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« Menaces pour l’évaluation des risques basée sur la science » (M Kuntz et al)

14 juin 2013

Marcel Kuntz, John Davison, Agnès E. Ricroh, ont publié « L’interdiction du gouvernement français de cultiver des variétés de maïs Bt MON 810 sape l’évaluation des risques fondée sur la science » (présentation in English, présentation en français, article complet en français),  dans la revue Nature Biotechnology de Juin 2013.

Sur son blog, M Kuntz résume l’article de la façon suivante : « Ce qui est critiqué ici n’est pas l’interdiction en tant que telle (que les politiciens en assument la responsabilité devant les instances juridiques et devant l’Histoire…), mais la falsification des données scientifiques et, pour le dire crûment, le mensonge d’Etat… »

 

L’article est très factuel sur les méthodes de falsification, dont on peut dire que certaines sont particulièrement honteuses.

Par exemple, dans une évaluation l’EFSA (agence européenne  a déclaré : « Le Panel OGM de l’EFSA conclut que, sous réserve de mesures de gestion des risques appropriées, il est improbable que la culture du maïs Bt11 [et MON810] pose des problèmes de sécurité supplémentaires pour l’environnement par rapport au maïs conventionnel »
Le gouvernement de l’époque avait besoin d’arguments scientifiques pour justifier règlementairement sa position politique. Dans le document « mesures d’urgence », il a donc « traduit » ainsi cet avis : « À la différence de leurs conclusions antérieures sur Bt11 ou MON810, l’EFSA souligne […] l’existence de risques environnementaux liés à la culture de ces OGM » !!!

Nous ne pouvons que souscrire à la conclusion de l’article : « C’est une grande contradiction de la politique de l’UE de défendre simultanément une approche fondée sur la science et, dans le même temps, d’être embringuée dans un cadrage post-moderne qui nie que la science puisse approcher des vérités objectives »

La question des OGM n’est pas, du moins pas directement, dans le champ d’activité de ForumPhyto. Cet exemple nous parait illustratif d’une méthode plus générale qui concerne également tous les sujets technoscientifiques dits sensibles. La protection phytosanitaire en fait partie, et souffre souvent de telles falsifications, à motivation politicienne.