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Le glyphosate est sûr selon l’ECHA. Allez l’UE, un peu de courage !

16 mars 2017

L’Agence Européenne pour les produits chimiques (ECHA) confirme que le glyphosate n’est pas cancérigène. La sphère environnementaliste, à court d’argument de fond, crie au scandale. L’Union Européenne (UE) arrivera-t-elle à venir à bout de ce dossier ?

Lire le comuniqué de presse de l’ECHA (in English).

Le Groupe de travail sur le Glyphosate, regroupant les firmes commercialisant du glyphosate, se félicite de cet avis dans un communiqué de presse, constate que cet avis « renforce les résultats d’autres évaluations » et conclut : « S’ils prennent en compte cette dernière évaluation rigoureuse, les États membres ne peuvent plus faire obstacle à l’autorisation du glyphosate dans l’UE »

Des environnementalistes furieux

Les ONGs environnementalistes sont quant à elles furieuses. Pour Générations Futures (GF), ONG anti-pesticides par principe, l’ECHA « contredit l’avis de l’autorité mondiale sur la question du cancer ! ». Selon GF, cette « autorité mondiale » est le CIRC, organisation liée à l’OMS, seule agence au monde à avoir classé le glyphosate comme cancérigène probable (au même titre que la viande rouge… et moins que la charcuterie!), sans prise en compte des doses d’exposition. GF, comme les autres ONGs environnementalistes, oublient que toutes les autres agences ayant évalué le glyphosate ont conclu à son innocuité concernant le cancer. Y compris OMS (la maison mère du CIRC), EPA, EFSA, BfR[1] et maintenant ECHA)
Pour tenter de donner quelque crédit à leur position, GF et d’autres ONG s’accrochent à accuser les agences d’être entachées de conflits d’intérêt.

Dans « Glyphosate : le Monde en guerre, avec une coalition d’ONG, contre l’ECHA », Seppi montre comment « les journalistes militants du Monde- les militants dotés d’une carte de journaliste » tentent de noircir l’ECHA, voire de la dénigrer. Y compris en taisant la réponse de l’ECHA à ces accusations.
Une autre manœuvre grossière doit être dénoncée. Le Monde écrit « « L’agence d’expertise prend ainsi le contre-pied de l’Organisation mondiale de la santé. » Cette façon de présenter les choses est d’ailleurs reprise par d’autres « militants dotés d’une carte de journaliste ». Par exemple Véronique Rebeyrotte sur France Culture. Ce n’est pas la vérité. Certes le CIRC, instance de l’OMS, a pris la position que l’on sait. Mais l’OMS et la FAO, dans le cadre du JMPR[2], ont estimé que « le glyphosate ne pose vraisemblablement pas de risque cancérogène pour l’Homme. »

Des médias moins militants

Bien qu’ayant une position moins caricaturale, la plupart des médias expriment une opinion très influencée par l’opinion environnementaliste.

Par exemple :
Pourquoi Docteur termine son article « Glyphosate : une agence européenne dément son caractère cancérigène » en colportant la rumeur infondée de Ségolène Royal selon laquelle le glyphosate serait un perturbateur endocrinien !
Actu-environnement, sous le titre neutre de « Le glyphosate n’est pas cancérogène selon l’Agence européenne des produits chimiques » laisse pratiquement toute la place à GF.
Pour l’Express, le glyphosate est un « sulfureux dossier qui divise l’Europe depuis deux ans. » Bien que laissant la conclusion lui aussi à GF, l’article est assez complet sur l’historique du dossier.
Plus nuancé, sous le titre, « Glyphosate Non cancérogène pour l’Agence européenne des produits chimiques », La France Agricole fait état des différents points de vue.

Aller l’Europe : un peu de courage !

