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La mission sénatoriale sur les pesticides présente son rapport

26 oct. 2012

La mission sénatoriale qui travaille depuis plusieurs mois sur les pesticides et principalement sur les risques utilisateurs a rendu son rapport. De nombreux médias en rendent compte. Dans toute la mesure du possible, la profession doit s’en saisir comme d’un outil.

 

Le rapport de la mission sénatoriale :

Voir les documents publiés par la mission sénatoriale :
Communiqué de presse
La page d’accès au rapport

La synthèse du rapport

Le rapport intégral

En sept mois, la mission a procédé à 95 auditions et entendu 205 personnes ; elle a adopté le rapport et sa centaine de recommandations à l’unanimité.

Globalement, le rapport de la mission porte uniquement sur les risques, en aucune façon sur l’utilité des pesticides. Il fait des constats alarmistes, partant souvent d’a priori, faisant rarement état des améliorations réelles engagées depuis plus de 20 ans, et encore en cours.

N Bonnefoy, rapporteuse, et S Primas, présidente de la mission sénatoriale

Partant de ces constats, la mission sénatoriale fait des recommandations pour la plupart raisonnables, et souvent déjà effectives ou engagées : conseil agricole, campagne pour la protection des utilisateurs, amélioration des conditionnements, suivi post-homologation, etc.

Concernant une vision de fait quelque peu unilatérale,  il est curieux, par exemple, que la mission n’évoque la question de la distorsion entre Etats Membres de l’UE que sous la question de la « garantie offerte au consommateur » (alors que les Limites Maximum de résidus sont les mêmes dans toute l’UE) et de la « fraude ». Jamais sous l’angle de la difficulté pour les producteurs d’avoir affaire à des usages orphelins et de l’urgence de résoudre cette question…

L’amélioration des profils toxicologiques des substances utilisées depuis 40 ans n’est jamais évoquée. L’amélioration des matériels et des équipements non plus. L’amélioration des comportements des utilisateurs liés à la sécurité est tout juste brièvement mentionnée.

 

 

 

Dans les médias

Beaucoup de médias rendent compte du rapport de la mission en accentuant encore l’aspect alarmiste.

Le Journal de l’Environnement (JDLE) titre « Pesticides: quand le Sénat contredit l’Opecst »

Romandie.com, reprenant le communiqué de l’AFP, titre « les sénateurs dénoncent les risques pour les utilisateurs » et ne laisse que peu de place aux recommandations.

La Vigne titre « L’alerte de la mission sénatoriale »

Sous le titre « « Pesticides : vers le risque zéro » – Le Sénat veut renforcer l’évaluation des risques à l’usage des produits phytos », Terre-net détaille les propositions des sénateurs.

Actu-environnement fait un peu de même, dans une tonalité un peu plus alarmiste, parlant d’une « certaine omerta dans le secteur agricole » sur ce sujet.

Sous le titre « Pesticides : le Sénat sonne l’alarme, les industriels contestent le diagnostic », les Echos rendent compte brièvement de la conférence de presse et mentionnent la réaction de l’industrie de protection des plantes.

 

Globalement, Sophie Primas, présidente de la mission, estime sur twitter, que le traitement médiatique  « ne reflète pas toujours l’équilibre des conclusions trouvé à l’unanimité ! » Elle rajoute : « Dans ma contribution personnelle au rapport Pesticides du Senat, je souligne les efforts considérables réalisés par tous les acteurs… »
On voit bien là que l’interprétation du rapport peut être très différente selon l’éclairage qu’on lui donne.

 

 

Les réactions professionnelles

Le Collectif  Sauvons les Fruits et Légumes de France (CSLFLF) titre eleur communiqué de presse : « Non, Madame la rapporteure, les agriculteurs ne sont pas des demeurés », soulignant par là que la mission sénatoriale leur semble « clairement sous l’influence des ONG écologistes. » Pour le CSLFLF : « Les  producteurs  de  l’agriculture  biologique  et  raisonnée  n’utilisent  pas les pesticides pour le plaisir ! », la mission « se trompe de priorité » et « semble vouloir donner du corps à la théorie de complot. »
Le CSLFLF conclut : « La  Mission  d’information  du  Sénat  sème  et  alimente  une  inquiétude  alors  que  les consommateurs et le monde agricole ont besoin au contraire d’une action politique constructive. Pour leur part, les producteurs continueront à avancer et à s’engager pour une production française de qualité, respectueuse de l’environnement. » Lire l’intégralité du communiqué de presse du CSLFLF.

Dans Actualités Agricoles, Vincent Magdelaine, responsable de Coop de France « Métiers du grain », écrit : « Le risque zéro existe-t-il ? La mission d’information du Sénat sur le lien pesticides et santé vient de rendre ses conclusions sous le titre : « Pesticides : vers le risque zéro ». 600 pages d’auditions, une centaine de recommandations, il y a beaucoup de choses dans ce rapport, trop peut-être. Certaines recommandations viennent conforter les évolutions en cours, sur la prévention des risques d’exposition professionnelle, le retrait des molécules les plus préoccupantes, la promotion de l’interdiction de tout lien entre la rémunération des conseillers et le volume vendu, l’adaptation des EPI…méthodes alternatives, le raisonnement au plus fin des traitements. Beaucoup de ces mesures sont déjà dans le plan Ecophyto ou font partie des exigences du nouvel agrément des distributeurs et conseillers.

D’autres sont moins réalistes. Une enfin a retenu toute notre attention et fera l’objet de toute notre vigilance. Tel le serpent de mer, la question de l’indépendance, ou de la séparation, du conseil et de la vente ressurgit. Fausse bonne idée, considérée comme la solution miracle par certaines ONG, cette séparation ne résoudrait rien, serait la négation de tous les efforts en matière de professionnalisation et responsabilisation du conseil menés dans le cadre de l’agrément des distributeurs, et la Charte du Conseil Coopératif, et priverait les agriculteurs de leur principal réseau de conseil : celui des coopératives. Il y aurait au contraire tout à gagner à s’appuyer sur ce réseau pour faire évoluer les pratiques agricoles et remettre l’agronomie au centre du raisonnement des systèmes de production. » (Fin de citation).

 

L’UIPP (Union des industries de protection des plantes), quant à elle, constate, « avec surprise, un refus de la part des sénatrices de [leur] ouvrir les portes de la conférence de presse ». Elle « demande davantage de cohérence et de lisibilité dans les actions menées afin d’aider chaque acteur impliqué et mieux comprendre les objectifs du gouvernement et à mieux travailler. » Elle « tient à souligner que la plupart de ces propositions sont déjà intégrées dans les démarches de progrès initiées et mises en œuvre ». Lire le communiqué de presse de l’UIPP.

 

Globalement, le bilan de cette mission sénatoriale est mitigé. Des propositions concrètes, réalistes et en cours pour certaines, mais quelquefois déconnectées de la réalité de terrain. A la profession de ne pas se décourager, d’en faire quelque chose de positif.

 

Voir les articles précédents sur ForumPhyto :
« Sénateurs et pesticides : une mission déconnectée du terrain ! » (Alerte Environnement)
Mission sénatoriale pesticides, environnement (pour les membres : identifiant et Mot de passe nécessaire)
Mission sénatoriale pesticides, environnement, santé en Aquitaine
Mission sénatoriale pesticides environnement santé (pour les membres : identifiant et Mot de passe nécessaire)