Europe et international, Union Européenne

Faut-il un scientifique en chef à la Commission Européenne ?

20 août 2014

LogoDrapeauUE Des ONG environnementalistes demandent la suppression du poste de conseiller scientifique de la Commission européenne. Le monde scientifique réagit.

L’offensive des ONG environnementalistes

Selon un communiqué de l’AFP (repris par Libération, Boursorama, etc.), ces ONG dénoncent « le risque de pensée unique scientifique ». Selon elles, maintenir cette fonction « n’est pas le meilleur moyen pour la Commission de garantir l’élaboration de politiques publiques informées par des données scientifiques probantes […] Les lobbyistes de l’industrie ont compris depuis longtemps que plus l’avis scientifique est concentré dans les mains d’une seule personne, et plus il est facile de la contrôler […] Il paraît difficile avec un seul CSC […] de garantir le principe d’un avis scientifique indépendant, objectif et transparent »

Parce qu’elle n’est pas hostile par principe aux OGM, Anne Glover, actuelle conseiller scientifique de l’UE, est contestée par ces ONG, qui veulent également profiter politiquement de l’arrivée  de Jean-Claude Juncker, défavorable aux OGM, à la présidence de la Commission Européenne.

Mais l’offensive de ces ONG a aussi pour but revendiqué d’influencer les décisions européennes en matière de pesticides (en ce qui concerne les critères d’exclusion) et de perturbateurs endocriniens.

Les réactions scientifiques

De nombreux scientifiques ont réagi. Pour eux, « Les écologistes politiques apprécient la science … quand elle confirme leur point de vue. Quand elle les contredit, plutôt que de changer d’opinion, ils tentent souvent de changer la science »… et de chasser les scientifiques de leur poste. Ils notent d’ailleurs que les ONG environnementalistes expriment ouvertement que leur critique vient essentiellement de leur désaccord avec Anne Glover , qui ne fait que réitérer l’avis « des académies scientifiques d’Afrique, d’Europe et d’ailleurs, l’Organisation Mondiale de la Santé et la Société Américaine pour l’Avancement de la Science » : « Les OGMs ne sont pas plus risqués que les techniques conventionnelles de sélection »

Voir les articles mentionnant ces réactions de scientifiques :
– « M Juncker, ne rejetez pas la science ! » (en français, in English) sur Euractiv. Cet article contient la lettre de Marcel Kuntz (CNRS) et John Davison (ex-INRA).
– La lettre de l’Organisation Européenne de la science des plantes (EPSO) (in English) à JC Juncker. L’EPSO regroupe 227 organisations de recherche publique et universités de 31 pays (dont 28 en Europe)
– « Guerre de lettres autour de l’appel à supprimer le rôle de conseiller scientifique de l’UE » (in English) sur The Guardian.
« L’avis scientifique documenté est indispensable en Europe » (in English) sur Sense about science. Cet article contient la lettre de scientifiques européens (40 organisations et 773 individus) adressée à JC Juncker et l’appelant à maintenir le poste de Conseiller scientifique en chef.

On pourrait rajouter que la vérité scientifique ne résulte pas d’un processus démocratique, lequel est politique par essence.
Qu’on soit politiquement hostile « aux OGM, aux pesticides et aux perturbateurs endocriniens » est une chose : Les opinions de chacun peuvent être guidées par des préoccupations sociétales, économiques, morales, etc. Mais décider politiquement de la vérité scientifique est une confusion des genres, et ne peut que mener à des décisions aberrantes.