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Usages orphelins en bananes biologiques en France…

09 Sep 2016

1609BananesBio Le bureau d’études AND International a publié en 2014 une « Étude Expertise-action sur le développement  de l’agriculture biologique dans les DOM », financée par l’ODEADOM (Office de développement de l’économie agricole d’outre-mer).

Cette étude liste les opportunités et les difficultés de développement pour l’ensemble des productions agricoles bios et établit des recommandations.
L’agriculture bio d’outre-mer rencontre des difficultés propres, « notamment en raison du manque de terres dans les îles, d’un climat contraignant mais aussi de la faiblesse de l’encadrement technique et d’un manque d’intérêt de la part des acteurs des filières dominantes ».
Pourtant la demande, locale et en métropole, est là et « des producteurs s’installent, se développent ou cherchent à le faire », surtout en fruits et légumes. Mais « les moyens humains sont dispersés, leur impact est amoindri par les rivalités entre groupes de producteurs et/ou institutions et, au final, les savoir-faire techniques progressent peu, les producteurs les moins expérimentés connaissant de graves difficultés, ce qui ne serait pas le cas avec un conseil agricole efficace et présent. »
Bref, comme pour le bio en métropole, « il est possible d’accentuer le développement [du bio] dans les DOM, en consacrant un peu plus de moyens et, surtout, en les organisant mieux. » 

Les usages orphelins dans les DOM

Un des intérêts du document pour les lecteurs de ForumPhyto est qu’il identifie clairement « la problématique phytosanitaire dans les DOM » en l’illustrant par le cas de la banane bio.
Voir pages 78-79 du document.
« Trois spécialités commerciales sont donc autorisées en France pour le traitement des cultures de bananes biologiques. A titre de comparaison, la République Dominicaine autorise dans le cas de la culture de banane biologique vingt-cinq spécialités commerciales en pré-récolte et huit en traitement post-récolte.  Comme on peut parfois l’observer en métropole, la taille restreinte du marché des produits phytosanitaires biocompatibles dans les DOM n’incite pas au dépôt de dossiers de demande de mise sur le marché. En effet, la procédure d’AMM est longue (jusqu’à 10 ans) et coûteuse, et souvent peu rentable pour les firmes de produits phytosanitaires dans la perspective d’un usage très faible. »
Un tableau comparatif suit qui est particulièrement parlant. (pp 80-84)

Notre conclusion

En France, toute l’agriculture est maintenant concernée par les usages orphelins.
Les fruits et légumes conventionnels le sont plus et depuis plus longtemps du fait de l’étroitesse de chacun des marchés pour les firmes phytosanitaires, mais aussi du fait de la phobie des pesticides entretenue par des ONG anti-pesticides par principe qui pèse sur la décision publique.
Les fruits et légumes conventionnels des DOM sont évidemment encore plus concernés puisque le marché l’approvisionnement est encore plus petit pour chacune des productions. D’autant plus que les conditions climatiques sont favorables à de nombreux parasites et maladies différents de ceux de la métropole.
Les fruits et légumes bios détiennent sans doute le pompon… La réticence des acteurs bios à « avouer » qu’ils utilisent aussi des pesticides, ce qui pourtant est légitime, ne fait qu’accroître la difficulté d’obtenir des solutions.

Pour aller plus loin :
« Les Usages orphelins (usages non-pourvus, usages mineurs) »
« Usages orphelins : facteurs aggravants, facteurs positifs »