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Bio, « trade » ou « mouvement » : vif débat aux USA

13 oct. 2017

« Keep the Soil in Organic » (in English) (« Conserver le Sol en Bio ») est un site Internet qui a débuté par une pétition aux USA d’agriculteurs et consommateurs bios désirant que la certification bio ne puisse pas être accordée aux productions issues d’une agriculture hydroponique (« hors-sol »).

Le débat sur la question fait rage aux USA. Il oppose la Coalition pour du bio durable et un mouvement d’agriculteurs et de consommateurs attachés aux valeurs historiques et/ou fondamentales du bio, dont le lien au sol. Ce mouvement estime que la Coalition devrait être appelée Coalition pour des profits durables et que cette dernière « n’a jamais fait partie de la communauté bio. »
La Coalition, pour sa part, estime que, pour satisfaire la demande croissante en produits bios, la certification bio doit évoluer pour permettre une production à plus grande échelle.

D’autres pages du site Keep the Soil in Organic valent la peine d’être consultées :
– « La Coalition pour des profits durables déclare la guerre au programme bio national au Senat » (in English)
– « La réunion finale » (in English), avec beaucoup d’éléments du débat au Sénat américain.

La grande distribution s’intéressant maintenant au bio, la question de la définition même du bio évolue et se pose partout dans le monde occidental (là où se trouve les consommateurs). Nous avons mentionné l’existence d’un débat analogue en France. Voir « Entre bio « historique » et bio « industriel » : l’heure de vérité a-t-elle sonné ? » aussi ici et ici.

La discussion entre les différents Etats Membres pour le nouveau règlement bio européen comportait des éléments analogues, dont le débat sur les cultures hydroponiques…

Le bio est bien à la croisée des chemins :
Si des mesures sont prises pour permettre une production bio à grande échelle (par exemple hydroponie), les consommateurs (et lesquels ?) se reconnaîtront-ils dans le bio ?
Si le bio reste sur des bases strictes, « canal historique » en quelque sorte, le bio sortira-t-il de son ghetto commercial ?

Ce débat a certes une dimension technique. Mais il est fondamentalement idéologique, comme l’est le bio « historique » lui-même. Comme le rappelle Christine César, socio-anthropologue, la nature fondamentale du bio repose sur trois mécanismes constants : « la dénonciation du matérialisme productiviste, la mythisation du passé et l’essentialisme attribué à la Nature. » Voir « Les métamorphoses des idéologues de l’agriculture biologique »

1710KeepTheSoilInOrganic