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Les fermes urbaines : réelle perspective ou utopie bobo ?

04 janv. 2017

Sous le titre en bonne partie trompeur de « L’absurdité du « sans pesticides » », Alerte Environnement, partant d’un article du Monde, se demande comment les populations urbaines vont réagir face aux fermes urbaines complètement hors-sol, concurrente des AMAP, sans terre, sans soleil, sans « terroir ». C’est surtout le commentaire d’Alzine qui suit l’article qui mérite attention : il y fait une analyse critique argumentée.
Il doute du « marché potentiel énorme » d’un tel type de production. Pour plusieurs raisons :

Une production artificielle poussé à l’extrême : « On notera que l’on peut faire exactement la même chose avec des volailles, c’est justement le mode d’élevage dénoncé par la presse bobo qui dénonçait aussi le hors sol sur laine de verre ( plus sain que la fibre de coco pour les maladies végétales), mais avec soleil naturel. Nous sommes ici dans la logique du meilleur des mondes. c’est l’artificiel poussé à l’extrême. »

Une production coûteuse : « Si le système était si efficace et permettait de produire à un prix raisonnable, les chinois et leurs gigantesques cités ou les indiens auraient largement développé le concept et ne feraient pas l’acquisition de terres ailleurs dans le monde »

Une production probablement pas durable « sans pesticides » : L’asepsie fonctionne dans un système neuf, mais « rapidement quelques spores de maladies ou des bactéries vont entrer » Sans compter les pollutions urbaines, réelles celles-là : « HAP, benzène, divers Cov… », « que l’on ne sait pas filtrer à un prix acceptable »


Conclusion d’Alzine
 : « Mais l’important reste de vendre le concept, de trouver des investisseurs naïfs, les pouvoirs publics par exemple et de les tondre ensuite le système montrera ses limites dans sa phase de développement mais trop tard pour les investisseurs extérieurs. »

On peut contester en partie cette analyse. Pour des productions ultra-fraîches, à valeur ajoutée élevée, il n’est pas impossible que le surcoût soit compensé par des économies de logistique pour des circuits courts (donc dans une niche) et par une vraie fraîcheur.
Mais il est évident que ce n’est pas cette agriculture qui nourrira demain les villes, qui les fournira en aliments de base de façon sûre, constante et économique.

Mise à jour du 05 janvier 2017 :
A la lecture de notre article, un lecteur a réagi sur notre page Facebook. Partageant globalement son point de vue, nous le reproduisons ci-après :
« Les fermes urbaines, ce n’est pas absurde, cultiver sans agresseurs pour les plantes c’est notre rêve à tous. Réduire le temps de transport est aussi une très bonne idée. La question du prix des installations impose des végétaux à cycle très court pour monter le rendement, d’où les études nombreuses pour avoir des blitz-végétaux avec quand même des propriétés alimentaires… qui ne sont pas que de l’eau. Effectivement ce qui fait la valeur alimentaire de pas mal de végétaux c’est justement ce qu’ils déploient pour lutter contre leurs agresseurs…
L’urban farming est une tendance lourde, les japonais sont opérationnels. Ils ont de l’avance avec leur navets-feuilles, les chou-salades, moutardes salades et leur épinards rapides si consommés. Leur gros problème est de faire des plantes qui ne demandent pas beaucoup de lumière.
Et … les japonais exigeants n’en veulent pas (d’une part ils ont la culture de la saisonnalité, d’autre part dehors avec le nyctémère c’est tout différent, les légumes ont du gout).
ça va se faire, c’est une offre alternative crédible (je ne sais pas si ce sera en bio, les fertilisants doivent être précis et stériles) mais ce ne seront pas les verdures qu’on a aime. Finies les grosses laitues croquantes… »

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