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Les pesticides, une drogue addictive de l’agriculture européenne ?

14 oct. 2015

Sous le titre complet « L’Europe accro aux pesticides. Comment l’agriculture industrielle endommage notre environnement » (en français, in English), Greenpeace (GP) récidive. Après son rapport empoisonné (voir ici) ciblé sur les pommes, GP publie un rapport plus général. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ?

Le contenu du rapport de Greenpeace

La situation est catastrophique : les pesticides attaquent l’environnement, les agriculteurs et la population ; Les pesticides sont incapables de faire la différence entre les amis et les ennemis des plantes ; L’utilisation des pesticides mène à « la réduction des ressources alimentaires » (sic) ; La réglementation européenne est « manifestement inefficace » à protéger consommateurs et environnement.

Bref, le tableau dressé par GP est noir, tout noir, seulement noir. Les agriculteurs doivent vraiment être stupides pour continuer à utiliser les pesticides.

Pourquoi ?

Pour ne pas affronter directement les producteurs que GP dit soutenir dans leur effort à nourrir la population, GP affiche un autre diagnostic : les producteurs sont accros, ce sont donc des victimes consentantes, comme les fumeurs, les alcooliques ou les drogués aux autres drogues dures. C’est à peine moins humiliant, mais tout aussi faux.

Avec un tel diagnostic, GP veut faire oublier trois points fondamentaux :
Les pesticides sont aussi utiles et bénéfiques pour toute la société. Ils sont certes dangereux. Personne ne le nie. Il faut donc prendre des précautions. C’est ce que prévoit la réglementation. Et c’est ce que les producteurs mettent en œuvre tous les jours.
Les pesticides évoluent continument. D’années en années, les pesticides sont, à la fois, plus sûrs et employés à des doses plus faibles. Voir ici sur ForumPhyto.
A chaque fois qu’une solution préventive, d’impact moindre et/ou de biocontrôle montre son efficacité, les producteurs l’adoptent rapidement. C’est le cas de la protection biologique intégrée en serres, de la confusion sexuelle dans les vergers, des trichogrammes en maïs, etc.

Pourquoi maintenant ?

Mi-novembre 2015, GP participe à un symposium co-organisé avec IBMA (1), OILB (2), et PAN Europe (3) intitulé « Nourrir l’Europe en réduisant la dépendance aux pesticides ». Ce symposium pourra donc prendre pour base de travail le rapport empoisonné de juin 2015 et ce nouveau rapport qui est visiblement taillé sur mesure pour l’occasion.
Dans « Greenpeace veut faire taire les arboriculteurs », ForumPhyto montre comment GP tente d’empêcher Daniel Sauvaitre, président de l’ANPP (4) et de WAPA, d’exprimer le point de vue des producteurs concernant leurs pratiques et l’adoption de méthodes alternatives. Ce faisant, GP dévoile clairement son jeu : En fait le but de GP est de faire parler de son organisation en semant la peur et ainsi de recruter des cotisants. Il n’est pas le développement de solutions alternatives ou complémentaires.

Des médias une nouvelle fois serviles ?

La presse rend compte du rapport de GP, généralement une nouvelle fois sans distance. Par exemple : 20 minutes, La France Agricole. Il faut bien sûr attendre quelques jours avant de voir arriver quelques critiques. Cette servilité des médias est en partie la conséquence de la dictature de l’immédiateté qu’impose Internet aujourd’hui. Elle n’en est pas moins désolante…

Notre conclusion

Les agriculteurs ne sont pas des drogués. Ils utilisent les pesticides aussi peu que possible, mais autant que nécessaire. Ils adoptent des solutions préventives, plus sûres et/ou de biocontrôle dès qu’elles sont disponibles. Bien sûr, les pratiques peuvent et doivent toujours être améliorées. Mais ce n’est certes pas la stratégie de tension de GP qui les détournera de leur devoir.
L’opération de communication (car il ne s’agit de rien d’autre) de GP doit être dénoncée comme telle. Les médias finiront peut-être par se lasser de ces annonces apocalyptiques injustifiées et injustifiables…

(1) International Biocontrol Manufacturers Association
(2) Organisation Internationale pour la lutte Biologique
(3) Pesticide Action Network Europe, ONG dont Générations Futures est la branche française
(4) Association Nationale des Producteurs de pommes et de poires
(5) Association mondiale des producteurs de pommes et poires