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« Comment la politique l’emporte sur la science au sujet des perturbateurs endocriniens » (JF Narbonne)

08 févr. 2016

 Sous ce titre, Jean-François Narbonne, Docteur en nutrition et toxicologue, livre ses impressions suite au Congrès International sur les perturbateurs endocriniens organisé en janvier 2016 par l’ANSES[1].
Pour lui, les informations diffusées lors de ce congrès « ont été très intéressantes sur le plan scientifique mais les non-dits sont très éclairants sur le plan « politique ». »

Les avancées importantes en ce qui concerne « les mécanismes subtils de certaines interactions » ont été présentées et discutées.
Mais tout cela montre clairement que les interdictions d’utilisation du BPA (Bisphénol A), exigées par « certains lanceurs d’alertes bien en cours dans les ministères et les médias » ne sont pas justifiées par la science, « car les produits de substitution candidats disponibles (comme le BPS, le BPF ou de BADGE) apparaissaient au moins aussi toxiques que le BPA et même bien plus persistants dans l’environnement. »

« L’autre sujet absent du colloque était la question des phytoestrogènes naturellement présents dans les végétaux, sujet qui a pourtant fait l’objet de plusieurs rapports des agences sanitaires depuis 20 ans (CSHPF 1994, AFSSA 2005, ANSES 2011). Les protéines de soja et plus généralement les protéines de légumineuses sont très riches en phytoestrogènes, en particulier la génistéine et la daidzéine. »

Sa conclusion : « On a ainsi un double paradoxe: d’un côté les associations écologiques se battent légitimement pour diminuer l’exposition aux PE en mettant en cause les substances chimiques de synthèse utilisées dans l’industrie des plastiques ou des pesticides, d’un autre côté le lobby des végétariens pousse à la consommation de protéines végétales (et de soja en particulier), aliments les plus riches en PE. Les végétariens étant une composante importante des mouvements écologistes, il y aurait donc des intérêts convergents pour passer sous silence l’effet PE des phytoestrogènes. Ainsi les non-dits du colloque nous montrent une cogestion des problèmes santé et d’environnement par les politiques et certaines ONG influentes, au détriment de la logique scientifique et de la vraie hiérarchisation des problèmes de santé publique. »

On pourrait tirer une telle conclusion sur maints autres sujets où des choix sociétaux ont besoin de la science pour des décisions éclairées. Mais où certaines ONG influentes » obscurcissent au contraire le débat. C’est le cas de la protection phytosanitaire…

Actualisation au 09 février 2016: Sur son blog, Seppi rend également compte de l’article de JF Narbonne.

Pour aller plus loin :
Voir le programme du congrès et l’ensemble des présentations.
Visiter le site du PNRPE (Programme Nationale de Recherche sur les Perturbateurs Endocriniens)

Bisphénol A : la molécule (source Wikipedia)

Bisphénol A : la molécule (source Wikipedia)

[1] Agence Nationale de sécurité sanitaire