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Pourquoi Leclerc plie-t-il devant un Greenpeace schizophrène et ignorant ?

29 oct. 2015

1510leclerc-logo Depuis plusieurs jours Greenpeace harcèle littéralement les magasins Leclerc, leur reprochant d’encourager les agriculteurs à abuser des pesticides pour avoir des prix bas (sic !). Leclerc se sent forcé de plier. Les producteurs de pommes contrattaquent par communiqué de presse. Analyse de la situation.

Greenpeace harcèle

Qu’est-ce qu’une manifestation selon Greenpeace (GP). Réponse : un show d’une petite heure avec une dizaine de militants devant un magasin Leclerc sur le thème « Leclerc obscur » « Chez Leclerc, c’est moins cher, et les pesticides c’est offert », incluant rendez-vous avec la presse régionale histoire d’avoir un papier tout fait… (Voir ici sur ForumPhyto).
GP est vexé : Leclerc n’a pas succombé dès le début à leur « « amicale » pression » selon l’expression de Wackes Seppi (voir ici)

Ces derniers jours, GP passe à une variante un peu plus musclée : le blocage de la centrale Leclerc de Toulouse, avec une quarantaine de militants selon le Parisien.
Résultat : dans un premier temps, Leclerc assigne Greenpeace en référé (voir ici sur 20Minutes), mais plie ensuite, assurant vouloir dialoguer avec GP (Voir ici sur La Tribune).

On est loin d’une mobilisation des foules. Et la reprise de ces shows sur les réseaux sociaux est relativement molle au regard des moyens employés.
On peut alors se demander pourquoi Leclerc plie…

Pourquoi céder face à Greenpeace ?

Sous le titre « Pesticides : le scandale Greenpeace », Alerte Environnement fait une analyse pertinente de la situation :
Connivence des médias : « Aucun journaliste n’a souligné la contradiction grossière de Greenpeace », dont l’étude est en réalité très rassurante.
Faillite de l’Etat : Silence total du ministère de l’agriculture, de l’ANSES, et du Préfet local sur les dires et les actions de Greenpeace.
Frilosité du monde économique : Leclerc plie et ni la FNSEA, ni la FNPF, ne réagissent.

Agriculture et Environnement, dans un tweet, résume bien le désarroi du monde agricole face à cette situation : « Face à Greenpeace, Leclerc baisse sa culotte. Comme si on pouvait « travailler » avec Greenpeace. Pitoyable ! »

Les arboriculteurs contrattaquent

Seule exception, pour l’instant : L’ANPP[1], dans un communiqué de presse, dénonce « Le combat schizophrénique de Greenpeace : Les pommes sont saines, Greenpeace le reconnaît, et prend pourtant en otage une centrale Leclerc. Cherchez l’erreur … »
L’ANPP mentionne également l’ignorance de GP en matière d’économie : « Contrairement aux propos de Greenpeace, les conditions de production sont déconnectées des niveaux de prix ».
L’ANPP souligne de plus le fait que « Greenpeace refuse tout échange » : « Depuis des mois, l’ANPP propose à Greenpeace de venir sur le terrain, en verger, se rendre compte de la réalité de la dynamique de progrès des pratiques arboricoles, invitations restées à ce jour sans réponse. »
Enfin, Greenpeace « blackliste » ouvertement Daniel Sauvaitre, président de l’ANPP, dans un colloque qui doit se tenir le 19 novembre à Bruxelles.
Tout ceci démontre parfaitement la duplicité de l’action de Greenpeace…

Ce communiqué de presse a été repris par la France Agricole.

Mise à jour du 30 octobre 2015 :
Une autre réaction mérite d’être signalée : Que Choisir, organisation de consommateurs titre « Opération « Leclerc Obscur » Greenpeace est-il si transparent ? » et, à propos de l’opération Greenpeace contre Leclerc, écrit en  conclusion « Un point en revanche est limpide : Greenpeace travestit les faits en se présentant comme un défenseur des producteurs face aux exigences des grandes surfaces. […] Et si les associations écologistes parlaient aux consommateurs comme à des adultes ?  »

Notre conclusion

Le schéma « show spectaculaire et articles dans la presse » commence visiblement à lasser ;
à lasser le grand public qui perçoit bien au fond qu’il ne s’agit là que d’une forme perverse de lobbying de la part de Greenpeace ;
et à rendre les cibles, généralement des entreprises soucieuses de leur image de marque, moins sensibles à cette « amicale » pression, que certains n’hésiteraient pas à qualifier de mafieuse.
Il est temps que les pouvoirs publics et le monde économique prennent conscience du fait que GP n’est fort que de la faiblesse de leurs réactions, voire de leur silence.

[1] Association Nationale des producteurs de Pommes et Poires