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Techniques agricoles et société

19 juil. 2011

Pour une grande part du public, l’agriculture est perçue comme une activité ancestrale. Et les agriculteurs essentiellement comme gardiens d’un équilibre rêvé.
Dans ce contexte, et surtout à une époque de doutes, l’évolution technique de l’agriculture peut être perçue comme illégitime, même lorsque cette évolution va dans le sens de la sécurité des aliments et de la protection de l’environnement.
Les besoins d’enracinement, de diversité de goûts et de curiosité proprement humaine sont quelques unes des raisons fondamentales du besoin de produits de terroirs, porteurs de lien social et/ou historique, ou encore qui sont le signe d’une permanence.
Les produits certifiés : appellations d’origine (AOC, …), Label rouge, ou produits de l’agriculture bio (AB) et « Locavorisme » ont leur place dans ce concert de la consommation.

Cependant, surtout en ce qui concerne le bio,  des organisations environnementalistes et une partie du public vont plus loin encore et en font un acte plus que militant. Ils estiment que l’avenir de la production agricole, pour une meilleure protection de l’environnement et une meilleure garantie sanitaire serait de généraliser ce mode de production.
L’agriculture « conventionnelle », utilisant des moyens modernes et vendant via la distribution moderne, serait négative pour la sécurité des consommateurs,  pour l’environnement, voire pour « l’avenir de la planète ».

En fait, les techniques modernes de l’agriculture ne sont pas contradictoires avec les autres modèles de production ou de relation producteur-consommateur. Les systèmes sont plus souvent complémentaires qu’il n’y paraît :
– La Protection Biologique Intégrée en serres, utilisée en production bio, a d’abord été développée par le secteur conventionnel il y a plus de 25 ans et y est toujours utilisée quasi-systématiquement.
– La bineuse à doigts en caoutchouc permettant de pallier à la quasi-absence de désherbant en production bio est adoptée par de nombreux producteurs conventionnel.
– Des bio-agresseurs très virulents pour les cultures sont, dans certains cas, maîtrisables en production bio en partie parce que les parcelles voisines, en conventionnel, sont bien protégées. C’est le cas par exemple du mildiou ou des mouches des légumes.
Bien d’autres exemples pourraient être cités.

Les agriculteurs et leurs organisations ont un rôle important pour faire comprendre l’importance des techniques modernes, leur rôle positif pour l’environnement, la sécurité des travailleurs agricoles et des consommateurs. Contrairement aux idées communément admises.
Ils doivent se saisir de toutes les occasions pour montrer concrètement leur activité de production, faire comprendre les contraintes de la production (en particulier la nécessité de maîtriser les bio-agresseurs) et montrer leur compétence en la matière : portes ouvertes, réunions publiques, rencontres familiales, etc.

 

Les agriculteurs et leurs organisations ont la responsabilité de défendre eux-mêmes la légitimité de leur métier, et des techniques qu’ils appliquent quotidiennement.
Il ne faut pas laisser l »idéologie » l’emporter.
Tous les modes de production agricole ont leur légitimité. Ils sont complémentaires.
Les moyens modernes, utilisés sur plus de 95% des surfaces, sont un atout pour le respect des producteurs, des consommateurs, du sol et de l’environnement.