Documentation d'actualités, Veille sociétale

Pour une charte de l’expertise (Académie des Sciences)

19 juin 2012

Canal Académie, magazine des Académies sur Internet, met en ligne un dialogue (écrit + audio) sur la question de l’expertise autour de Catherine Brechignac, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, du sociologue Jean Baechler (membre de l’Académie des sciences morales et politiques, NDLR) et de Gérald Bronner, Professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg, déjà mentionné ici sur ForumPhyto et dont l’ouvrage L’empire des croyances a été distingué par un prix de l’ASMP.

 

 

Un groupe de réflexion Inter-académique sur l’expertise

Catherine Bréchignac le confirme: les experts sont disqualifiés par l’opinion publique, et par les médias, qui généralement sont des personnes en demande d’expertise. « C’est l’une des raisons qui nous ont poussé à établir cette charte de l’expertise, car c’est là l’une des 5 missions de l’Académie des sciences (promouvoir la science, encourager la formation, mission sur l’international, sur la communication et, dernière mission et non des moindres : fournir des avis d’experts aux gouvernements, aux politiques qui le demandent) »

Une parole qui n’est plus entendue

Pour Gérald Bronner, cette disqualification des experts est « un fait social majeur et d’une certaine façon nouveau, qui est connexe de la suspicion de la production scientifique ( suspicion qui a évidemment des racines dans l’histoire, car on a aujourd’hui une nouvelle façon de se représenter la science). »

« Deux points lui paraissent particulièrement frappants :

–        « Le risque est mis en scène de façon sociale ; il n’est plus évalué dans les débats seulement en fonction de l’expertise scientifique mais en fonction de ce que disent les minorités agissantes, le monde militant qui « met en scène  » ces risques. (…) On organisera un débat de crainte et l’opinion ne pouvant se représenter les risques, les multipliera par un coefficient important. Ce sont là les études de la psychologie cognitive (façon dont nous raisonnons). Les coûts sont toujours surestimés par rapport aux bénéfices. »

–        « l’organisation du marché de l’information : on voit apparaître l’idéologie de la précaution (fin 1990-2000) en même temps que l’explosion de la sphère internet où 2 milliards d’utilisateurs accèdent à l’information mais aussi disent leur avis ; quelle hiérarchie dans les propos ? la connaissance ou toutes sortes de croyances précautionnistes ? »

La notion de conflit d’intérêts

Catherine Bréchignac souligne : « Lorsque l’on évoque les conflits d’intérêt, on pense immédiatement à des questions d’argent. Mais il en est d’autres liés aux croyances, aux lobbying, le spectre est plus large. »


L’écoute intégrale de l’émission vaut la peine…