Divers, Veille sociétale

« De la « vermine » dans les cantines : la filière bio incriminée à tort » (?) (Bastamag)

22 janv. 2014

Sous ce titre, mais sans point d’interrogation ( !), Bastamag signe un plaidoyer pour défendre l’agriculture bio, attaquée de toutes parts suite à plusieurs incidents en quelques semaines dans des cantines scolaires à Marseille : des mites dans du riz camarguais, des chenilles dans des brocolis bio, « un corps étranger d’origine animale, peut-être des vers » dans une barquette de chou-fleur bio.

 

Réactions en chaîne dans les médias

Depuis quelques jours, le débat fait rage dans les médias et sur les réseaux sociaux : pour ou contre le bio dans les cantines ?

Le Parisien parle du dégoût, compréhensible, des enfants de CM1-CM2 signalant « aux cantinières un drôle de «truc» dans leurs assiettes ».
Plusieurs médias parlent de sécurité des enfants mise en cause.
Pourtant aucun de ces incidents ne porte de fait sur la sécurité des aliments : Après tout il ne s’agissait que de supplément de protéines et pas d’éléments toxiques… et « les enfants n’ont pas mangé de repas suspects, qui ont été remplacés par des plats de substitution »
Sur le blog Changeons la cantine, les parents d’élève crient au scandale contre Sodexo.

Libération titre « Chou-fleur suspect à la cantine », et rend compte de la décision de la mairie : « il a été décidé, jusqu’à ce que ces enquêtes livrent leurs conclusions, de «supprimer des menus des enfants les brocolis et les choux», dont les têtes sont difficiles à inspecter , a dit Mme Casanova. «Et le riz avec lequel on a eu des problèmes» ».
Supprimer les légumes à la cantine : est-ce bien raisonnable ?

Le reportage de BFMTV est assez factuel: 140121reportagevideoBFMTV

L’article de Bastamag cite la position de JC Gaudin, le maire de Marseille qui affirme : « On a mis – pour faire plaisir aux Verts, qui ne m’en félicitent jamais – 30% de nourriture bio. C’est pour cela qu’on a eu d’ailleurs les asticots dans le riz, voilà ! »

Mais préfère la version de la fédération Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur qui « dénonce ces « confusions manifestes ». Et rappelle qu’ « en bio, la « vermine » n’est pas plus tolérée qu’en conventionnel. Les agriculteurs bio traitent, mais sans utiliser des produits de synthèse toxiques pour la santé et l’environnement. » »

Le fond de l’affaire

Le riz incriminé est « local » et n’est pas bio. Il est probable qu’à un moment ou un autre les conditions de conservation n’ont pas été respectées. L’enquête devra le déterminer.

Pour ce qui est de la présence de chenilles ou d’insectes dans des choux-fleurs ou des brocolis, personne n’est à l’abri de tels incidents.
En agriculture dite conventionnelle, les producteurs utilisent des techniques de protection intégrée privilégiant les auxiliaires biologiques lorsque c’est possible, et n’utilisant les produits de protection des plantes qu’à partir d’un certain seuil de nuisibilité. Les champs ne sont pas des salles blanches d’hôpitaux. Des conditions climatiques telles que celles de ces dernières semaines peuvent favoriser l’apparition de parasites Et il est parfois difficile de les détecter à la récolte.

Le débat émotionnel actuel ne devrait pas faire oublier quelques vérités de base :
Dans la nature, il y a des éléments indésirables. Ici des insectes ou des chenilles inoffensifs. Mais ce peut être aussi des plantes toxiques ou des mycotoxines dangereuses.
– Il est clair qu’il est encore plus difficile pour les producteurs en agriculture biologique, qui s’interdisent certains produits de protection, d’éviter la présence d’insectes ou de chenilles dans des têtes de chou-fleur ou de brocoli.
Les professionnels de l’alimentation (agriculteurs et sociétés de restauration) doivent faire preuve de la plus grande vigilance pour éviter de tels incidents. Mais sans jamais être complètement à l’abri.
– Il importe de laisser l’enquête se dérouler jusqu’au bout, sans préjuger de son aboutissement.