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Les Chambres d’Agriculture sous l’œil de la Cour des Comptes

14 févr. 2017

Une partie du rapport 2017 de la Cour des comptes est consacrée aux Chambres d’Agriculture. Malgré la reconnaissance de son rôle utile à « la mise en œuvre de la politique agricole et à l’accompagnement des agriculteurs dans un contexte de mutation profonde », la Cour constate des faiblesses importantes : restructuration insuffisante pour « s’inscrire dans le fait régional », manque de stratégie commune, « maîtrise insuffisante des charges, au premier rang desquelles la masse salariale ». Ses recommandations visent à corriger ces faiblesses.

Sous le titre « Le milliard des Chambres d’Agriculture », l’IFRAP, think tank dédié aux politiques publiques, accentue encore le côté négatif de l’avis de la Cour des comptes, et insiste sur le décalage sur le long terme entre la forte baisse de la population agricole et une certaine hausse des effectifs des secteurs publics et para-publics agricoles (dont Chambres, mais aussi ministère et Safer)

Il faut rappeler que, bien que pilotées par des élus professionnels, les Chambres d’Agriculture ne sont pas des organisations professionnelles mais des établissements publics, au même titre que les Chambres de commerce et des métiers.
Nombre des faiblesses décrites par le rapport de la Cour des comptes sont des conséquences des choix politiques des gouvernements successifs. Les pouvoirs publics ont orienté le conseil technique délivré par les Chambres dans un esprit dominé par le Grenelle de l’Environnement, Ecophyto 1, puis 2, et l’agroécologie, avec de gros moyens. Or, si l’agriculture se doit de respecter l’environnement et d’être durable, ces politiques en mettant l’accent sur le volume des pesticides utilisés, entretiennent inutilement la paranoïa de l’opinion publique sur les « pesticides ». Des politiques plus concrètes, plus centrées sur la balance bénéfices/risques, basées sur la science agronomique, mais aussi plus orientées sur la compétitivité, auraient plus de portée auprès des producteurs et accroîtraient l’efficacité des Chambres d’agriculture.
Le rapport mentionne au passage la ponction opérée par les pouvoirs publics sur les fonds de roulement des chambres d’agriculture, ce qui « a contribué depuis à réduire fortement leur montant et celui de la trésorerie ». Cela mériterait une analyse plus profonde sur le rôle de l’Etat dans les difficultés actuelles des Chambres…
Plus encore sur la question phytosanitaire que sur de nombreux sujets, les Chambres d’agriculture sont en fait tiraillées. D’un côté leurs représentants professionnels ont une lecture critique, positive, raisonnée et raisonnable mais critique, des politiques mises en œuvre par les pouvoirs publics. D’un autre côté, du fait de leur rôle consulaire, les chambres sont tenues de mettre en œuvre ces politiques. Et d’y mettre les moyens humains et financiers.
Il faut rajouter que les pouvoirs publics financent en parallèle et pour le même objectif contestable, d’autres organisations (CIVAM, CETA, etc.).

La gestion des Chambres d’agriculture n’est sans doute pas parfaite. Elle peut et doit être améliorée. Mais il ne faut pas se tromper, ni sur l’identité des responsables, ni sur les corrections à apporter.

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