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Pourquoi cette peur ?

07 juin 2017

Dans « Pourquoi cette peur des vaccins ? », Ronan Rouxel, docteur en immunologie et virologie, détaille les « biais cognitifs » qui peuvent amener tout un chacun à prendre des décisions inappropriées. R Rouxel écrit sur le sujet de la vaccination, mais il nous avertit : « Cet article peut d’ailleurs tout à fait être relu en remplaçant les termes liés à la vaccination par d’autres mots-clefs tels que les OGM, les aliments bio, le clonage, etc. ». Il aurait aussi pu dire « pesticides », un autre mot qui fâche…

« Un biais cognitif est un mécanisme inconscient de pensée déterminé par notre culture, notre âge ou nos croyances et qui influence de nombreux choix que nous devons faire au quotidien. »

Les biais cognitifs passés en revue sont :
L’effet Dunning-Kruger, ou effet de sur-confiance : L’excès de confiance en soi dans les domaines que l’on ne connait pas bien
Le biais négatif : La survalorisation des informations négatives
L’attribution explicative : « L’idée est que, pour chaque situation, il doit y avoir une cause. » Ce qui est une fausse bonne idée.
Le biais de confirmation : La survalorisation des informations qui confortent un point de vue déjà établi.
Le biais primitif ou biais d’ancrage : Le premier argument intervenu prime
Le biais d’omission : « Le risque d’une action dangereuse est jugé moins acceptable que l’inaction »
Le biais d’individualité : Se mettre inconsciemment hors de la société
Le biais naturaliste : Préférer le naturel à l’artificiel
Le biais de perception : L’évaluation de la balance bénéfices/risques est faussée par ce que notre contexte nous permet de percevoir.

R Rouxel explicite et illustre chacun de ces biais auxquels nous pouvons tous être sensibles, mais qui nous trompent.

Il conclut : « Le seul moyen de ne plus avoir peur de ce qui se cache dans l’obscurité est d’allumer la lumière et d’aller voir l’origine du bruit.[…] Dans les familles et en collectivité, il faut aborder les discussions, amener les arguments raisonnés et scientifiques, appuyer la discussion avec des photos d’individus malades pour visualiser ce que sont ces maladies disparues, interroger les plus âgés d’entre nous sur la vie au temps de la coqueluche et de la poliomyélite.[…] Il n’y a qu’en apportant une information éclairée, individuelle, que l’on pourra diminuer cette crainte des vaccins. »

Cette conclusion pourrait être reprise quasiment mot pour mot à propos des « pesticides » et de l’agriculture : Détailler ce qu’est l’agriculture aujourd’hui, s’appuyant sur des connaissances scientifiques solides, rappeler que le « bon vieux temps » est une illusion, rappeler la pénibilité du travail agricole il n’y a pas si longtemps. Un travail de longue haleine. Un travail de Sisyphe, à recommencer en permanence. Mais un travail absolument nécessaire et même vital.

Pour aller plus loin :
« Réagir aux idées fausses sur Internet : « un travail de Sisyphe », mais absolument nécessaire (Gérald Bronner) »
« A lire et à écouter : La démocratie des crédules, Gérald Bronner »

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