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Une alimentation pratiquement sans résidus de pesticides (EFSA)

20 avril 2017

Logo EFSA L’EFSA (Agence Européenne de Sécurité des Aliments) a publié son rapport annuel sur les résidus de pesticides dans l’alimentation : « Résidus de pesticides dans les aliments : le risque pour les consommateurs reste faible. » Le titre est scientifiquement correct, car jamais un scientifique ne dira qu’il n’y a aucun risque. Malheureusement, pour les médias, c’est sans saveur, voire ambigu.

Voir le communiqué de presse de l’EFSA (in English, en français)

Voir l’intégralité du rapport de l’EFSA et une version interactive (avec graphiques, cartes…) (all in English)

Les médias ont repris les conclusions de l’EFSA sans plus approfondir : faible nombre de dépassements en continuité par rapport aux années précédentes. En particulier : « 53,3 % des échantillons testés étaient exempts de résidus quantifiables tandis que 43,9 % contenaient des résidus ne dépassant pas les limites légales. » Moins de 3% des échantillons dépassaient les limites admises par l’UE.

Une nouvelle fois, il faut souligner que, compte-tenu des marges de sécurité très importantes lors de l’établissement des LMR[1], l’ingestion occasionnelle d’un aliment non conforme ne présente pas de risque particulier.
Deux points mériteraient sans doute d’être analysés plus profondément :
Les aliments importés sont plus souvent en dépassement. Cela n’a pas d’implication sur la santé des consommateurs et est plutôt lié au fait que quand un pesticide n’est pas autorisé dans l’UE, si le pays exportateur n’a pas fait de demande spécifique, les LMR sont extrêmement basses (en général 0.01 ppm).
Les aliments bios sont seulement quatre fois moins en dépassement de LMR (pour des pesticides de synthèse) que les aliments conventionnels. Il est très probable que de tels dépassements ne sont pas dus à des contaminations croisées (dérive de traitement par exemple), mais bien à des utilisations frauduleuses. En supposant que les producteurs bios indélicats en question n’aient pas des pratiques pires que les producteurs conventionnels quant à l’utilisation des pesticides de synthèse, ceci pourrait signifier que ¼ des aliments bios disponibles sur le marché ne sont pas réellement bios… La santé du consommateur n’est absolument pas en cause. Mais on a le droit d’être interrogatif.

Dans « Résidus de pesticides dans les aliments : l’EFSA dribble Cash Investigation », Seppi fait une analyse assez détaillée du rapport de l’EFSA.
Seppi estime lui-même que son « titre est putassier. Mais comment attirer le lecteur à qui il faut dire et répéter que son alimentation est saine au regard des résidus de pesticides ? »

Il aborde la question des résidus présents dans les produits bios. Il le fait avec une modération certaine, en particulier lorsqu’il conclut sur le sujet : « Nous noterons pour notre part que, quand on trouve des résidus en quantités quantifiables, l’hypothèse de la dérive du traitement effectué par le voisin paraît fort ténue. »

[1] Limites Maximales de Résidus. Voir ici pour plus d’explication.

Commentaire d’une lectrice :
Je me permets un commentaire au sujet de votre article sur le récent rapport de l’EFSA. Nous avons récemment eu plusieurs cas de contamination de parcelles par un produit phytosanitaire, avec des résultats quantifiables, chez plusieurs producteurs. Il est clair, vu les éléments recueillis sur le terrain et les cultures en question, qu’il ne s’agit pas d’un usage illégal de la molécule, mais d’une dérive à partir des parcelles voisines. Il me semble donc que votre conclusion sur les usages illégaux sur les productions biologiques devrait être modérée.
Malheureusement, ces exemples montrent que des dérives peuvent, dans certains cas, concerner des quantités suffisantes de produit pour que les LMR soient dépassées sur les cultures voisines, sans qu’il y ait eu mésusage.
Merci pour votre site, source d’informations toujours intéressantes.

Notre réponse :
Peut-être aurions-nous dû préciser : « Il est très probable que, la plupart du temps, de tels dépassements ne sont pas dus à des contaminations croisées (dérive de traitement par exemple), mais bien à des utilisations frauduleuses »
Cependant, notre interrogation de fond demeure. En effet :
– Certes, dans quelques cas précis et documentés, il peut arriver qu’une dérive entraîne un dépassement de LMR
– Mais ceci peut arriver aussi à des cultures menées en conventionnel. A priori, il n’y a pas de raison que ceci arrive dans des proportions différentes.