Europe et international, Union Européenne

L’EFSA « disculpe »-t-elle les pesticides ?

23 oct. 2013

Logo EFSA L’EFSA[1] vient de publier un rapport passant en revue toutes les études scientifiques depuis 2006 sur les liens entre pesticides et santé. Un lien statistique existe entre pesticides et leucémies infantiles et maladie de Parkinson. Mais pour les autres maladies étudiées, l’EFSA pointe surtout les faiblesses méthodologiques des études existantes. Et donc l’impossibilité de trancher dans l’état actuel des connaissances.

L’EFSA n’est pas surprise, car d’autres études antérieures ont déjà montré un manque général de fiabilité des études sur le sujet, généralement par manque de données valides sur l’évaluation de l’exposition.
Sans se prononcer sur la réalité des liens, l’EFSA souligne cependant la nécessité de poursuivre des études en ce qui concerne la perturbation endocrinienne, l’asthme, les allergies, le diabète et l’obésité.

L’EFSA note enfin que des progrès significatif en matière de mesure de l’exposition, par exemple par des marqueurs biologiques, permettront de faire des études plus pertinentes à l’avenir.

Des ONG très promptes à dénoncer

Que l’EFSA ne pointe pas les pesticides aussi clairement qu’ils le souhaiteraient : il n’en fallait pas plus pour que les ONG hostiles par principe et des médias pro-environnementalistes dénoncent le rapport de l’EFSA.

Pour eux, il y a visiblement les bons rapports : ceux qui, comme celui de l’INSERM[2] en juin 2013, leur permettent de tirer des signaux alarmistes. Et les mauvais rapports : ceux à partir desquels ils sont contraints de constater que la réalité n’est pas forcément aussi noire qu’ils le voudraient
Voir par exemple :
« L’Europe disculpe les pesticides » (Le Nouvel Observateur),
« Pesticides: une nouvelle étude de l’EFSA à contre-courant de toute la science » (Générations Futures)

L’angle d’attaque principal de ces articles : les conflits d’intérêt à l’EFSA. Une lecture un peu sérieuse du rapport ne permet pas d’étayer cette accusation récurrente, qui commence à perdre de sa crédibilité…

Ils attaquent aussi l’EFSA pour avoir écarté un trop grand nombre d’études comme « faibles ». Mais, même si l’EFSA ne l’évoque pas, parce que le sujet pesticides est un enjeu sociétal, un grand nombre d’études ont des motifs plus militants que scientifiques. Et souffrent des mêmes maux que la trop fameuse étude de Séralini sur les OGM (voir ici et ici sur ForumPhyto) : pour trouver ce que l’on veut trouver, tordre les données plutôt que de les questionner.

Des médias plus équilibrés

Mais certains médias offrent une autre lecture du rapport de l’EFSA

Alerte Environnement titre « Les bonnes études et les mauvaises études selon les écolos » et dénonce la stratégie de diabolisation de la part des écolos : « Cette stratégie repose sur une sur-interprétation d’extraits de communiqués de presse et sur un travestissement des résultats par simplification.  Peu importe, l’important est d’installer dans les esprits et l’espace médiatique l’idée que la nuance n’existe pas »

Habituellement sensible aux thèses environnementalistes, Actu-Environnement titre « Lien entre pesticides et santé : l’Efsa reste prudente mais… » et publie un article équilibré examinant le rapport de l’EFSA sur le fond.

Non : l’EFSA ne « disculpe » pas les pesticides. Elle ne les accable pas non plus, comme le font certains par principe…

 Pour aller plus loin :
Lire le communiqué et le rapport (2MO) (all in English) de l’EFSA, ainsi que le tableau d’analyse des études examinées (tableau excel, 8MO)


[1] Agence Européenne de Sécurité des Aliments

[2] Institut national de la santé et de la recherche médicale