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Flash Dérogations

17 juin 2011

FlashInfos, le 04 février 2011

 

« Des interdictions bidons » (?) (Le Canard Enchaîné, suivant une étude de GF)
Générations Futures (GF) a publié une étude
dénonçant « un contournement des règles » concernant les dérogations. PAN (Pesticide Action Network) en a fait un communiqué de presse (in English).
Reprenant cette information sous le titre « des interdictions bidons » (sans point d’interrogation…), le Canard Enchaîné du 25 janvier se veut satirique (c’est le rôle qu’il se donne après tout) sur le nombre grandissant de dérogations phytosanitaires accordées dans l’UE : 321 en 2010. « Soit une augmentation de 500% en 4 ans ! (…) Et la France, championne d’Europe du pulvérisateur avec plus de 63 000 tonnes déversées ? Elle arrive en tête avec 74 dérogations, coiffant au poteau la Grèce (54) et le Portugal (31). « Nous sommes face à un système de dérogations qui a été dévoyé au profit des fabricants de pesticides et au détriment de notre santé », s’énerve François Veillerette, l’un des responsables de l’association Mouvement pour le droit et le respect des générations futures. » Et de conclure : « De là à penser que le Grenelle de l’environnement, c’est du bidon (de pesticides)… »

Ces gens-là pensent-ils réellement que les producteurs « déversent » des pesticides ? Au passage, c’était 100 000 T en 2005, 63 000T en 2010 : 37% de diminution.
Savent-ils que les dérogations accordées le sont, dans la quasi-totalité des cas, pour des usages autorisés dans d’autres pays de l’UE et/ou pour des usages en cours d’autorisation ?
Savent-ils que, bien entendu, ces usages se font dans le strict respect des LMR de l’UE ?
Savent-ils l’importance de la question des usages orphelins, spécialement en fruits et légumes, y compris en production bio ?

Quelles solutions proposent-ils ?
Des tomates percées du nouveau parasite Tuta absoluta ? Des salades avec des pucerons comme supplément de viande ? Des pommes véreuses (carpocapse pour les professionnels) ? Ou alors faire des heures supplémentaires non-payées pour biner des artichauts ? Peut-être même remettre des enfants de 10 ans à ramasser des doryphores dans les champs de pomme de terre, comme au bon vieux temps du sortir de la seconde guerre mondiale ?
Ces gens-là ont-ils le sens des réalités ?

Il y a de quoi devenir satirique à notre tour…

Sans être aussi satirique, il semble important de noter qu’en l’espèce, GF a un but purement militant.
Ni les producteurs, ni les pouvoirs publics ne sont partisans des dérogations
. Ni les producteurs, ni les pouvoirs publics ne veulent « détourner »  la réglementation. Il y a simplement des problèmes urgents qui naissent justement des restrictions règlementaires adoptées ; problèmes qu’il faut résoudre.
La meilleure solution est, en effet, l’établissement d’homologations pures et dures
respectant la lettre et l’esprit de la réglementation. C’est possible. C’est en cours. Cela prendra sans doute de l’ordre de 10 ans.
En attendant il faut trouver des solutions pour les problèmes les plus urgents. D’où l’importance et l’utilité des dérogations.

Le JDLE (Journal de l’Environnement), Actu-Environnement, La France Agricole et d’autres medias reprennent également les thèses de F Veillerette sans distance. Sur France Inter, N Fontrel, dans sa chronique, offre brièvement une vue plus équilibrée ; de même pour Campagnes et environnement. Agri-Avis se distingue en détaillant le point de vue de JC Bocquet, UIPP. Voir interview retranscrite. Voir vidéo (plus précise et complète). Il explique : « Ces dérogations ne sont pas abusives. Elles sont justifiées. (…) Les produits chimiques qui ont reçu cette dérogation sont pour la plupart utilisés dans les autres pays européens. Ils ont été validés et les études faites montrent qu’ils ne présentent aucun risque pour la santé des agriculteurs, aucun risque pour la santé des consommateurs et aucun risque pour l’environnement. Je ne comprends donc pas les propos et l’attitude de ces ONG qui dénoncent le recours aux dérogations ».
Même si certaines filières fruits et légumes ont demandé au Ministère de l’Agriculture d’expliquer publiquement les règles strictes suivies pour l’obtention de dérogations, les organisations agricoles n’ont, jusqu’à présent, pas réagi publiquement à l’offensive médiatique de GF.