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Interdiction du glyphosate d’ici 3 ans : une folie inéluctable ?

12 févr. 2018

Tout est joué s’acharne-t-on à nous dire.
Lors de ses vœux, le président de la République a enfoncé le clou. Selon lui, des alternatives au glyphosate existent « pour 90% des surfaces ». Il laisse la porte ouverte à des dérogations pour l’ACS[1] et les sols en pente. Il s’appuie pour cela sur une interprétation très orientée d’un rapport commandé à l’INRA.
Voir le rapport de l’INRA  et son analyse par Seppi.
Malgré toutes les tentatives rédactionnelles de tourner autour du pot, l’INRA résume parfaitement la quasi-impossibilité de se passer du glyphosate aujourd’hui ou dans 3 ans, dans le tableau 8, page 60 de son rapport :

1711AlternativesGlyphosateINRA

Pour Seppi, « M. Macron a commencé à manger son chapeau… ». Son titre, relativement optimiste, semble indiquer que le réalisme l’emporterait. Le corps de l’article montre qu’il n’en est rien : « Il reste à M. Macron un long chemin à faire pour comprendre les réalités de l’agriculture et de la production alimentaire, saisir les pièges d’une « environnementalisme » béat, et mesurer les conséquences de ses initiatives. »

Autre exemple de volonté politique de LREM d’abandonner toute argumentation basée sur la science et de donner des gages à l’écologie politique, Jean-Baptiste Moreau, député LREM, déclare : « je ne sais pas personnellement si le glyphosate est dangereux ou pas. Ce qui est sûr, c’est que médiatiquement, la bataille est perdue. Il faut qu’on mette en place des conditions qui permettent de nous passer du glyphosate. ». Voir débat sur la page agriculture de LREM.

Malgré les avis éclairés comme celui de l’Académie d’Agriculture (voir ici) ou de la quasi-totalité des agences de sécurité sanitaire et environnementale du monde, le pouvoir politique a décidé de plier devant l’écologie politique.

Dans les médias, le message est déjà passé : Interdiction du glyphosate dans trois ans : seuls l’ACS et les terrains en pente pourront avoir des dérogations… Voir par exemple Paysan Breton, Ouest France,… Quelques fois, cette affirmation est nuancée par un « essayer d’en sortir » initié par Stéphane Travert…
Ces « dérogations » pour l’ACS et les terrains en pente n’enlèvent en rien le caractère catastrophique de la décision de Macron. Interdire 90% des usages du glyphosate est une stupidité, une folie.

Les responsables politiques, les vrais, ont un rôle important dans le ressenti. Plier sans raison de fond et sans hésitation aucune, devant l’exigence d’abandon du glyphosate venant de l’écologie politique, c’est donner le signal de la curée contre l’agriculture basée sur la science. C’est construire politiquement le « ressenti » sur lequel on prétend s’appuyer.
C’est tout simplement scandaleux…

La réaction des responsables professionnels agricoles sera-t-elle à la hauteur de l’enjeu ? Jusqu’à présent elle se veut « constructive » et proposant des « solutions ». On peut espérer qu’une telle stratégie soit efficace. Mais, étant donnés les moyens politiques que met le gouvernement à faire passer sa « décision » (devrait-on dire sa folie ?), on peut aussi en douter… Tout dépend de ce que l’on met derrière ces mots. Les agriculteurs sont dans une attente forte.

[1] Agriculture de Conservation des Sols : préserver les sols en réduisant au maximum le travail du sol.