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Glyphosate : « quand le message est inattaquable, attaquez le messager ! »…

18 mai 2016

Telle semble être la tactique des environnementalistes pour tenter de faire barrage à l’évaluation de la FAO et de l’OMS qui soutient que le glyphosate ne présente pas de risque cancérigène.

Nous avons mentionné ici la « colère » des environnementalistes contre cette évaluation qui va à l’encontre de leur idée pré-établie. Greenpeace en a clairement fait état, et, ne trouvant pas d’argument de fond, essaie de ternir la réputation de deux des membres du JMPR[1] les accusant d’avoir des liens avec l’industrie. En particulier, il est reproché à Alan Boobis, professeur à l’Imperial College de Londres, d’être vice-président de la branche européenne de l’ILSI[2]. Pour les besoins de la cause, l’ILSI est présenté comme une organisation de lobbying pro-industrie. En fait, l’ILSI est une association dédiée à la communication scientifique et regroupant des scientifiques du secteur privé, du secteur public et du monde universitaire. Il est donc bien financé en partie par le secteur privé, dont le diable Monsanto.

La félonie et l’ineptie de cette attaque contre l’homme Alan Boobis ont bien été relevées par David Zaruk dans « Comment gagner sans la science : l’argumentum ad hominem » (in English) sur The Risk Monger [Mise à jour du 19 mai 2016 : Sous le titre « Comment prévaloir dans une discussion sans la science : l’argumentum ad hominem« , Seppi a traduit l’article de David Zaruk] :
« Ils [Greenpeace et CEO] s’en prennent à cet éminent toxicologue [Pr A Boobis] comme s’ils traquaient une proie en voie d’extinction. Ils font comme si le Professeur Boobis était en train de quitter les bureaux de Monsanto avec une brouette de billets. C’est une offense trompeuse et pathétique, et assumée comme telle. […] Ils travaillent dur pour exclure quiconque ayant eu un appui financier de l’industrie, mais considère comme négligeable tout conflit d’intérêts des personnes qui soutiennent leur dogme. C’est une manipulation pathétique du processus [de la façon dont fonctionne la science] »

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De plus, nous dit Zaruk, ce genre d’attaque s’effectue en bande, par piques répétées, visant à faire que « la victime finit par fuir, se cacher, s’isoler de toute organisation et se soumette aux brutes »

Au contraire, David Zaruk, ayant eu lui-même affaire à ce genre d’attaques félones, « encourage et soutient le professeur Boobis à rester droit face ces individus indignes, sans foi ni loi, sans savoir ni crédibilité. Si nous fuyons tous et nous cachons, que deviendra la science ? »

Il est à noter que ni Greenpeace, ni le CEO, ni Stéphane Foucart dans son article du Monde que nous  mentionnions ici, n’ont apporté la moindre réponse au JMPR sur le fond.  D’ailleurs, comme le rapporte S Foucart, « Officiellement, l’avis du JMPR n’est pas contradictoire avec celui du CIRC. L’affaire est délicate, les deux organisations étant toutes deux liées à l’OMS. « Le CIRC opère une classification, tandis que le JMPR fait une évaluation des risques, explique-t-on à Genève. On peut, par exemple, classer les ultraviolets comme cancérogènes, mais estimer que l’exposition de la population générale au soleil ne représente pas un risque cancérogène. » »

Là est bien le fond du débat. Là est bien ce que les environnementalistes  s’entêtent à ignorer : il ne faut pas confondre danger et risque.
Les politiciens de l’Union Européenne suivront-ils les individus sans foi ni loi, ou accepteront-ils les avis scientifiques et distingueront-ils donc danger et risque ? Tel est l’enjeu de la décision européenne sur le glyphosate en discussion les 18 et 19 mai 2016.

[1] Le JMPR (Joint Meeting on Pesticides Residues) est une instance scientifique d’évaluation des résidus de pesticides conjointe entre la FAO (Organisation pour l’agriculture et l’alimentation de l’ONU) et l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé)

[2] International Life Sciences Institute