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99,99 % des pesticides que nous ingérons sont… naturels

20 juil. 2016

Dans les années 1990, Pr Bruce Ames, toxicologue californien, a publié cette déroutante découverte aux implications importantes. Layla Katiraee, scientifique américaine, en fait une intéressante présentation actualisée, claire, pédagogique et illustrée dans « Chasse aux mythes : les pesticides de synthèse, utilisés avec certains OGM, sont-ils plus dangereux que les naturels ? » in English sur le site Genetic Literacy, traduit en en français par Wackes Seppi.

L Katiraee liste quelques-uns des principaux pesticides présents dans notre alimentation : solanine des pommes de terre, caféine du café, nicotine présente également dans la famille botanique des pommes de terre (dont le tabac), capsaïcine des piments, le DIMBOA[1] dans les céréales. Certaines de ces substances donnent leur saveur à des herbes et des épices : l’acide tétradécanoïque de la noix de muscade, la pulégone de la menthe poivrée, etc.
Pour toutes ces substances, elle en indique leur rôle pour la défense des plantes. Ces substances sont d’ailleurs parfois expérimentées ou utilisées comme pesticide commercial.

Or seulement 5% de ces substances naturelles ont été testées et la moitié d’entre elles se sont révélées cancérigènes.

Pour autant, il ne faut pas les craindre plus que de raison : c’est la dose qui fait le poison. « Quand la pomme de terre commence à verdir ou à germer (lorsque les « yeux » commencent à se développer), la teneur augmente de manière significative ». C’est pourquoi il faut je ter les pommes de terre « qui ont verdi sous la peau »

Or « nous mangeons environ 1,5 grammes de pesticides naturels par jour, « ce qui est environ 10.000- fois plus que ce que nous consommons comme résidus de pesticides synthétiques ». Cette quantité serait nettement plus élevée chez les végétariens et les végétaliens. […] Ces pesticides s’y trouvent en parties par mille ou parties par million, alors que les pesticides de synthèse que nous trouvons dans nos aliments sont dans les parties par milliard. […] Réfléchissez un peu ! Alors qu’il y a un tollé sur les parties par milliard de résidus de pesticides de synthèse dans notre alimentation, il y a des substances présentes à plus fortes doses dans les fruits et les légumes, effectivement connues pour causer le cancer. En outre, certains des pesticides les plus couramment utilisés dans l’agriculture ont des mécanismes d’action qui sont spécifiques aux ravageurs cibles, ce qui les rend beaucoup plus sûrs que de nombreux pesticides naturels, ce qui est du reste la raison pour laquelle ils ont gagné en popularité au cours du dernier demi-siècle. »

L Katiraee nuance cependant, à juste titre : « Ce n’est pas parce qu’un pesticide agricole a un profil toxique bénin qu’il ne faut pas essayer de minimiser son utilisation lorsque cela est possible. Ce n’est pas parce qu’un transgène codant pour un pesticide naturel qui n’a pas d’impact sur les mammifères a été ajouté à une culture qu’il ne faut pas étudier son impact sur l’environnement. Mais nous ne devrions pas considérer que notre alimentation est « dangereuse », ou renoncer aux pratiques agricoles conventionnelles, en raison de l’utilisation de pesticides de synthèse »

Pour aller plus loin :

« « Un déjeuner sans produit chimique, ça n’existe pas » »

« Références sur résidus et sécurité des aliments »

« Les idées reçues : la tasse de café »

[1] Acronyme évitant de donner son nom barbare : 2,4-dihydroxy-7-méthoxy-1,4-benzoxazine-3-one

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