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Arte junior et les pesticides : simplisme et catastrophisme

19 juil. 2016

L’introduction de cette émission d’actualité d’Arte destinée aux jeunes : « Vous voulez des infos, expliquées d’une manière simple. C’est ici. Bienvenue. » Sur les pesticides, c’est effectivement très simple… mais cela répond-il à la question posée par le jeune auditeur : « pourquoi l’Europe permet l’utilisation des pesticides, alors que l’on sait que c’est dangereux ? »

Si l’on omet l’introduction au teasing parfois douteux, les explications sur l’utilité sont effectivement claires au départ, même si elles insistent surtout sur le fait que cela permet aux producteurs « de gagner plus d’argent » … et « oublient » que cela permet aussi d’avoir une nourriture de qualité et abordable…).
Mais ensuite, les impacts sur l’environnement et la santé sont présentés de façon grossière, voire carrément mensongère. La transcription de la fin du reportage est significative : « Le problème, c’est que ces produits ont un impact sur l’environnement. Parfois ils polluent l’eau ou les sols, et empoisonnent des plantes ou des animaux utiles comme les abeilles ou certains poissons. Et puis, ces produits qu’on asperge dans les champs, on les retrouve dans nos assiettes. De toutes petites quantités. Mais qui à la longue peuvent nous rendre malades, des maladies très graves comme le cancer. Le problème, c’est que les firmes qui vendent les pesticides sont très riches et très puissantes. Elles ont souvent tendance à cacher la dangerosité de leurs produits. »
Et il faut voir les images…
Conclusion de l’émission par la présentatrice : « eh oui ! Et malheureusement, on ne peut même pas les voir ces pesticides. » Rien d’autre…

Il est certes légitime d’évoquer les risques liés à l’emploi des pesticides. Mais on ne répond pas au jeune auditeur. L’émission ne dit rien sur les bienfaits environnementaux et sanitaires des pesticides. Rien sur la réglementation protectrice. Rien sur l’évolution de la chimie (des produits de moins en moins impactants), des machines, des processus de décision des producteurs, de leur formation, etc.
Au contraire, l’émission ne fait qu’accuser : Un empoisonnement insidieux, lent et irrémédiable et cette vision des firmes « très riches et très puissantes » qui auraient forcément « tendance à cacher la dangerosité de leurs produits ». Tout ceci instaure un climat hypocondriaque (« nous sommes tous malades… ») et manichéen (« … et c’est de la faute de ces méchantes firmes »). Sans aucune analyse.

Bref la promesse de la simplicité est d’une certaine façon tenue. C’est même ultra-simpliste. Et résolument écologiste militant.
Il s’agit de la même ligne éditoriale que le tristement célèbre Cash Investigation de février 2016 (voir ici et ici), mais s’adressant à un jeune public.
Journalistes d’Arte, ce n’est pas parce que vous vous adressez à des enfants qu’il faut raconter des histoires à dormir debout ou des contes cauchemardesques sans fondement. Est-ce trop vous demander que d’avoir un tout petit peu plus de recul ?

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