Bonnes pratiques, Protection intégrée

« L’agriculture écologiquement intensive : nature et défis »

03 janv. 2012

Dans cet article (texte intégral en français, summary in English), S Bonny, INRA, veut « contribuer à analyser les voies, possibilités et défis socio-économiques d’une agriculture écologiquement intensive (AEI), utilisant de façon durable des processus naturels et des fonctionnalités des écosystèmes tout en ayant un bon niveau de rendement. En premier lieu [elle présente] la notion d’intensification écologique par comparaison/opposition aux autres formes conventionnelles d’intensification en agriculture. Puis le positionnement de divers acteurs par rapport à la notion d’agriculture écologiquement intensive est examiné. Si en apparence cette orientation recueille un assez bon consensus, il existe en fait de nombreux freins à sa mise en pratique. En dernier lieu [elle analyse] certaines possibilités, obstacles et conditions au développement d’une agriculture écologiquement intensive : une telle évolution nécessite notamment un contexte en phase. »

L’article dresse un portrait assez caricatural, voire faux, de l’agriculture conventionnelle : pas d’adaptation au milieu, pas de rotations, « engrais chimiques », « traitements chimiques », … Tous les traits positifs de l’agriculture sont, à l’en croire, à mettre au crédit de l’AEI : utilisation de légumineuses pour enrichir les sols, lutte intégrée et biologique, emploi d’auxiliaires,… C’est oublier que l’agriculture conventionnelle intègre ces techniques depuis toujours. L’AEI peut contribuer, et contribue déjà, à leur amplification et à leur approfondissement en toute complémentarité. Et non pas dans une comparaison/opposition stérile.

Malgré ce défaut, l’article de S Bonny a l’intérêt de dresser un tableau complet de l’AEI, et des « possibilités, défis et obstacles » à son développement.

« L’agriculture écologiquement intensive : nature et défis », Sylvie Bonny, INRA, in Cahiers Agricultures. Volume 20, Numéro 6, 2011

 

 

 

 

 

Commentaire de Sylvie Bonny, INRA le 04 janvier 2012 :

ForumPhyto du 3 janvier 2012 présente l’article «L’agriculture écologiquement intensive : nature et défis » paru dans Cahiers Agricultures 20(6), nov-dec 2011, pp 451-462 dont je suis l’auteur. Permettez-moi de remercier ForumPhyto de mentionner cette publication.

Cependant il me semble qu’un jugement peu motivé, voire injustifié, est porté dans le 2e paragraphe du texte où il est écrit : « L’article dresse un portrait assez caricatural, voire faux, de l’agriculture conventionnelle… ».

En effet cette contribution sur l’agriculture écologiquement intensive (AEI) cherche à présenter et à définir celle-ci et ses caractéristiques. Pour cela elle expose ses principales spécificités en regard des grands traits de l’agriculture conventionnelle. Dans les deux cas, ce sont des schémas, des représentations simplifiées des diverses formes d’agriculture pratiquées, comme cela est indiqué à la fin de l’introduction : « Quand on comparera l’AEI à l’agriculture couramment pratiquée ces dernières années, on désignera cette dernière par le terme d’agriculture conventionnelle (…). On utilisera aussi la notion de modèle de production. En effet, même si les manières de produire en agriculture sont très diversifiées, on peut chercher à repérer par delà cette diversité des invariants ou de grands traits caractéristiques: c’est la notion de modèle de production, représentation simplifiée, idéal-typique des principales caractéristiques technico-économiques de la production à une période donnée. Celles-ci sont appréhendées tant au niveau technique qu’au niveau économique, social, institutionnel, voire idéologique. On peut ainsi parler d’un modèle de production, plus exactement du modèle ou paradigme dominant à une période donnée. »

Autrement dit, le texte ne vise pas à dresser de portrait de l’agriculture conventionnelle ou à décrire la diversité de ses pratiques, mais à esquisser les grandes tendances de l’AEI pour appréhender ses principales caractéristiques en regard de celles de l’agriculture conventionnelle. L’objectif n’est pas de faire « une comparaison/opposition » « stérile », mais simplement d’utiliser une approche heuristique pour présenter l’AEI.

 

 

Commentaire de ForumPhyto le 05 janvier 2012 :

Il nous semble important de souligner que nombre de points que l’AEI promeut sont déjà largement intégrés dans l’agriculture conventionnelle telle qu’elle est pratiquée. Ce qui nous semble insuffisamment mentionné dans l’article de Sylvie Bonny.
L’AEI a cependant l’avantage d’amplifier et de systématiser le concept d’agriculture intégrée et de réconcilier les termes « intensif » et « écologique ». Et l’article de Sylvie Bonny est une lecture intéressante sur ce sujet.