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« Comment produire un herbicide naturel » (Wackes Seppi / Andrew Kniss)

07 janv. 2016

Sous ce titre, Wackes Seppi traduit sur son blog un article (in English) d’Andrew Kniss, Professeur d’écologie et de gestion des mauvaises herbes à l’Université du Wyoming (USA).

Passant rapidement sur mélange de sel, de vinaigre et de savon à vaisselle (au fait est-ce naturel ?), l’article évoque surtout le cas d’une substance produite par deux bactéries du genre Streptomyces : le Bilanaphos.
« Lorsque le bilanaphos pénètre dans la plante, environ la moitié de la molécule est rapidement coupée, ce qui laisse subsister une petite molécule – la phosphinothricine », qui est herbicide.

La phosphinotricine est donc une substance naturelle ET un herbicide. « Cela ressemble beaucoup à un herbicide naturel, non ? Pas si vite… »
Constituant principal en France d’herbicides comme le Basta, et mieux connue sous le nom de glufosinate, la phosphinotricine commercialisée est produite par voie de synthèse (in English). Ces désherbants ne sont donc pas considérés comme « naturels »

Comme le souligne l’article, cette histoire est loin d’être unique : « Un grand nombre de scientifiques du monde entier explorent la nature à la recherche de nouveaux produits chimiques qui ont des propriétés utiles, antibiotiques, pesticides ou autres. Les scientifiques de l’USDA estiment qu’entre 1997 et 2010, environ 69% des nouvelles matières actives de pesticides enregistrées par l’EPA étaient soit des produits naturels, soit des produits de synthèse dérivés de sources naturelles (comme la phospinothricine) ou de nature biologique. »

L’administration américaine (mais pas seulement…) a du mal à définir le mot « naturel », terme de marketing sans définition claire. « Comme le montre l’exemple de la phosphinothricine, les limites entre le naturel et le synthétique peuvent rapidement devenir floues. »
Sa conclusion : « La distinction « naturel ou non » peut nous distraire de ce qui est vraiment important […]. Les propriétés de la substance sont beaucoup plus importantes, à mon avis, que la source de la substance. […] Mais il y a des questions liées à la source du produit qui peuvent être importantes. En particulier, lequel a l’impact le plus important : la synthèse dans un laboratoire ou l’extraction à partir de sources naturelles ?[…] Mais si extraire quelque chose de la nature signifie que nous aurons un plus grand impact négatif sur l’environnement que la production en usine, alors, s’il vous plaît, donnez-moi la version de synthèse. »

Cet article est un modèle de pédagogie sur la question du « naturel » et du « synthétique », à faire lire au plus grand nombre.

1601PhosphonitricineGlufosinate

1601Hoeing-Women-Binage-Manuel

Les herbicides servent à limiter ce travail particulièrement pénible : le binage…