Bonnes pratiques, Protection de l'applicateur

L’impact des pesticides sur la santé humaine (D Batsch,Thèse de doctorat, Université H Poincaré Nancy)

31 juil. 2012

Pour écrire cette thèse de doctorat en pharmacie principalement orientée sur la santé de l’utilisateur, Dorothée Batsch s’est largement documentée. Malgré quelques imperfections cédant à l’air du temps et probablement dues à la jeunesse de l’auteure, sa thèse peut être citée en exemple pour son aspect « intégré » : le respect de la santé de l’opérateur sera le résultat d’une combinaison d’actions, et non pas de recettes simplistes.

Les imperfections de cette thèse concernent principalement sa description sommaire et imparfaite des agricultures raisonnée, intégrée et biologique.

 

Mais elle fait un tour complet de la question de la sécurité de l’applicateur et surtout de comment l’améliorer. Loin de  se focaliser sur le seul danger intrinsèque des substances, ou sur les équipements de protection individuelle, D Batsch met l’accent sur les facteurs humains, organisationnels, agronomiques, matériel, etc. Elle souligne également l’importance des actions collectives de surveillance et de prévention par exemple par la MSA.

 

La fin de sa conclusion mérite d’être citée :

« Dans tous les cas, il faut continuer la prévention liée à l’utilisation des pesticides, bien  souvent  les  agriculteurs  ne  se  protégeant  pas  suffisamment,  comme  le  montrent  les  enquêtes menées par la MSA et le réseau Phyt’attitude : seul un agriculteur sur deux porte  des gants lors de la préparation de la bouillie et/ou remplissent le matériel, or il s’agit de la  partie du corps la plus exposée. Il faut également encourager le dialogue entre producteurs et  consommateurs :  nombreuses  sont  les  idées  reçues  qu’a  le  consommateur,  et  l’image d’un  agriculteur  en  combinaison  et  en  masque  respiratoire  lors  de  l’épandage  évoque simultanément  celle  du  pollueur,  intoxiquant  en  bout  de  chaine  le  consommateur.  Ce comportement n’incite donc pas l’agriculteur à mieux se protéger. Il est primordial que le consommateur ait conscience qu’il est, entre autres grâce à la législation, le maillon le plus protégé  de  la  chaine.  La  vision  de l’agriculture  est  peut -être  trop  radicale,  aux  yeux  du grand public : soit il s’agit d’un système conventionnel traditionnel utilisant massivement  des  pesticides  (également  en  production  animale  avec  l’utilisation  préventive d’antibiotiques) mais aboutissant à une production standard sans défaut, avec des fruits et légumes en abondance, de grosse taille, et toute l’année, soit on a recours à un système de production biologique, sain, mais donnant des denrées présentant des défaut, des fruits et légumes de petite taille, des produits moins attractifs pour le consommateur. Il est aussi  possible  d’avoir  recours  à  un  système  intermédiaire,  intégrant  l’ensemble  des  pratiques agricoles,  pour  respecter  au  mieux  la  vie  du  sol,  minimiser  la  pollution,  considérer l’écosystème dans son ensemble avec ses bénéfices, mais ne réfutant pas l’idée de soigner les  plantes  lorsqu’aucun  autre  choix  n’est  possible.  Ne  l’oublions  pas,  l’agriculture  est avant  tout  une  activité  économique,  le  niveau  de  récolte  doit  donc  permettre  à l’exploitation d’être viable, ce pourquoi de nombreux agriculteurs refusent le passage en système biologique de peur de voir s’effondrer la qualité des récoltes sous la pression des ravageurs. Notre manière de consommer serait peut être également à repenser : l’obtention de  fruits  et  légumes  gros,  sans tâche, en toute période de l’année, n’est  pas le reflet du cycle de production normal de la nature.

 

Tout  comme  les  médicaments  et  en  particulier  les  antibiotiques,  une  utilisation raisonnée  des  PPP  est  impérative,  des  phénomènes  de  résistance  existant  dans  les  deux domaines.  Tout  comme  l’intégration  des  différentes  médecines  pour  soigner  un  patient (ostéopathie,  phytothérapie,  homéopathie,  médecine  conventionnelle…)  amène  une solution  adaptée  à  chaque  problème  et  une  meilleure  efficacité,  il  semble  logique  de fonctionner de même en agriculture, en considérant l’écosystème dans son ensemble et le sol  comme  un  support  vivant,  en  alternant  techniques  physiques,  méthodes  de  luttes biologiques et chimiques, c’est à dire apporter une solution adaptée à chaque problème.

 

Pourquoi  ne  pas  envisager  un  slogan  disant  « les  pesticides,  c’est pas automatique ! »… »

 

Fin de citation et de la thèse.

Il n’y a plus rien à rajouter…