent plus faire le lien entre les produits qu’ils mangent et l’agriculteur à l’origine des aliments de base. Et pourtant, l’alimentation était le seul lien qui pouvait encore rapprocher les consommateurs des agriculteurs.

Ce sont l’industrie agro-alimentaire et les distributeurs qui s’imposent aujourd’hui comme interlocuteurs des consommateurs. A des fins commerciales, ils entretiennent quelquefois l’image d’Epinal du « petit paysan » et jouent sur cette composante affective rassurante, mais rêvée.

Ainsi, il est facile pour certaines associations environnementales alarmistes et les « marchands de peur », d’utiliser cette corde sensible.

Les produits phytosanitaires font notamment l’objet d’attaques virulentes qui entretiennent une image négative dans le grand public.
Pour des raisons sociologiques et psychologiques profondes, il est plus facile de semer le doute dans le grand public que de montrer en quoi les progrès de l’agriculture sont positifs pour la qualité et la diversité de l’alimentation.

Cependant cette situation n’est pas irréversible.
Conscients du fossé qui les sépare, agriculteurs et consommateurs sont depuis quelques années à l’origine d’initiatives qui ont, entre autres objectifs, de recréer du lien et de la compréhension entre eux : rencontres, portes ouvertes, fermes de découverte, fermes pédagogiques.  Les circuits courts  et le tourisme rural participent également de la constitution de ce lien.
A lire sur ce sujet :

– La DG SANCO de l’Union Européenne (Direction générale de la Santé et de la Consommation) a édité « Notre alimentation est devenue plus verte ». Cette plaquette explique la politique de l’UE concernant les pesticides : Que sont les pesticides et à quoi servent-ils ? Pourquoi un programme d’évaluation ? Le système européen d’approbation des pesticides.
– « Vers une utilisation raisonnée des pesticides » Docteur Saïda Barnat, site Aprifel, 2001.
– L’homnivore de Claude Fischler, 2001, éditions de poche Odile Jacob.

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L’essentiel
Le grand public ne sait plus comment fonctionne l’agriculture d’aujourd’hui. Il n’a en tête que les images idéalisées que lui envoient l’industrie agro-alimentaire et les distributeurs. Ce décalage est amplifié par le discours de certains « marchands de peurs » qui jouent sur cette corde sensible. Mais les liens se recréent petit à petit grâce aux initiatives à la fois des agriculteurs, de leurs organisations et des consommateurs.