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Comment on transforme une étude scientifique en instrument de propagande…

22 févr. 2012

Pour notre-planete.info, s’appuyant sur un communiqué de Générations Futures (GF), pas de doute : « Les pesticides compromettent la fertilité masculine ». GF appuie son communiqué sur la parution du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), lié à l’INVS (Institut National de Veille Sanitaire), pour qui « (la baisse de fertilité des couples) constitue un problème de santé non négligeable. »   Notre-planete.info transforme, et déforme, systématiquement et savamment l’étude scientifique du BEH, légitime et méritant examen, en propagande inutilement anxiogène.

 

BEH écrit « Les expositions professionnelles ».
Notre-planete.info transforme en « les expositions » (alors que les expositions non professionnelles sont inférieures de plusieurs ordres de grandeur…)

BEH écrit « Concernant l’exposition aux solvants et aux pesticides, les résultats suggèrent des associations qu’il conviendrait à l’avenir de préciser par des analyses par familles chimiques, notamment pour l’allongement du délai nécessaire à concevoir. »
Notre-planete.info transforme en « Une méta-analyse de 91 études, publiées depuis 2000, montre que l’exposition à certains pesticides de type pyréthrénoïdes (sic !), carbamates et organophosphorés est liée à un allongement du délai nécessaire pour concevoir. »

BEH écrit « Il est primordial d’améliorer les connaissances sur l’impact des expositions professionnelles sur la fertilité et les anomalies de l’appareil reproducteur de l’enfant à naître »
Générations Futures, cité par notre-planete.info, transforme en « On ne doit maintenant plus attendre d’avantage (sic !) pour mettre en œuvre une vraie exclusion de ces pesticides ayant des effets perturbateurs endocriniens »

 

Voir plus bas pour une comparaison plus en détail des textes.

 

Rajouter à cela, l’image (cliquer sur la photo en haut) d’un enfant « contraint » de porter un masque à gaz pour se protéger d’une pollution supposée inévitable, omniprésente et surtout « menaçante »… Et vous avez tous les ingrédients pour maquiller une étude scientifique sérieuse en instrument de propagande pure et simple. Plus c’est gros, plus ça passe ?

 

Nota bene : A l’inverse, on peut saluer l’article du Journal de l’Environnement rendant compte de façon équilibrée du même BEH.sous le titre « La fertilité française en berne »

Les produits phytosanitaires sont utiles, mais ils ne sont pas anodins.  Nul ne songe à le nier : ils peuvent être dangereux pour la santé et pour l’environnement lorsqu’ils sont mal utilisés. Le respect des bonnes pratiques phytosanitaires, en particulier en se protégeant les mains et les yeux, permet d’assurer la sécurité des applicateurs, de celle de leurs salariés et de leur famille.
Il faut également mentionner que, depuis plus de 40ans, les très grands progrès en matière de matériel de pulvérisation, de zones de remplissage, de formation, de port d’équipements de protection, de produits même, etc. améliorent encore cette sécurité.

 

 

Comparaison des passages mentionnant, dans le BEH, la méta-étude de R Garlantézec

Voir l’intégralité de l’article de notre-planete.info et
l’intégralité du BEH du 21 février 2012

 

 

R Garlantézec, auteur de l’article « Relation entre exposition professionnelle… », résume ainsi son article dans le BEH :

Une revue de la littérature des études publiées depuis janvier 2000 concernant la relation entre l’exposition professionnelle masculine ou féminine et la survenue d’anomalies de la fertilité ou de troubles de l’appareil reproducteur a été réalisée.

Ces études rapportent des associations avec les expositions professionnelles masculines ou féminines au plomb et au cadmium à des niveaux d’exposition interne jusque-là considérés comme dépourvus d’effets. Concernant l’exposition aux solvants et aux pesticides, les résultats suggèrent des associations qu’il conviendrait à l’avenir de préciser par des analyses par familles chimiques, notamment pour l’allongement du délai nécessaire à concevoir. Pour d’autres agents, les études sont peu nombreuses et leurs résultats souvent divergents, rendant les conclusions difficiles.

Concernant les malformations génitales, le travail des parents comme agriculteurs a été associé à une augmentation du risque d’hypospade dans une méta-analyse. Une matrice emplois-expositions relative aux substances suspectées d’être des perturbateurs endocriniens a été appliquée dans huit études avec des résultats divergents.

Il est primordial d’améliorer les connaissances sur l’impact des expositions professionnelles sur la fertilité et les anomalies de l’appareil reproducteur de l’enfant à naître. La mise en place d’études prospectives avec une évaluation objective des expositions professionnelles à l’aide de biomarqueurs d’exposition devrait être encouragée.

Fin de citation (passages mis en gras par nos soins)

 

 

Notre-planete.info en retire ceci :

A cela les scientifiques ajoutent le constat de la baisse de la concentration spermatique, d’une augmentation de malformations génitales chez le garçon (cryptorchidies et hypospadias), d’une augmentation des cas de cancers des testicules depuis 20 ans.

Les responsables ? Le BEH pointe également des responsabilités à tous ces problèmes de santé, mises en évidence par de nombreuses études.

–          Une méta-analyse de 91 études, publiées depuis 2000, montre que l’exposition à certains pesticides de type pyréthrénoïdes, carbamates et organophosphorés est liée à un allongement du délai nécessaire pour concevoir.

–          10 études sur 12 étudiants l’exposition aux pesticides font un lien direct avec une anomalie du sperme.

–          Une étude associe le travail des parents comme agriculteur et le risque d’hypospadias…

« Ce travail de l’INVS confirme ce que Générations Futures dénonce depuis des années : les pesticides, et particulièrement ceux qui sont des perturbateurs endocriniens, constituent une menace grave pour la fertilité humaine. » Déclare François Veillerette, Porte Parole de Générations Futures « On ne doit maintenant plus attendre d’avantage pour mettre en oeuvre une vraie exclusion de ces pesticides ayant des effets perturbateurs endocriniens (PE), telle que prévue par l’Annexe II du nouveau Règlement sur les pesticides 1107/2009 CE (2). Le gouvernement français doit s’engager sans plus tarder à agir en ce sens en privilégiant la précaution et la santé humaine.

Fin de citation (passages mis en gras par nos soins)