Bonnes pratiques, Pour aller plus loin

Les idées reçues : la tasse de café

16 juil. 2011

Bruce Ames est un toxicologue américain, mondialement réputé et reconnu sur la question des composés cancérogènes.
Il est l’inventeur de l’argument « de la tasse de café » : en une seule tasse de café,  on absorbe plus de composés naturels et toxiques, cancérogènes, mutagènes que tout ce que notre alimentation nous fournit en un an en résidus de pesticides. Le souci de notre société à propos des résidus est donc, selon lui, très grandement surestimé.

Son argument, publié dans La Recherche en octobre 1999, est principalement basé sur le fait que 9 idées reçues, largement répandues dans le grand public, sont fausses.
Ces 9 idées reçues (et fausses) sont :
1 ) Les taux de cancer augmentent
2 ) Les produits d’origine industrielle répandus dans l’environnement sont en grande partie responsables des cancers chez l’homme
3 ) La diminution des résidus de pesticides est un moyen efficace de prévenir les cancers liés à l’alimentation
4 ) Les produits chimiques synthétiques sont les principaux responsables de l’exposition humaine aux cancérogènes et autres dangers potentiels
5 ) Les tests standards d’administration de fortes doses sur les animaux permettent d’évaluer correctement les risques de cancer chez l’homme
6 ) Les produits chimiques de synthèse créent un risque de cancer supérieur à celui causé par les substances naturelles
7 ) La toxicologie des produits chimiques de synthèse diffère de celle des substances naturelles
8 ) Les produits chimiques perturbent le système hormonal
9 ) La prise en compte de risques hypothétiques faibles améliore efficacement la santé publique

La revue La Recherche a publié un article complet « Neuf idées reçues sur les résidus de pesticides » de Bruce Ames et Loïs Swirsky Gold en Octobre 1999, suivi de « L’approche européenne« , article critique de Gérard Pascal (président du Comité scientifique européen).

Un résumé est disponible sur le site du Cerafel Bretagne :
http://www.cerafel.com/files/PagesEQ/Cerafel-EQ-N-24.pdf

Dans son article d’introduction, La Recherche écrit :

« Commandez une tasse de café… Pendant qu’il se prépare, vous apprenez qu’environ 3 % des quelque mille composés
d’origine naturelle présents dans cette tasse ont subi une procédure d’évaluation du risque cancérogène. A l’instar des molécules de synthèse, tels les résidus de pesticides
par exemple, ils ont donc été administrés à des rongeurs et, pour une forte proportion de ces composés (19 sur 27), les tests animaux ont permis d’identifier un certain pouvoir
cancérogène. Buvez le café quand même. Vous ingérez une quantité de composés cancérogènes. Mais vous ne savez pas encore que leur poids équivaut à la dose de résidus
de pesticides synthétiques que votre alimentation vous procure en… un an! Vous ne boirez plus de café ? Vous auriez tort. D’autant plus que cette expérience perturbante pour-
rait être reproduite avec les composés naturels qu’abritent de très inoffensifs fruits et légumes : une laitue, une carotte, une pomme… Vous ne savez plus quoi boire, quoi man-
ger ? Alors, lisez le texte qui suit. Ecrit par deux chercheurs mondialement reconnus, il démolit neuf idées reçues en matière de prévention du risque de cancer. Issu d’une com-
munication délivrée par les auteurs devant le Sénat américain, il appelle à une vigoureuse remise en cause des politiques actuelles de gestion du risque de cancérogenèse
chimique. Ce discours, volontiers provocateur, demeure-t-il pertinent en dehors des Etats-Unis ? Nous avons demandé à un expert français, responsable d’un comité scienti-
fique de l’Union européenne de nous apporter un éclairage complémentaire. Où l’on verra que la communauté scientifique n’exprime pas aujourd’hui de désaccord fonda-
mental avec cette thèse… Mais on comprendra aussi que, des deux côtés de l’Atlantique, elle réclame une certaine dose de courage de la part des scientifiques et des politiques
pour la défendre et la traduire en actes. »