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Perturbateurs endocriniens : un débat sous influence ?

09 oct. 2015

LogoDrapeauUE Dans « Union Européenne : Les ONG sont-elles vraiment indépendantes ? », nous avions déjà évoqué le financement par l’UE d’ONGs pour des actions interférant directement avec le processus décisionnel de l’UE, en particulier sur le dossier néonicotinoïdes.

Mais les ONG européennes font aussi appel à des fondations… américaines.

Par exemple, Oak Foundation, une fondation US, finance l’action « European Environment and Health Initiative » (EEHI) menée par Jenifer Altman Foundation (JAF), également fondation US, pour un total de 6 millions de $ (5.5 M€) entre 2011 et 2017 avec le but affiché suivant : « Le renforcement de l’engagement de la société civile pour améliorer les politiques de l’UE sur les substances perturbatrices endocriniennes (PE). Malgré un usage répandu des PE et la preuve de dangers pour la santé, l’UE n’a pas encore réglementé convenablement ces substances. Dans les trois prochaines années, des décisions cruciales seront prises dans différents cadres législatifs sur le niveau de maîtrise à introduire. Ce projet a pour but d’encourager les décisionnaires de l’UE à adopter une approche complète et protectrice de réglementation des PE. » (voir ici (période 2011-2014) et ici (période 2014-2017) all in English)
EEHI finance ensuite des organisations européennes telles que le BEUC (ONG européenne de consommateurs), ChemTrust (ONG contre les « produits chimiques dangereux » basée au Royaume-Uni), Générations Futures et Réseau Environnement Santé (ONGs françaises anti-pesticides), WECF (Femmes en Europe pour un Futur Commun)… (chacune des pages indiquées ici mentionne explicitement le soutien du EEHI)
Il faut donc comprendre que deux fondations américaines, administrées à partir des USA, à travers le financement d’ONG environnementalistes, financent clairement des actions destinées à influencer les décisions politiques de l’UE.

Oak Foundation se félicite d’ailleurs sur son site (voir ici, in English) du succès de son action : « Grâce à ce travail [d’EEHI], le sujet des perturbateurs endocriniens, en tant que préoccupation environnementale et de santé, a été fermement replacé dans le calendrier européen »
Oak Foundation a également financé entre 2009 et 2011 un projet de Brunel University (Royaume-Uni) pour « identifier les obstacles et les manques en matière de pratiques et de réglementation sur les perturbateurs endocriniens » (voir ici in English). Ce projet était dirigé par Andreas Kortenkamp, qui a également rédigé une étude pour la DG environnement de l’Union Européenne, publiée en 2012, sur les perturbateurs endocriniens (voir ici sur ForumPhyto). Cette étude a fortement influencé le processus réglementaire toujours en cours.

Les ONGs se présentent habituellement comme des chevaliers blancs, libres de toute influence. En fait, elles dépendent dans leur fonctionnement de millions d’€ versés soit par l’UE, soit par des fondations privées, soit les deux.
La politique européenne des « bons » et des « méchants » selon l’expression de David Zaruk, The Risk Monger (voir ici sur ForumPhyto) a un impact pervers sur le processus réglementaire de l’UE. Elle devrait cesser.