Europe et international, Union Européenne

Néonicotinoïdes et abeilles : Evaluation de l’EFSA. Et après ?

23 janv. 2013

Dans un communiqué de presse, l’EFSA (Agence Européenne de Sécurité des Aliments) annonce avoir identifié des risques liés à trois insecticides néonicotinoïdes : clothianidine, imidaclopride, thiaméthoxame, utilisés principalement comme traitement des semences. Ces risques sont : Exposition au pollen et au nectar (sur les cultures attirant les abeilles), exposition aux poussières lors des semis sur la plupart des cultures, exposition à la « guttation » (gouttelettes d’eau produite par certaines plantes, l’évaluation a été effectuée sur le maïs).Qu’en est-il exactement ?

 

Analyse et réactions

La nouveauté de cette évaluation est qu’elle prend en compte des risques plus faibles, voire hypothétiques afin de mieux protéger les abeilles et les pollinisateurs. Lorsqu’elle identifie un risque, l’EFSA ne propose pas de mesure visant à réduire ce risque et, en parallèle, n’évalue pas les bénéfices.

L’ANSES (agence Française) « appelle à la finalisation du nouveau document d’orientation européen pour actualiser l’évaluation des substances et produits phytopharmaceutiques dans le cadre de règles renforcées au regard des risques pour les colonies d’abeilles. » Mais souligne aussi que « le phénomène de mortalité des abeilles est d’origine multifactorielle. » Voir le point d’information complet de l’ANSES.
Dans un communiqué de presse, S Le Foll, ministre français de l’agriculture, retenant que les risque pour les abeilles sont « élevés », « est satisfait de la réactivité de la Commission et demandera que des mesures appropriées soient prises rapidement et mises en œuvre dans les meilleurs délais. »

Si elles veulent le maintien des autorisations, les firmes concernées devront fournir des données supplémentaires et expliquer à nouveau et plus en détail comment les risques peuvent être réduits.

 

De nombreux titres de presse, en particulier environnementalistes, ont repris cette information en mentionnant les « conclusions inquiétantes de l’EFSA », les « risques pour les abeilles ».  Voir par exemple les articles de l’AFP, de la France Agricole ou du Journal de l’environnement (accès restreint)
Europolitique (accès restreint) mentionne la demande de PAN, une ONG anti-pesticides, d’interdiction des néo-nicotinoïdes.

 

Implications économiques

Sous le titre « Interdire les néonicotinoïdes pourrait coûter 4.5 milliards € à l’économie de l’UE » (in English), le Farmers Guardian (UK) fait part des conclusions d’une étude économique menée à la demande de COPA-COGECA (syndicat européen des agriculteurs et coopératives), ECPA (firmes phytosanitaires) et ESA (semenciers).

Voir l’étude complète de Copa-Cogeca, ECPA et ESA (in English, pdf 3MO).
Car au-delà de l’aspect purement technique (l’interdiction des néonicotinoïdes serait-elle réellement un atout pour les abeilles ?), il ne faut pas oublier que ces insecticides sont largement utilisés au niveau mondial. Les interdire uniquement en Europe pourrait conduire à un grave problème économique.

 

On peut enfin s’étonner que, à part leur mention par l’ANSES, les facteurs principaux de la santé des abeilles ne soient pas mieux pris en compte par les autorités européennes et nationales : lutte contre les parasites et les maladies, plus d’implantations de plantes mellifères en continu sur l’année, etc.
Le risque est grand que, si l’UE interdit les néonicotinoïdes, cela ne change rien à la santé des abeilles, mais que ce soit un handicap très lourd pour toute l’agriculture européenne.

 

une jachère fleurie, un des facteurs de santé des abeilles

une jachère fleurie : un facteur important de santé des abeilles