Les Infos anciennes archives

LesInfos 1009

17 juin 2011

Les Infos 10-09 du 13 juin 2010

 

Usages orphelins et distorsions de concurrence à l’Assemblée nationale (CSLFLF)
Fin Avril, à l’invitation de J Remiller, président du groupe fruits et légumes de l’Assemblée nationale, le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France (CSLFLF) a tenu une conférence de presse sur la question des usages orphelins en fruits et légumes et sur les distorsions induites de concurrence.
Les présentations introductives de JF Proust (ForumPhyto) et P Bourlès (Laboratoire Phytocontrol) portaient respectivement sur :
– Le cadre règlementaire et son interprétation actuelle ; les distorsions de concurrence conséquentes ; les difficultés pour les producteurs à partir de cas concrets ; la nécessité d’une politique plus équilibrée et plus harmonisée au niveau européen.
L’analyse des résidus de pesticides : échantillonnage, extraction, spectrométrie de masse, etc. ; ce que garantissent les LMR (limites maximum de résidu) ; la grande rigueur des contrôles ; la qualité des fruits et légumes.
Cette conférence de presse s’appuie sur la note d’étude d’impacts réalisée par le CSLFLF
, portant sur un grand nombre de fruits et légumes. Entre autres : artichaut, carottes, choux, échalotes, fenouil, fraise, haricot, mâche, melon, noisetier, oignon, pêche-nectarine, poireau, pommes de terres, pommier, salade, tomate.
Cette étude consiste à relever les impasses clefs et à faire une première évaluation de leurs conséquences techniques et économiques.
Enviscope
annonçait la conférence de presse en donnant la parole à B Géry : « Pour chaque culture, il existe une absence majeure de solution technique pour assurer une protection contre une maladie ou un ravageur. Certaines décisions réglementaires et législatives nous semblent de plus en plus déconnectées de la réalité technico-économique du terrain »
Dans le compte-rendu par Référence Environnement, J Remiller a déclaré « Nous avons 78 députés de notre côté, qui refusent de voir mourir la profession sous prétexte que la France veut se montrer le meilleur élève de l’Europe en matière de réduction de pesticides »
De nombreuses reprises dans la presse sont signalées sur le site du CSLFLF
: FLD hebdo, AgraPresse, La France Agricole, Sud-Ouest…

Usages orphelins : les maraîchers nantais invitent les pouvoirs publics
Le 19 mars 2010, la Fédération des Maraîchers Nantais a invité les pouvoirs publics à découvrir certaines pratiques maraîchères nantaises et à échanger directement avec des maraîchers nantais ainsi que des experts et techniciens locaux sur la protection des cultures maraîchères nantaises.
Des techniques respectueuses de l’environnement, compatibles avec la protection biologique, homologuées dans des Etats Membres de l’UE, sont non-homologuées en France : goutte-à-goutte en culture sur substrat, badigeonnage des plaies de taille et lampes à soufre. D’autres dossiers handicapent les maraîchers nantais : Délai avant récolte de 3 jours en serre, désherbage de la mâche, mouche en radis, poireau et navet, mildiou du radis, thrips du poireau. Voir le compte-rendu synthétique de cette journée.

Grenelle 2 (suite)
Nombreux commentaires suite à l’adoption du Grenelle2 à l’Assemblée Nationale.
Selon le Monde du 12 mai, « le Grenelle2 instaure de nouvelles mesures controversées sur les pesticides ». L’article relève que certaines ONG considèrent que l’essentiel d’Ecophyto est préservé. Pour JC Bévillard de France Nature Environnement par exemple : « on n’en fait pas une montagne. Cela ne remet pas en question les fondamentaux du plan éco-phyto 2018, qui se jouera sur le terrain ».
Pour Chantal Jouanno, dans le Monde
du 20 mai : « On ne peut pas dire que c’est 100 % de ce qu’on voulait. C’est normal, c’est la démocratie. Mais le bilan global est positif. ». Elle estimse qu’il faut « un Grenelle 3 »…
Seul le MDRGF et ses satellites ne décolèrent pas : par exemple article de Santé-Environnement Wallonie.
Pour campagnes et environnement,  le vote à l’Assemblée Nationale marque la « fin du consensus politique ». S Poignant, rapporteur de la loi Grenelle2, déclare « nous avons acté dans le Grenelle 2 ce que nous avions déjà décidé dans le Grenelle 1, il n’ y a pas de recul. Pour autant si un produit doit être retiré, et dans la mesure où il est inscrit au niveau européen, nous devons en mesurer l’impact socio-économique, afin d’éviter toute distorsion de concurrence entre notre agriculture et celle des autres pays européens. »
Pour P Ferey, FNSEA, dans
Paysan Breton, « le raidissement de la FNSEA sur l’écologie était nécessaire » mais « le dialogue n’est pas totalement rompu. Et, l’agriculture si elle n’est pas transformée par le Grenelle est sur de nouveaux rails ».

