En France, Réglementation

Arboriculture : L’huile de neem (très provisoirement) autorisée sur puceron cendré du pommier

20 juin 2014

Depuis plusieurs années, de nombreux producteurs de fruits et légumes demandent l’autorisation d’utiliser l’huile de neem (principal principe actif : azadirachtine) pour protéger leurs cultures contre des insectes nuisibles, en agriculture biologique comme en conventionnel. Après une nouvelle intervention des pomiculteurs, les pouvoirs publics viennent (enfin) d’accorder une autorisation dérogatoire d’une spécialité commerciale à base d’huile de neem pour lutter contre le puceron cendré du pommier.

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Fruits du margousier permettant de préparer de l’huile de neem

Dans les semaines précédentes, la presse avait relayé la demande des pomiculteurs.
Par exemple, « Les producteurs réclament l’autorisation de l’huile de neem contre les pucerons » (La France Agricole), « Huile de neem : la controverse persiste ! » (Végétable).
Des parlementaires ont posé des questions au gouvernement. Par exemple Marie-Hélène Fabre et Philippe Vitel à l’Assemblée Nationale.

La situation de l’huile de neem est ubuesque et hypocrite : Bien que d’un usage traditionnel ancien, revendiquée par les producteurs de l’Agriculture biologique, mais perturbateur endocrinien suspecté, elle a été longtemps interdite dans l’Union Européenne (UE). Pré-autorisée au niveau de l’UE depuis début 2011 (voir ici sur ForumPhyto), elle est autorisée pour de nombreux usages dans les autres Etats membres de l’UE. Malgré son interdiction en France, tout le monde, y compris l’administration, sait qu’elle est utilisée massivement en arboriculture biologique (voir ici sur ForumPhyto)

L’autorisation qui vient d’être accordée par les pouvoirs publics ne règle qu’une toute partie du problème :
– Elle est limitée à un seul produit commercial.
– Elle est limitée dans le temps : 120 jours. Eventuellement renouvelable. Mais on sait les pouvoirs publics français réticents à ces autorisations.
– Elle est limitée à un seul usage sur une seule culture. L’huile de neem demeure interdite sur toute autre culture et contre tout autre parasite.
L’huile de neem continue donc d’être interdite sur la plupart des usages revendiqués par les professionnels. Et la situation ubuesque et hypocrite continuera….

En France, malgré quelques avancées, du fait du choix politique des pouvoirs publics, la question des usages orphelins, loin de régresser, met maintenant en cause l’existence même de certaines cultures que les producteurs ne peuvent plus défendre, sauf à se mettre dans l’illégalité. Le cas de l’huile de neem n’est qu’un exemple particulièrement caricatural de l’hypocrisie ambiante sur le sujet de la protection phytosanitaire.