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Réagir aux idées fausses sur Internet : « un travail de Sisyphe », mais absolument nécessaire (Gérald Bronner)

26 avril 2017

« Il faut réguler le marché de l’information sur Internet » est une interview de Gérald Bronner, sociologue universitaire parue dans le magazine Pour la science. A l’heure d’Internet, les « coûts d’entrée sur le marché de l’information sont devenus quasi-nuls ». Par divers mécanismes, bien analysés par G Bronner, « Internet fertilise l’empire des croyances. »

L’analyse de G Bronner porte principalement sur les vaccins, le conspirationnisme, les théories du complot.
L’agriculture n’est pas évoquée dans cette interview. Mais remplacer « vaccins » par « pesticides » ou « OGM » est malheureusement pertinent.

Face à ce constat pessimiste, que faire ? Faut-il renoncer à démentir les idées fausses qui circulent sur Internet ?

Réponse de G Bronner : « si l’on ne réagit pas aux idées fausses, les indécis ne disposeront pas de contre-arguments et se laisseront influencer encore plus facilement. D’autant que ceux qui s’expriment le plus sont généralement les plus croyants, les incrédules étant indifférents ou moins motivés. Pour la population des indécis, et notamment pour les jeunes, dont les opinions et la vision du monde sont encore malléables, et le sens critique encore faible, il est donc fondamental d’apporter la contradiction. Même si c’est un travail de Sisyphe ».

A la question de ce qu’il faudrait faire plus globalement, G Bronner répond et conclut : « Ceux qui se taisent devraient s’exprimer davantage. Enfin, nous avons besoin d’une révolution pédagogique, où l’on intégrerait aux programmes scolaires, dès que l’âge des élèves le permet, une initiation aux biais cognitifs (biais de confirmation, biais de représentativité, etc.) qui peuvent fausser notre jugement et notre perception de la réalité. Par exemple, quand on enseigne la théorie de l’évolution ou l’héliocentrisme, il faut aussi pointer le caractère contre-intuitif de ces théories et ainsi expliquer pourquoi elles ont été difficiles à accepter. […] Face à Internet, le défi est que les individus soient suffisamment éclairés et critiques pour être capables de s’orienter dans le marché de l’information. »
Une question, cependant, n’a pas été posée et il serait problématique d’y répondre : Comment faire pour que l’autorité qui « régule » ne soit pas contestée, et surtout pas contestable ?

Cependant nous recommandons bien sûr la lecture de l’intégralité de l’article.

Pour aller plus loin :
– « A lire et à écouter : La démocratie des crédules, Gérald Bronner »
– « « Avons-nous tort d’avoir peur ? » (Gérald Bronner sur France Culture) »

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