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Semaine sans pesticides, etc. : Sommes-nous cernés par les pesticides ou par les marchands de peur ?

20 mars 2013

Intox Ces derniers mois, les initiatives d’ONG contre les pesticides se multiplient. Une « semaine sans pesticides » qui vient de commencer, une campagne d’Agir pour l’Environnement, des médecins du Limousin appelant à réduire les pesticides (et nous en oublions certainement) : Tout cela laisserait penser que nous sommes cernés. Mais sommes-nous cernés par les pesticides tueurs ou par les marchands de peurs ?

Le lobby anti-pesticides en campagne :

La Semaine sans pesticides du 20 au 30 mars 2013. 600 initiatives annoncées en France. Des initiatives locales autour de conseils de jardinage et de gestion des espaces verts, ou encore liées à Ecophyto, se rattachent, sans marquage idéologique, à cette opération. Mais les organisateurs y mêlent des projections de films et des conférences militantes anti-pesticides par principe.
La semaine sans pesticides est aussi une opération marketing affichée. Voir « Semaine sans pesticides : une histoire commerciale » (Alerte Environnement).

Un appel de médecins du Limousin a fait le tour des médias ces dernières semaines. Par exemple Médiapart, TF1, Atlantico. Des militants liés à Générations Futures sont à l’origine de cet appel.

Agir pour l’environnement lance une campagne d’envoi de cartes postales aux ministères de l’agriculture et de la santé pour une réduction drastiques de l’usage des pesticides.

La dernière peur que tente d’imposer Générations Futures : les perturbateurs endocriniens. Et de sortir un rapport Exppert1 dénonçant la présence de perturbateurs endocriniens dans les pâtes et dans les produits non-alimentaires.

 

Information et désinformation.

Le public a un besoin légitime : être pleinement informé et « réassuré » sur la question complexe des « pesticides ».

Le lobby anti-pesticide s’appuie sur ce besoin pour distiller un savant mélange de vérités, de demi-vérités et de mensonges.

Certes les pesticides ne sont pas anodins. Ils doivent être utilisés en dernier recours et prudemment. Il est normal que leur vente et leur utilisation soient encadrées par la loi, que les opérateurs soient formés et protégés.

 

Nous devons fermement dénoncer :

1) Le silence sur l’utilité des pesticides pour l’ensemble de la société.
Les agriculteurs n’utilisent pas les pesticides par plaisir. De nombreux parasites attaquent les plantes. Ne pas les protéger signifierait des productions souvent irrégulières, plus chères et de moins bonne qualité.
Les particuliers eux-mêmes utilisent des « pesticides » contre les poux, les puces, les champignons de peau, etc.

2) Les alarmes abusives.
Les experts auto-proclamés du lobby anti-pesticides jouent systématiquement sur la peur. Ils voudraient nous faire croire que le cadre réglementaire actuel est quasi –inexistant, et qu’ils sont des chevaliers blancs prêts à réparer cette négligence. Or les marges de sécurité en matière d’exposition de la population sont extrêmement élevées. La réglementation de l’utilisation des pesticides est stricte et complète.

Mais surtout :

Le lobby anti-pesticides passe sciemment sous silence les progrès et les actions déjà mis en place, souvent depuis de nombreuses années : améliorations matérielles, bonnes pratiques, certification des utilisateurs, campagnes de sensibilisation. Les résultats en sont d’ailleurs concrètement mesurables : amélioration globale de la qualité des eaux, amélioration des contrôles nationaux et européens de résidus de pesticides dans l’alimentation (voir « Rapport de l’EFSA sur les résidus (suite) : une situation satisfaisante ET en progrès ».

Le lobby anti-pesticides demande des nouvelles réglementations… qui existent déjà ! Interdiction de 70 % des substances en 10 ans,
interdiction de pulvériser des pesticides aux abords des fossés et des points d’eau,
dispositions particulières pour les zones fréquentées par le grand public,
interdiction de la vente aux particuliers de la plupart des pesticides…

Le lobby anti-pesticides fait des propositions contraires au bon sens, voire contre-productives.
Demander par exemple l’interdiction des « produits de synthèse » en zone urbaine, c’est oublier que des interventions peuvent être nécessaires
pour des raisons de santé publique (leptospirose transmise par les rats, chenilles processionnaires urticantes dans les arbres d’alignement etc.), pour préserver des arbres précieux face à des attaques d’insectes ou de champignons, ou pour garantir la sécurité des automobilistes (désherbage des abords routiers…).
C’est oublier qu’il n’y a pas lieu d’opposer les produits de synthèse et les produits naturels
, dont certains peuvent avoir un classement toxicologique plus lourd.

 

Des professionnels exaspérés

Logo CSLFLF Dans son communiqué de presse « Protection des plantes : sortir de la caricature », le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France exprime le sentiment d’exaspération qui gagne les producteurs. Pour eux, « Certaines associations écologistes sont rentrées dans une surenchère de communication pour promouvoir une agriculture « sans pesticides », totalement imaginaire. Les producteurs de fruits et légumes bio et conventionnels rappellent que c’est sur le terrain que s’élaborent les vraies solutions alternatives et complémentaires à l’usage des produits phytosanitaires. »

« Contrairement à ce qu’essayent de nous faire croire certaines associations écologistes déconnectées du terrain, ces techniques biologiques sont utilisées par la plupart des producteurs », précise Bernard Géry, maraicher et porte-parole du Collectif Sauvons les fruits et légumes de France. « C’est sur chaque exploitation qu’elles s’élaborent avec toutes les connaissances disponibles à ce jour en France et en Europe. Je n’ai pas vu pour l’instant d’association écologiste débarquer sur une exploitation et nous proposer une solution alternative pertinente ! Mais nous les attendons avec impatience ! »
Quelques médias ont repris l’information. Par exemple Enviro2B, Lyon-agenda. Mais si peu par rapport au rouleau compresseur du lobby anti-pesticides. Il est plus facile pour les médias de relayer un message de peur…

Non les pesticides ne sont pas anodins.
Oui, ils doivent être régulés, des précautions prises, les bonnes pratiques promues, des surveillances exercées, etc.
Mais, il serait temps que les pouvoirs publics et les médias fassent un peu plus de place à de l’argumentation s’appuyant sur des faits avérés et sur de l’expertise scientifique.
Et que cessent l’inflation verbale des marchands de peur et les caricatures.