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Etats Généraux de l’Alimentation : pour un vrai débat, sur l’économie

08 août 2017

Dans de précédents articles (ici et ici), nous avons montré comment grande distribution et ONG environnementalistes tentent de détourner les Etats Généraux de l’Alimentation (EGA) de leur objectif, utilisant l’agriculture bashing au service de leur intérêt propre.
Plusieurs articles détaillent ce risque et donnent des pistes qui peuvent aider les agriculteurs à intervenir dans le débat.

Dans « De quoi avons-nous besoin : d’états généraux de l’alimentation ou d’un new deal pour l’agriculture ? », Hervé Pillaud, éleveur vendéen, constate l’énorme potentiel agricole de la France.« La France possède en matière agricole des possibilités bien au-delà de la capacité à nourrir sa population, riche de la qualité de ses sols, de l’excellence de ses troupeaux et de la compétence de ses professionnels. Ce n’est donc pas de l’enjeu alimentaire qu’il faut se préoccuper, mais bien du triple enjeu agricole : souveraineté alimentaire, qualité environnementale et rayonnement international. L’agriculture sera demain ce que nous voudrons en faire ! »
Pour lui, « le besoin [des consommateurs] de connaitre ce qui se trouve dans leur assiette est légitime ». Et « l’utilisation conjuguée du digital et d’internet » contribue à répondre àce tte demande de transparence. Il récuse « les faiseurs de peur [qui] se sont établis un fonds de commerce juteux » Ce n’est pas sur ces peurs et ces « post-vérités » que nous voulons mettre en place des états généraux de l’alimentation.
Nous devons raisonner en termes de « Géopolitique », nous dit-il. Si nous n’y prenons pas garde, les prix agricoles pourraient être « fixés à Pékin ? » Evidemment, c’est une image, mais une image parlante.
Sa conclusion : « L’agriculture française doit être tournée vers l’avenir, capable à la fois de satisfaire notre souveraineté alimentaire (c’est le cas) mais aussi de contribuer à notre rayonnement international sur le plan économique, en développant notre capacité d’exportation de denrées d’excellences et de savoirs faires économiques, sanitaires et environnementaux. Il est là le new deal à offrir à notre agriculture ! »
Dans « « États Généraux de l’Alimentation » l’exploitation agricole est oubliée ! » : une tribune dans les Échos », Seppi rend compte d’une tribune de Jean-Marie Séronie, économiste, dans Les Echos. Cette tribune est principalement axée sur le partage de la valeyr dans la chaîne alimentaire et « besoin urgent de clarifier notre vision et de construire un programme d’actions sur l’adaptation des exploitations agricoles familiales « à la française » à l’économie de marché afin de les rendre saines et durables »

L’article « Les mathématiques du blé et du pain » par Seppi parle peu des EGA. Mais il peut être utile pour comprendre tout ce qui tourne autour du partage de la valeur. En France, une baguette de pain coûte en moyenne 0.87€. La part de l’agriculteur est aux alentours de 3 centimes. Ne tombons toutefois pas dans le simplisme de la contestation des intermédiaires : « il faut souligner qu’ils ont aussi des frais et des charges. Ainsi, le site boulangerie.net a calculé des salaires et charges salariales équivalant à 53 % du prix de la baguette en 2011. » Mais il n’en reste pas moins que « si on doublait le prix payé à l’agriculteur pour son blé, sans répercussion sur les marges des intervenants suivants de la filière, la baguette augmenterait de… 3 centimes. »

Soulignons enfin une nouvelle fois la volonté d’acteurs majeurs de la grande distribution de détourner le débat des EGA vers la question du modèle d’agriculture en surfant bien sûr sur l’agriculture-bashing, sport favori de certaines ONG marchandes de peur. Cette volonté est fort bien analysée une nouvelle fois par Seppi dans « États Généraux de l’Alimentation : les recettes de Michel-Édouard Leclerc » les appels de MEL[1] à « refonder notre modèle agro-alimentaire » et le besoin de « développer des narrations individuelles créatrices de valeur » peuvent faire illusion. Mais nous acquiescerons à la conclusion de Seppi : « on concédera à M. Michel-Édouard Leclerc qu’il a mis le doigt sur une question fondamentale : « Payer plus cher ? Pourquoi pas, mais pour quoi ? L’élection présidentielle crée l’opportunité du changement, mais n’a pas boosté le pouvoir d’achat. Il va falloir de la pédagogie, une démarche collective. » C’est dit par un des participants les plus agressifs dans la course au moins cher… Et on ne voit pas dans cette tribune l’ombre d’un soupçon de commencement de début de pédagogie et de démarche collective. Au fond, pour M. Michel-Édouard Leclerc, c’est : « Pas question de toucher à mon blé ! » » (fin de citation)

Dans « Système U : hors sujet ! », Stop-Intox fait une brève analyse du double discours et des contradictions de Serge Papin, dirigeant de Système U, en partant de l’exemple du poulet « sans OGM » de Système U.
Système U fait une large communication dénonçant des substances « controversées » qu’il déclare bannir de ses rayons. Pour Stop-Intox, « Il s’agit en fait d’une stratégie marketing visant à créer un territoire d’image, facile à construire puisque basé sur la peur. » Mais « si le groupe de Serge Papin poussait sa logique jusqu’au bout, il n’y aurait plus grand-chose dans les rayons de ses magasins. Devrait-il retirer toute la charcuterie actuellement en vente puisque d’après le CIRC (mot cliquable vers source), la charcuterie est cancérigène. Devrait-il également arrêter la vente de tous ses téléphones mobiles, ces derniers émettant des ondes ? »
Stop-Intox conclut : « Comment Système U travaille-t-il avec [les éleveurs] ? L’enseigne leur permet-elle de vivre décemment ? Quels engagements Serge Papin prend-il pour soutenir la filière volaille ?  Voilà les vraies questions qui intéressent les consommateurs. On attend la réponse. »
Pour aller plus loin sur la démarche marketing de Système U, voir : « Substances « controversées » : Système U, faites votre travail jusqu’au bout ! »

Valorisation des produits: La pédagogie et le collectif selon Michel-Edouard... Leclerc...

Valorisation des produits: La pédagogie et le collectif selon Michel-Edouard… Leclerc…

[1] Michel-Edouard Leclerc pour les intimes