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« Procès » Monsanto (Jusqu’où peut aller l’extrémisme écologique ? (suite))

08 janv. 2016

1601TribunalMonsantoLogo Des ONG anti-pesticides et anti-OGM préparent un « procès » contre Monsanto en octobre 2016. Elles tentent d’en faire un buzz sur les réseaux sociaux. Mais ce procès en est-il vraiment un ?

De quoi s’agit-il ?

La page Internet consacrée au « Tribunal Monsanto » (in English, en français, en español) présente « l’entreprise américaine Monsanto comme le symbole d’une agriculture industrielle et chimique ». Le « Tribunal Monsanto » prend la forme d’un procès réel et déclare « prendre appui » « sur les Principes directeurs relatifs aux entreprises et droits de l’homme adoptés au sein de l’ONU en 2011 » et « sur le Statut de Rome créant la Cour pénale internationale en vigueur depuis 2002. Le chef d’accusation n’est ni plus ni moins que « crimes contre l’humanité ».

Quelques blogs ou sites alternatifs relaie la com de ce « tribunal » et tentent, dans les réseaux sociaux, d’ancrer l’idée qu’il s’agit bien d’un procès. Par exemple ici.

Mais cette initiative apparait clairement pour ce qu’elle est :
De la propagande pure et simple : Elle utilise les moyens de la « com » pour se donner de l’importance : logement à la Haye, conférences de presse, « personnalités »…
Pour une instruction à charge, uniquement à charge : L’inflation verbale en est l’argument principal.
Une initiative militante. Elle n’a absolument rien d’officiel. Parmi la 20aine d’organisateurs, on retrouve toute la sphère anti-OGM et anti-pesticides habituelle. Les français sont en nombre : Marie-Monique Robin, François Veillerette, Gilles-Eric Séralini, Corinne Lepage. Mais il y a aussi l’écologiste indienne Vandana Shiva, l’australien Andre Leu, président de la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique, et bien d’autres.
– Un procès « symbolique » (de son propre aveu), c’est-à-dire pas un procès du tout…
– Comme le souligne A&E 142 (abonnés), « un moyen de faire les poches de ses amis « antipesticides », puisque le comité de pilotage du « tribunal » compte rassembler non moins d’un million d’euros grâce à « la plus vaste plateforme de crowdfunding international jamais réalisée à ce jour »

Quelques analyses de fond

De nombreux médias font une analyse critique de ce « tribunal ».

Après avoir simplement relayé (ici) la position des organisateurs, la Mission d’animation des AgroBioSciences, donne la parole à Marie-Angèle Hermitte, CNRS et EHESS, qui s’interroge : « Le Tribunal Monsanto constitue-t-il vraiment une « rupture » ? ». Pour elle il s’agit d’une « parodie de justice » : Par exemple, mais pas seulement, « tous les parrains de l’opération sont des opposants historiques à la personne morale accusée, ce qui laisse mal augurer de l’impartialité du tribunal en question. »

Sous le titre « Non, Monsanto ne va pas être jugé pour crimes contre l’humanité » (en français, in English) Associations Libres publie une traduction d’un article de Kavin Senapathy publié par Forbes. Pour K Senapathy, les organisateurs de ce tribunal « tentent de rendre respectable un meeting du Who’s who des négationnistes des biotechnologies, qui verra immanquablement leur prévenu condamné par contumace. » Elle dénonce les outrances verbales comme celles de Vandana Shiva qui fait une « comparaison grossière et indigne [des OGM] avec l’esclavage »

Pour la National Review (USA), c’est « la bataille perdante de l’industrie bio » (in English). Pour eux, « le mouvement anti-OGM est au bord de l’effondrement du fait de la prolifération des avantages des aliments transgéniques ». Pour eux, « apparemment les hippies sur le retour et les grands-mères fair-trade qui assistent aux marches anti-Monsanto ne sont pas des outils suffisamment efficaces de relation publique. Donc les anti-Monsanto acharnés passent à la vitesse supérieure » avec ce tribunal. Mais cette inflation militante n’est selon eux que le signe qu’ils sont en train de perdre la guerre règlementaire, scientifique ; et celle de l’opinion.

Pour aller plus loin
Lire « Jusqu’où peut aller l’extrémisme écologique ? »