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Glyphosate : toujours la tête de turc des environnementalistes

18 sept. 2017

A l’approche de la décision finale de l’UE sur le glyphosate qui doit intervenir avant la fin de l’année, les environnementalistes font feu de tout bois pour tenter d’y faire barrage. Deux tentatives à titre d’exemple.

Du glyphosate au petit déjeuner ?

Générations Futures (GF), organisation anti-pesticides par principe, reprend sa recette habituelle : un « rapport » aux allures approximativement scientifiques, porté par un savoir-faire médiatique… et  la bienveillance paresseuse de beaucoup des principaux médias.

On trouve donc des traces de glyphosate dans des céréales du petit déjeuner !
Lire le communiqué de presse de Générations Futures (GF) et le rapport complet. La communication de GF a abondamment été reprise par les principaux médias sans aucun recul. Voir par exemple « Glyphosate : des traces de l’herbicide trouvées dans des produits de consommation courante » (FranceTVInfo). Ou « Glyphosate, l’ennemi du petit déjeuner » (Libération)

Pourtant, de l’aveu même de GF rien de surprenant :
Le rapport cible des aliments ayant la plus grande probabilité de présence de résidus…
Ni d’inquiétant :
Près de la moitié des aliments testés ne contiennent pas de résidus de glyphosate
Les autres en contiennent à des niveaux très inférieur à la LMR (limite maximale de résidus) très protectrice.

Comme l’écrit Agriculture et Environnement dans un tweet , le rapport de Générations Futures est plutôt rassurant :

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Même constat de la part d’Alerte Environnement : « L’intox vient de Générations Futures, pas des aliments », qui conclut « Reste un grand mystère : comment les médias reprennent les conclusions alarmantes de Générations Futures, alors que, chaque fois, les chiffres d’analyse présentés par Veillerette sont rassurants. »
Dans « Zététique et journalisme – #2-01 – Glyphosate et panurgisme », le Youtubeur Un Monde Riant démonte le panurgisme des médias. Du fait de son énervement, certes compréhensible, la vidéo est un peu approximative. Mais les liens valent la peine.

Deux articles détaillent les défauts rédhibitoires du rapport de GF et la manipulation médiatique à l’œuvre.

Dans un post facebook, BunkerD dénonce essentiellement la répétition des mêmes « erreurs » par GF. Il conclut « Le problème est que Générations Futures répète des « erreurs » qui lui ont déjà été reprochées, et dont l’association ne peut qu’avoir connaissance. Générations Futures se fiche-t-elle donc de produire un travail le plus informatif possible via une contextualisation complète des données ? L’association se moque-t-elle de la population ? N’est-elle pas gênée de publier un rapport qu’elle doit aujourd’hui savoir manipulateur et trompeur ? »

Dans « Glyphosate : une désinformation que vous avalez dès le matin » (article particulièrement clair et sourcé), La Théière Cosmique (LTC) démontre « l’air de déjà vu » d’une « médiatisation sans aucune déontologie », avec la complicité de fait de certains médias, dont « ceux qui servent la soupe [à GF], sans en renverser ».
LTC conclut de façon optimiste : « Je ne rejette pas la faute particulièrement sur les journalistes eux-mêmes : leurs conditions de travail, la situation économique des journaux, le besoin d’être premier sur l’information pour exister, sont autant de facteurs aggravants qu’il convient de prendre en compte. Cela dit, il semble qu’une sévère remise en question individuelle soit néanmoins nécessaire et loin d’être effectuée […] Contactons notre journal habituel pour demander un meilleur traitement de ce sujet, une modification de l’article déjà paru ; honnête et consciencieux, l’auteur ne pourra qu’accepter. Faisons-le chaque fois que ce sera nécessaire : soyons exigeants avec nos journalistes, pour qu’ils le soient avec eux-mêmes. »

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La plume des agences de sécurité tenues par Monsanto !?

Autre tentative de discrédit, moins reprise par les médias : le BfR[1] et l’EFSA sont accusées de plagiat. Voir par exemple « Glyphosate : une agence européenne a copié-collé un rapport de Monsanto. »
A y regarder de plus près, l’accusation ne tient pas. Une discussion complète et instructive concernant cette accusation suite à un post du groupe zététique sur facebook (voir en particulier les interventions de Paul Gosselin et Thibault Corneloup), en montre l’inconsstance.
D’une part, le rapport en cause n’est pas l’œuvre de Monsanto, mais celle de la GTF (Glyphosate Task Force, portée par l’ensemble des firmes concernées, puisque le glyphosate est dans le domaine public).
D’autre part, en fait, il est demandé aux firmes demandeuses de fournir des éléments scientifiques, lesquels font l’objet de relectures critiques par les agences, qui tiennent compte également d’autres sources. Il n’est pas étonnant de retrouver des passages entiers des études fournies par les firmes demandeuses. A l’examen attentif, et surtout honnête, du rapport de l’EFSA, « il y a édition claire, rajout d’études et limites, ce n’est pas de la copie »

Mise à jour du 19 :09/2017 :
« L’Efsa défend son rapport » titre la France Agricole. Et pour le défendre elle utilise principalement deux arguments :
– « Les références à la Glyphosate Task Force « sont des extraits et des références à des études disponibles, soumis par les candidats » au renouvellement de la licence du glyphosate, clairement indiqués comme tels. » Et donc absolument pas de simple « copier-coller ».
Il s’agit de la part des médias qui ont repris cette information « incompréhension du contexte et du contenu des documents publiés »

Aujourd’hui, seule Malte et la France s’opposent à la ré-approbation du glyphosate. Il n’est pas impossible que l’UE, avec l’appui des autres Etats Membres, parvienne à la seule décision rationnelle possible : renouveler l’autorisation du glyphosate. Même si le grand public, via les médias, reste souvent sensible aux arguments des environnementalistes, la force des arguments scientifiques et la mauvaise foi évidente des environnementalistes sur ce dossier pourraient être décisifs. Mais rien n’est joué.

Mise à jour du 18/09/2017
Dans « Glyphosate : comment effrayer la ménagère en détournant une étude pourtant rassurante », Géraldine Woessner sur Europe1 est un exemple de journaliste ne gobant pas tout cru le discours de GF.

[1] Le BfR est l’agence allemande de sécurité qui a fait le travail de fond préparatoire à l’examen final de l’EFSA, agence européenne.