Divers, Veille sociétale

« La science citoyenne, cette fumisterie » (Jérôme Quirant, Rue89)

07 août 2013

Sous ce titre, Jérôme Quirant, enseignant-chercheur et collaborateur à l’AFIS (Association Française pour l’Information Scientifique) lance un coup de gueule salutaire et rafraîchissant sur le site de Rue89.

 

Il se dit « sidéré par les similitudes entre le mouvement conspirationniste autour du 11 septembre et ceux agissant dans bien d’autres domaines (OGM, nucléaire, etc.) :
– des associations se revendiquant « citoyennes »,
– des pétitions,
– des actions médiatiques,
– la dénonciation d’un complot dont ils seraient les uniques pourfendeurs,
– le souhait d’organiser des débats publics,
– le vide en matière d’argumentation scientifique. »

Parmi les domaines touchés par ce phénomène, il aurait également pu citer la protection des plantes et les pesticides honnis…

Pourtant, comme il l’écrit : « nul besoin d’associations « citoyennes » pour démontrer le théorème de Pythagore. Il n’existe pas plus de science citoyenne que prolétarienne ou bourgeoise, mais une démarche scientifique qui permet d’expliquer notre monde et de proposer des solutions techniques pour améliorer notre quotidien. »

Il analyse de façon détaillé comment et pourquoi :
– Les collectifs « indépendants » le sont… surtout de toute démarche scientifique sérieuse
– La science ne sort pas forcément victorieuse des « débats publics » sur les sujets sensibles
– Le savoir académique est devenu inaudible

Sa conclusion :
« Sous prétexte de principe de précaution, nous en sommes arrivés à ne plus rien faire du tout, et même à régresser. De façon paradoxale, alors que la gauche a été porteuse des progrès considérables que nous avons connus au XXe siècle, elle est aujourd’hui en prise avec les pires obscurantismes contemporains.
Il serait temps d’en prendre conscience avant de percuter le mur vers lequel nous avançons à vive allure.
Et surtout de relancer la recherche en France, seule façon pour les « citoyens » français de subsister encore au XXIe siècle.
Dans les années 70, on disait qu’en France on n’avait pas de pétrole, mais des idées. Aujourd’hui, le paradigme s’inverse : il semblerait qu’on ait du gaz de schistes (à vérifier) mais qu’on soit en panne d’idées… »

La lecture de l’intégralité de l’article vaut la peine. Ainsi que celle des commentaires, en tous cas les 14 sélectionnés parmi les 772 postés (!) le 07 aout 2013.