A la Une, En France, Réglementation

Néonicotinoïdes : La pression environnementaliste est une « insulte au monde agricole »

22 juin 2016

Pour convaincre les élus de la République que l’interdiction des néonicotinoïdes dans le cadre de la loi biodiversité ne serait pas dommageable à la production agricole, tous les moyens sont bons.

Des alternatives foireuses

Un collectif d’organisations anti-pesticides affirme dans un guide qu’il existe des alternatives. Dans « Une insulte au monde agricole », Agriculture et Environnement (A&E) liste quelques perles : « La lecture du document du collectif est sidérante : pour le maïs et la betterave, les « conseillers » écolos préconisent « d’éviter le semis trop précoce quand la terre est trop froide », et pour les céréales d’hiver, ils proposent « d’introduire dans la rotation des cultures peu sensibles au taupin »… Autres perles : la recommandation de l’usage du purin de fougère pour lutter contre le taupin dans les cultures de pommes de terre, et le conseil donné aux arboriculteurs d’avoir « une bonne connaissance du fonctionnement de l’arbre ». Les professionnels apprécieront… » A&E cite ensuite la réaction argumentée de l’AGPB (producteurs de blé) qui conclut que ces propositions relèvent « soit de l’ignorance, soit de la tromperie ». A&E n’hésite pas à les caractériser d’insulte au monde agricole.

D’autres moyens déloyaux

Malheureusement, pour faire pression sur les élus, ce ne sont pas les seuls moyens déloyaux employés par les environnementalistes : A force de répétition, ils font passer les néonicotinoïdes pour des « tueurs d’abeilles », ce qu’ils ne sont pas. Certes, comme tous les insecticides, ils ne sont pas anodins. Mais, employés correctement, ils sont plus sûrs que les insecticides d’anciennes générations. L’expérience de terrain ne montre d’ailleurs aucune corrélation entre mortalités d’abeilles et utilisation de néonicotinoïdes. De plus, les principaux problèmes de santé des abeilles sont ailleurs, souvent chez des apiculteurs amateurs : parasites et maladies, conduite des ruches, alimentation, etc. Enfin, les abeilles se portent globalement beaucoup mieux que ne le disent les marchands de malheur.
Les néonicotinoïdes sont un véritable bouc émissaire des temps modernes…

Et les agriculteurs s’exaspèrent de cette injustice. Par exemple :

1606NeonicsCoupdeGueule

Une ministre qui en rajoute

Mais l’insulte suprême au monde agricole est bien le rôle joué par Ségolène Royal, plus militante que ministre, n’hésitant pas à la surenchère de clichés, sans aucune justification sérieuse.
Elle avait déjà revendiqué fièrement avoir reçu des fleurs d’associations environnementalistes pour son combat contre le glyphosate. Voir « Glyphosate : Les fleurs de la honte pour Ségolène Royal ! »

Elle fait aussi sien le combat « contre » les néonicotinoïdes. Par exemple en twittant le 16 juin : « En 20 ans, 6 M de ruches ont disparu à cause des néonicotinoïdes, urgence d’agir ». Tweet repris massivement par les environnementalistes.

1606SegoleneRoyalNeonics

Comme l’écrit Seppi dans « Néonicotinoïdes : une dégelée royale serait méritée » : « Donnez-nous vos sources, Mme la Ministre ! À la fois pour le nombre et pour la cause… »

Dans le même article, Seppi démonte et dénonce un nouveau tweet de Ségolène Royal annonçant fièrement : « ONG me remettent pétition signée par 600 000 personnes pour voter interdiction néonicotinoïdes ». Mme la ministre ne se préoccupe visiblement pas des conditions de récolte de cette pétition, ni des modalités de décompte des signataires. Seppi écrit à juste titre « La question n’est pas triviale : un ministère de la République est impliqué ! »

Notre conclusion

La pression environnementaliste exercée sur les députés à l’occasion de ce nouvel examen de la loi biodiversité est énorme. Mais surtout elle utilise des arguments déloyaux, qui constituent effectivement une insulte au monde agricole.
Que la Ministre de l’Environnement se prête à ce jeu trouble est très inquiétant pour la nature des débats.
On peut espérer que les députés sauront faire la part des choses. Et seront, cette fois, plus présents pour le vote…

Pour aller plus loin :
« « Théoriciens des agricultures alternatives, montrez-nous ce dont vous êtes capables ! » »
« Néonicotinoïdes : pour la fin des outrances »
« Les abeilles disparaissent… Vraiment ? (suite) »