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Glyphosate : un « marchandage » politique dangereux

23 mai 2017

Tenant compte de l’avis de l’EFSA, mais cherchant à avoir l’accord le plus large, la Commission a proposé le renouvellement de l’autorisation du glyphosate pour 10 ans (au lieu de 15 comme normalement). Mais politique politicienne et pression du lobby environnementaliste aidant, l’issue du débat réglementaire reste incertaine. Les agriculteurs doivent rester mobilisés.

Dans « Glyphosate : vers un renouvellement de 10 ans ? vigilance ! », nous avons déjà évoqué l’ambiguïté de la proposition de la Commission. Même si elle propose un renouvellement, cette proposition est loin d’éclaircir l’horizon : limitation à 10 ans, rappel des homologations nationales, hostilité d’une partie du Parlement Européen, nécessité d’une majorité qualifiée, pas évidente, pour la décision finale.

« Pas de quoi se réjouir » (Seppi)

Dans « Glyphosate en Europe : pas de quoi se réjouir », Seppi fait le même constat de façon beaucoup plus précise et argumentée que nous ne l’avions fait.
– « Que [la Commission] propose dix ans – et non quinze comme elle l’avait fait initialement – représente un repli, un début de capitulation. Elle semble aussi chercher un accord le plus large possible – lire : refuser, au moins à ce stade, d’endosser une décision qui sera impopulaire. »
– « La Commission manie aussi l’argument stupide que chaque État membre garde le droit d’autoriser ou non l’utilisation de pesticides à base de glyphosate sur son territoire. […] [Cet argument] revient à un démantèlement – par la Commission elle-même – du concept de l’Union Européenne. C’est : qu’importe ce que dit Bruxelles, chaque capitale fait ce qu’elle veut, selon son bon plaisir.
– Il y a déjà eu des « marchandages au Parlement Européen en avril 2016 ». Il y en aura d’autres
– « La Commission a déjà cédé l’été dernier en demandant aux États membres, notamment, de ne pas autoriser de produits formulés contenant de la POEA. »
– « Et il y a la « fameuse » initiative citoyenne européenne « Stop glyphosate » ».

Dans son article Seppi développe tous ces points de façon très argumentée.
Il constate de plus que la nécessité d’obtenir une majorité « qualifiée » (et non pas simple) bloque les décisions et permet aux Etats Membres, en s’abstenant, de laisser la Commission « prendre les coups » et affronter l’opinion publique savamment chauffée par le lobby environnementaliste. La France de Ségolène Royal s’était abstenue. « La France de M. Nicolas Hulot prendra-t-elle une position différente ? Les paris sont ouverts… »

Les agriculteurs doivent réagir

Sa conclusion est on ne peut plus claire : « Les agriculteurs doivent réagir » : « les agriculteurs et les autres utilisateurs du glyphosate se doivent d’être présents dans l’arène politique et médiatique. M. David Zaruck a écrit : « S’en remettre à des décideurs pour faire prévaloir le bon sens ou au Copa-Cogeca pour se défendre n’est pas une stratégie efficace. » »

Seppi reprend alors la conclusion de notre précédent article « Le monde agricole ne doit donc surtout pas relâcher d’effort pour expliquer et s’expliquer. Le glyphosate n’est pas le diable. Il est dans le domaine public et bon marché. Le laisser sur le marché, ce n’est pas être pro-Monsanto ! »
Mais le rectifie fort justement : « Nous pensons que le monde agricole français doit – non pas ne pas relâcher – mais faire l’effort. »
Les agriculteurs, en particulier en France, doivent être plus présents dans le débat sociétal autour de l’agriculture.

A lire dans son intégralité

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Ci-après un exemple de prise de parole sur les réseaux sociaux par Thierry, agriculteur d’aujourd’hui.