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La com-intox de Générations Futures : en pleurer ou en rire ?

23 févr. 2017

Volonté de peser sur le débat réglementaire européen oblige, les rapports Exppert de Générations Futures (GF), censés montrer les dangers des perturbateurs endocriniens, se succèdent. Avec une argumentation qui s’approche inexorablement du pitoyable. Pour le dernier en date, Exppert 9, GF a obtenu la complicité de personnalités écologistes[1] pour des analyses de cheveux.

Voir « Exposition aux perturbateurs endocriniens : 7 personnalités du monde de l’écologie font analyser leurs cheveux » sur le site de GF.

Quelques médias se sont prêtés à l’opération médiatique sans pratiquement aucun recul. Par exemple :
« Bové, Jadot, Hulot… Des perturbateurs endocriniens plein la tête », (Le Monde)
« Générations Futures a testé le taux de perturbateurs endocriniens dans les cheveux de personnalités écologistes » (Libération)
« Perturbateurs endocriniens dans les cheveux de personnalités écologistes » (Le Parisien).
« Même les écolos n’échappent pas aux perturbateurs endocriniens » (France TV Info)

Pourtant la ficelle est grosse ! Et visiblement le public commence à ne pas être dupe. Par exemple, les commentaires sur le site de France TV Info relèvent plus du sarcasme que de la panique…
Dans « Générations Futures prend en otage l’opinion », le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France (CSLFLF) dénonce quelques affirmations sans fondement, voire mensongères :
– La liste qualifiée de Perturbateurs Endocriniens s’appuie sur une base militante d’origine américaine, non reconnue par la communauté scientifique.
– La plupart des substances sont en fait non détectées, ou en dessous du niveau de quantification
– Les substances se retrouvant en « plus grande » quantité sont des substances de faible toxicité, d’usage médical ou vétérinaire.
– Il manque la recherche de substances unanimement reconnues comme dangereuses : tabac, stupéfiants, alcool, etc.
En conclusion, le CSLFLF demande que, comme le BfR en Allemagne, l’ANSES, agence de sécurité officielle en France, prenne fortement position « sur ces pseudo-enquêtes sans aucun fondement scientifique et qui trompent le grand public »

Mais mieux vaut sans doute en rire qu’en pleurer, comme sur la page Facebook d’un Monde Riant qui porte un jugement sévère mais juste : « Méthodologie ridicule, additions grotesques des doses de « poisons » trouvés, quantité de graphiques inutiles, aucune différence entre PE « avérés » et « suspectés » (à l’aide d’une liste de référence non communiquée, mais si c’est la même que la dernière fois, c’est même pas la peine). […] à ce rythme-là, c’est [leur niveau de ridicule] qui risque de les tuer en premier »

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Mise à jour du 27 février 2017:
Dans « Générations Futures : jusqu’à quand allons-nous les laisser nous empoisonner l’existence?« , Seppi entre plus dans le détail d’une part du débat politique (« Les activistes sont en tenue de combat et ont sorti les armes lourdes » face à l’atermoiement de la Commission Européenne) et, d’autre part du « débat » scientifique (ou plutôt de l’absurdité des arguments avancés par GF). A lire pour ceux qui veulent aller plus loin.

[1] Yann Arthus-Bertrand, Isabelle Autissier, Delphine Batho, José Bové, Nicolas Hulot, Yannick Jadot et Mare-Monique Robin.