Phytosanitaires : A quand la reconnaissance du travail accompli ? (Cerafel Bretagne)
Dans l’Environnement-Qualité n°63, J Rousseau, président de l’AOP Cerafel Bretagne, y explique son expérience de producteur : « Nous privilégions les solutions alternatives de désherbage et de lutte contre les ravageurs, mais parfois nous n’avons pas le choix. Soit nous traitons, soit nous perdons la culture. Pour cette raison, nous avons besoin de produits efficaces à utiliser au bon moment ». A propos des usages orphelins, il constate « qu’il n’est pas normal de pénaliser les producteurs français » et affirme « il faut que les règles du jeu soient européennes pour les rendre plus équitables. »

Terrenales : pour une « agriculture écologiquement intensive »
La protection phytosanitaire est un aspect très « sensible » de l’activité agricole, pour lequel l’AEI (agriculture écologiquement intensive) veut donner des moyens aux agriculteurs, en combinant toutes les méthodes permettant de réduire les risques liés à l’utilisation des produits phytosanitaires : méthodes complémentaires, agronomie, améliorations matérielles, etc. Certaines techniques sont déjà appliquées en fruits et légumes, ou applicables directement. Pour d’autres, des recherches seraient nécessaires.
L’intérêt des Terrenales
(voir lesInfos1008) est d’avoir montré en situation et de façon très concrète comment avancer dans ce sens : Pourquoi et comment l’apiculture est compatible avec l’agriculture intensive, comment aménager son poste de remplissage, contraintes et avantages des techniques culturales simplifiées, etc.
Terre-net
décrit l’initiative et diffuse une interview vidéo de H Garaud, président de Terrena, pour une explication du concept d’Agriculture écologiquement intensive.
L’AFP
fait une large place aux doutes de certains producteurs bios
pour lesquels il y a « une contradiction entre la volonté de maintenir les rendements très hauts et de réduire les produits phytosanitaires » »
G Demont, dans Ouest-France
, décrit brièvement quelques exemples de techniques écologiquement intensives : plantes compagnes, semis sous couvert gélif, carabes, …
Campagnes et Environnement
insiste l’aspect concret quant à l’utilisation des pesticides.

L’huile de neem (azadirachtine) pas si anodine… (V Tardieu)
Sur son blog consacré aux abeilles, Vincent Tardieu, ancien journaliste scientifique à Libération, titre « Un insecticide « bio » toxique pour les abeilles ? ». « Bien qu’interdit d’usage en France, ce pesticide est déjà largement utilisé par des arboriculteurs bio, et l’administration semble faire preuve de clémence. »
Or des études démontrent des effets négatifs significatifs de l’azadirachtine (principale substance active de l’huile de neem) sur les abeilles, mais aussi sur les mammifères. Sa conclusion : « à manier avec précaution… ».

… mais sans doute utile !
En réponse sur le
yahooGroupes Agro-bio-info (+ complément), J Sabench, responsable de la commission pesticides de la Confédération paysanne, argumente essentiellement sur la faible toxicité humaine, en  citant par exemple l’EPA (agence américaine d’évaluation) qui stipule que l’on « pourra » étudier à quel point l’azadirachtine est un « perturbateur endocrinien. ». Son argument, équilibré sur le fond, reconnaissant la nécessité d’une évaluation objective et d’une certaine prudence par rapport aux abeilles, n’arrive pas à se défaire d’un certain parti-pris pro-substances naturelles.
Voir l’étude toxicologique et éco-toxicologique de l’EPA (in english)
La filière bio demande ardemment l’autorisation de l’huile de neem, arguant de l’autorisation déjà effective dans de nombreux pays européens et de la faible toxicité de l’huile de neem. Biofil, en Avril 2008, titrait déjà : « le neem, l’arbre miracle ? l’insecticide se fait désirer ».
Dans les LesInfos1006 et LesInfos1007, nous avons évoqué l’appel de mouvements bios à « pratiquer la désobéissance civile », en utilisant de l’huile de neem illégalement.
Ce qui peut être retenu :
– Il est logique que l’analyse bénéfices/risques soit menée en toute objectivité par les autorités françaises. Même s’il est probable que les bénéfices de l’huile de neem l’emportent sur les risques.
– Une autorisation française mettrait fin à une distorsion de concurrence grave.
En matière « d’usages orphelins », les intérêts des producteurs bios et des conventionnels sont identiques !

Pour sourire : boule de cristal contre mildiou
La dernière livraison de Malo Louarn pour le bulletin Environnement-Qualité du Cerafel Bretagne : boule de cristal contre mildiou. Voir les autres dessins de Malo Louarn sur ForumPhyto.