Jusqu’à maintenant, la Commission Européenne a cherché le compromis avec les Etats Membres qui jouent le jeu des ONG. En vain. Mais a tout de même promis de re-proposer l’autorisation si l’avis de l’ECHA était favorable. Nous y sommes. La Commission doit proposer une décision qui doit être prise avant la fin de l’année.
Dans « GlyphoSafe (GlyphoSûr) : 8 points pour le Commissaire Européen Andriukaitis » (in English, en français (traduction par Seppi)), David Zaruk, The Risk Monger, enfonce le clou. En résumé, ses 8 points sont :
Sûr = Sûr : Vous devez respecter l’avis de l’EFSA , du BfR et maintenant de l’ECHA
Le mot « compromis » n’existe pas dans le lexique des activistes : Si vous faites des concessions, cela ne les arrêtera pas.
Vous devez faire preuve de courage : Ces ONG ne laisseront pas de répit et vous attaqueront personnellement. Mais vous avez besoin d’être fort : ces activistes attaquent quand ils sentent la faiblesse.
Vous devez vous lever pour la science : Il faut clairement indiquer que la politique européenne s’appuie sur la science et pas sur les dogmes militants.
Vous devez être un leader : Vous devez être aux côtés des agriculteurs contre certains Etats Membres qui répètent les sornettes des militants et des lobbys de l’industrie bio.
Les agriculteurs ont besoin de savoir qu’ils peuvent compter sur vous : Ils ont besoin d’outils pour prévoir leurs assolements et, oui, pour nourrir l’Europe. Leurs moyens d’existence ne sont pas un jeu politique.
C’est une question d’honnêteté : Les groupes qui jouent aux marchands de peur avec le glyphosate sont, désolé de le dire, éthiquement contestables. Ils picorent les données scientifiques pour alimenter la peur. Les ONGs doivent apprendre que l’intégrité morale est importante.
Des politiques européennes pour des citoyens européens : Les opportunistes qui ont inondé Bruxelles avec leurs avocats et financé l’activisme avec des dollars US doivent entendre le message qu’ils ne sont pas les bienvenus chez nous.

La lecture de l’intégralité de l’article vaut la peine. Malgré une tonalité quelquefois sans nuance sur les ONG, nous ne pouvons que souscrire à l’ensemble de son diagnostic et de ses propositions. De plus, comme le souligne Seppi, ces points « sont évidemment aussi pertinents pour les membres des gouvernements, présent et à venir, français ».

Notre conclusion

Comme nous l’écrivions dans « Adieu glyphosate ? Adieu l’Union Européenne ? Adieu la science ? », les Etats Membres qui ignorent les avis scientifiques et suivent l’opinion facebook, « contribuent à la décrédibilisation de la réglementation de l’UE au niveau mondial. Ils contribuent à la renationalisation de toutes les décisions réglementaires. Ils contribuent à la dislocation de l’UE. Ils alimentent les courants populistes les plus vulgaires. »

La situation actuelle est critique. A force d’indécision, l’UE apparait faible. Elle joue sa crédibilité, sur ce dossier comme sur beaucoup d’autres. Elle est en crise. Aujourd’hui plus que jamais, il est de la responsabilité de l’Union Européenne, et de tous nos gouvernants, de prendre des décisions basées sur la science et de cesser d’alimenter les dérives populistes.

Pour aller plus loin :
« Devez-vous avoir peur du glyphosate ? [Replay] » (Stéphane Adrover, Contrepoints)
« [Avis d’expert ] « Pourquoi l’Europe doute-elle du Glyphosate ? », accuse Jean-François Proust animateur du Forum Phyto » (L’Usine Nouvelle)
« 17 questions/réponses sur le glyphosate (Thoughtscapism) »
« Pour sourire et s’instruire : peut-on boire du glyphosate ? »

[1] OMS : Organisation mondiale de la santé. EPA : agence américaine de l’environnement. EFSA : agence européenne pour la sécurité des aliments. BfR : Agence allemande de sécurité chargée par l’UE de l’évaluation du glyphosate

[2] Joint FAO/WHO Meeting on Pesticide Residues (Réunion Conjointe de la FAO et de l’OMS sur les Résidus de Pesticides)

Actualisation au 17 mars 2017 :
Un lecteur nous mentionne deux exemples d’autorités nationales s’étant prononcées pour le maintien du glyphosate du fait de son bon profil toxicologique :
La Nouvelle Zélande. Voir le communiqué de presse de son agence de l’environnement : « Un rapport de l’EPA conclut que le glyphosate n’est probablement pas cancérigène » (in English)
La Suisse, petit pays si écolo-bio. Voir : « « Pas question d’interdire le glyphosate, dit le National » C’est en Suisse… »

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