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Qualité de l’air : quels pesticides et d’où viennent-ils ?

05 déc. 2016

Les autorités ont lancé il y a plusieurs années des campagnes de surveillance de l’air en zones rurales comme urbaines. Un des objectifs est de mesurer l’impact des pratiques agricoles sur la qualité de l’air que nous respirons. Les environnementalistes espèrent là avoir un argument de plus contre les pesticides. Sauf que les résultats ne sont pas forcément ceux attendus.

Plusieurs indicateurs permettent d’apprécier la mauvaise qualité de l’air : ozone, oxydes d’azote, particules fines, et… pesticides.

Les Chambres d’Agriculture ont publié une page regroupant le cadre réglementaire européen, et les actions qu’elles ont mises en place tous polluants confondus.

Depuis les malaises d’écoliers liés à un épandage de soufre (autorisé en bio) en Gironde en mai 2014, la pression médiatique s’accroit. Les pesticides font l’objet de toute l’attention.

Des résultats inattendus

Mais les résultats sont beaucoup plus nuancés que ce qui était attendu.
En mai 2016, Actu-Environnement titre « Air : les pesticides sont présents, à la campagne comme à la ville » et relève qu’« Airparif avait réalisé une première étude en Ile-de-France au printemps 2006. En janvier dernier [2016], la Cour des comptes recommandait de mettre en place une surveillance continue des pesticides dans l’air. »
Malgré des moyens insuffisants selon Airparif, les premiers résultats montrent clairement :
– Il y a un pic printanier de présence d’herbicides et de fongicides
– En ville, il y a plus d’insecticides et les teneurs sont plus régulières
– En 10 ans, les teneurs ont globalement baissé de 70% à la ville comme à la campagne
Mais surtout : « Enfin, quinze substances interdites ont été retrouvées dans les échantillons, principalement en site urbain avec 52 mesures sur 66. Airparif explique ce résultat par les usages plus variés en ville, le stockage par les particuliers de produits interdits et le décalage, généralement de deux ans, entre l’interdiction de vente et d’utilisation. Le lindane, interdit depuis 1998 pour les usages agricoles, est mis en avant par l’étude. Sa teneur a baissé de 75% en zone rurale et de 40% en ville. Une des explications pourrait être qu’il a continué à être autorisé pour le traitement des charpentes jusqu’en 2006. »

 Problèmes insoupçonnés et dérangeants

Dans « 94- Agroécologie -4- La qualité de l’air » (en français, in English, en español), Christophe Bouchet part d’études menées dans d’autres régions et plus parlantes encore.
Il montre d’une part toutes les actions mises en place en agriculture pour diminuer les pollutions : buses anti-dérives, panneaux de récupération de bouillie, haies de protection, méthodes alternatives (complémentaires), formulations produisant moins de vapeur, etc.
D’autre part, il constate que « certains capteurs détectent des organochlorés, ou différents types de produits interdits depuis très longtemps en agriculture »
D’où proviennent ces substances ? Il évoque lui aussi les charpentes « dont la provenance est extra-européenne, lâchent dans l’air, 24h/24h des résidus de pesticides interdits en Europe depuis très longtemps. »
Or, constate-t-il, « ces processus industriels […] ne sont pas suffisamment contrôlés, ni en origine, ni lors de leur importation. On ne fait pas d’analyse de résidus sur des bois d’œuvre, sur des tissus ou sur des peaux.
Pourtant, ces matériaux emplissent nos maisons, nos bureaux et les lieux publics.
On contrôle les aliments, c’est bien normal. Ce que nous ingérons doit être sûr, nous sommes tous d’accord là-dessus.
Mais cette étude, clairement ciblée sur les pratiques agricoles, pourrait révéler de nombreux problèmes insoupçonnés jusqu’alors et qui pourraient déranger bien des gens.
Il a déjà fallu, il y a peu de temps, et ça a coûté une fortune aux Etats, désamianter tous les bâtiments. Imaginez s’il faut maintenant démonter une par une toutes les charpentes ou mettre au rebut des millions de meubles ou d’accessoires divers et variés. »

Seule une partie de ces études sur l’air a été publiée. « Les politiciens qui ont lancé cette étude, avec l’évidente idée derrière la tête d’arriver à court ou moyen terme, à l’interdiction de nombreux pesticides, pourraient se retrouver devant un problème bien plus sérieux, difficile et couteux à résoudre. Une sorte de retour du bâton, d’un dogmatisme irraisonné. »

Notre conclusion

Tout ceci alors que les mesures le montrent : la pollution atmosphérique diminue drastiquement. Certes, surveiller et diminuer les taux de polluants atmosphériques est intrinsèquement un objectif louable. Mais un peu moins d’idéologie environnementaliste et d’hypocondrie et une réglementation équilibrée s’appuyant un peu plus sur les faits et les preuves scientifiques seraient les bienvenus.
Messieurs les environnementalistes, de l’air ! L’air du temps que vous nous faites respirer est sans doute beaucoup plus pollué que l’air réel.

Actualisation au 06 décembre 2016
Seppi a commenté l’article de Christophe Bouchet comme suit:
« On peut aussi lire avec intérêt : « Un scandale dont personne ne parle… les peintures de façades » http://seppi.over-blog.com/2016/11/un-scandale-dont-personne-ne-parle.les-peintures-de-facades-willi-l-agriculteur-qui-ne-veut-pas-que-sa-maison-ait-longtemps-un-aspec
Je n’ai fait que traduire »

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