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Sciences « participatives » ou détournement de la science (séries d’articles de Marcel Kuntz, CNRS)

20 déc. 2015

Marcel Kuntz, chercheur au CNRS, a longtemps travaillé sur les OGM. Il a de plus, sur son blog ou dans d’autres tribunes critiqué les agissements des anti-OGM les plus virulents. Plus largement, il a aussi écrit des critiques argumentées des pseudo-sciences : sciences « citoyennes », « alternatives », ou se présentant comme « participatives », mais en fait captive. Toutes ces formes de pseudo-sciences permettent en fait de justifier une attitude post-moderniste et « relativiste[1] ». Dans le cas des OGM, ces positions permettent de donner une apparence scientifique à des arguments fondamentalement non-scientifiques.

Quelques articles permettent de se faire une idée des arguments de Marcel Kuntz :

« Sciences « participatives » : plus de science ou détournement de la science ? » sur Science et pseudo-sciences, revue de l’AFIS (Association Française pour l’Information Scientifique). « L’ajout d’un adjectif au mot science peut être trompeur et favoriser des entreprises qui ne se fixent pas les objectifs de développement de la connaissance scientifique. »

« Démocratie et société de la connaissance » sur Science et pseudo-sciences. Il s’agit de la critique d’un livre qui fait la part trop belle au post-modernisme en science

« Sciences « participatives » ou sciences captives ? » sur le blog de Marcel Kuntz, OGM : environnement, santé et politique. « La participation de non-professionnels à des projets scientifiques n’est pas nouvelle ». C’est même utile, par exemple, pour collecter massivement des données. Mais « Derrière le terme « sciences participatives », il faut distinguer les démarches qui visent à plus de science de celles qui veulent une autre science. Le problème est, ici, que la ruse des secondes est de se mêler aux premières – qui servent de cautions. [Il y a danger] lorsque la science participative est justifiée par de prétendues lacunes du savoir scientifique pour appréhender les « incertitudes » (souvent politiquement construites) au sujet des nouvelles technologies honnies par certains. »

« La recherche publique est-elle atteinte du syndrome de Stockholm ? » sur son blog OGM : environnement, santé et politique. Le syndrome de Stockholm est « un aménagement psychologique qui voient les victimes se solidariser avec leurs agresseurs, et même s’identifier à eux. » Des cas concrets montrent, hélas, que ce n’est pas une exagération.

Toutes ces analyses montrent l’étendue de la difficulté à laquelle fait face aujourd’hui la vraie science quand elle est prise en otage dans un débat sociétal. Elles peuvent aussi contribuer à mieux surmonter ces difficultés, en faisant prendre aux décisionnaires politiques et à l’ensemble de la société que les marchands de peur n’ont pas toujours raison.

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[1] En science, le relativisme est une philosophie qui soutient que la vérité scientifique n’est que « relative », vraie dans un certain contexte, fausse dans un autre contexte ou un autre système de pensée.