
Résumé : une publication récente a observé un risque de cancer réduit de 25% environ chez les forts consommateurs de…
Le 20 février, les médias et les réseaux sociaux ont tous bruissé du rapport alarmant de Générations Futures (GF) sur les résidus de « pesticides » dans les fruits et légumes. La grande presse a, dans un premier temps, regurgité le discours de GF sans recul. Mais la filière Fruits et Légumes, la presse professionnelle et de nombreux bloggeurs ont été beaucoup plus prolixes et critiques. Ce qui a sans aucun doute contribué à enrayer quelque peu la campagne de com de GF…
Sous le titre « Etat des lieux des résidus de pesticides dans les fruits et légumes en France (édition 2018) », GF utilise les données de la DGCCRF uniquement sur les produits conventionnels, fait une comparaison entre 19 fruits et 33 légumes dans une présentation délibérément alarmiste (la simple présence de résidus, même à des taux minimes, est considérée comme alarmante par GF).
Rien de nouveau en fait : des données rassurantes, et de plus officielles, puisque émanant de la DGCCRF, mais présentées de façon alarmiste… Le travail habituel de GF à la veille du Salon de l’Agriculture.
La grande presse rend compte du rapport de GF sans aucun recul.
Par exemple :
« Pesticides : les fruits et légumes en sont pleins » (Sciences et Avenir)
« Le raisin et le céleri en tête des fruits et légumes les plus contaminés par les pesticides » (Le Monde Planète)
« Trois-quarts des fruits et près de la moitié des légumes présentent des traces de pesticides » (Europe1)
« Le raisin, la clémentine, le céleri-branche… Quels sont les fruits et légumes les plus contaminés par les pesticides ? » (France Info)
Notons que la DGCCRF a publié « Contrôle des résidus de pesticides dans les denrées végétales en 2016 », indiquant un taux de non-conformité de seulement 2.1% dans les plans de surveillance et apportant les précisions suivantes :
– « [La légère hausse des non conformités] peut s’expliquer par l’acquisition de nouveaux matériels par les laboratoires de la DGCCRF, qui ont permis la quantification de molécules à des niveaux plus faibles. »
– « Afin de protéger les groupes vulnérables tels que les enfants, les limites maximales résiduelles sont fixées, non seulement de manière à ne pas présenter de danger, mais également au niveau le plus faible raisonnablement atteignable compatible avec les bonnes pratiques agricoles pour chaque pesticide. Ainsi la non-conformité d’une denrée n’induit que rarement un risque aigu pour la santé du consommateur. » Mais sans faire mention de l’opération de GF.
Certains médias professionnels font une critique en règle de l’opération de GF.
« Buzz médiatique. Générations Futures s’en prend encore aux fruits et légumes », (article de Julia Commandeur sur Réussir Fruits et Légumes) mérite une mention particulière : s’appuyant largement sur les dires de François Veillerette et le rapport de GF, il en montre les contradictions et les biais. Il donne aussi le point de vue de la DGCCRF, d’Interfel (voir ici), de JP Cravedi (INRA), etc.
A la fin de l’article, Julia Commandeur dénonce à juste titre le tweet d’allégeance au rapport de GF de Brune Poirson, secrétaire d’Etat à la Transition écologique, et conclut : « Lorsque la veille, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, reconnaissait que « les lobbies sont partout, oui, ils sont partout », elle ne croyait pas si bien dire. On ne sait pas pour les cigarettes ou le pétrole, mais le lobby ONG-environnementaliste, lui, a clairement investi les couloirs du gouvernement. »
Voir aussi « Générations futures joue avec les chiffres et les peurs » (La France Agricole, abonnés)
Sur les réseaux sociaux, agriculteurs et bloggeurs rationalistes sont nombreux à démonter l’opération de com de GF et la fausseté de ses arguments.
La recherche sur twitter de l’occurrence « @genefutures » (voir ici) montre que les réactions de dénonciation et d’analyse sont nombreuses et vives. On y voit les tweets de @MacLesggy, @Interfel, @AEGRW mentionnant la réaction de l’UIPP, @AlerteEnvironne, @cyr081 agriculteur bloqué par GF (vive le dialogue ☹), @UnMondeRiant, @ChLambert_FNSEA mentionnant la réaction d’Interfel, et tant d’autres.
Parmi tous ces liens, nous recommandons fortement « Zététique et journalisme – #2-05 – Pesticides et répétition », vidéo de Un Monde Riant. Sur un ton quelque peu moqueur, mais de façon documentée (avec de nombreux liens) et très complète, il démonte méthodiquement et rigoureusement le rapport de GF : rapport sans rigueur, tri des données, etc.
Parmi les liens mentionnés par Un Monde Riant, mentionnons une émission de la RTS (Radio publique suisse) de mai 2017 comprenant une interview très éclairante de François Veillerette, embarrassé, prenant « bonne note » des critiques qui lui sont faites, mais qui, depuis, n’a rien changé rien à sa façon de faire…
Un Monde Riant dénonce aussi largement le suivisme de la grande presse…
Dans une courte vidéo, Agriculture et Environnement (A&E) a replacé le débat dans un cadre plus général mettant en évidence le lien entre la campagne de GF et la volonté de Nicolas Hulot de « sortir des pesticides ». Il démontre en 2 mn que « Zéro phyto, c’est du pipeau ! » (en bio comme en conventionnel)
Alerte Environnement montre « comment France Info se fait berner ». « Que dire du journaliste qui n’a même pas l’idée de donner la réplique à un scientifique, à un médecin nutritionniste ou encore à un représentant de la filière fruits et légumes. Non, l’info est en continue et à sens unique. » Alerte Environnement conclut : « Bruno Rougier s’est-il fait berner ou est-il le compère de François Veillerette ? »
[Mise à jour du 23 février 2018 :
Nous recommandons fortement la lecture de « Pesticides dans l’assiette ? Poison dans les médias !« , article bien documenté d’André Heitz sur Contrepoints.
Les sites, blogs et twittos mentionnés ont fait un tour quasi-complet des manquements graves de GF :
– Les données sur lesquelles s’appuie GF sont celles de la DGCCRF. Elles sont rassurantes. Elles montrent essentiellement 97.4% de conformité à la réglementation (en-dessous de la LMR). Rien de nouveau sous le soleil.
– Il faut préciser que les LMR ne sont pas des limites de sécurité sanitaire. Ce sont des limites liées aux bonnes pratiques phytosanitaires. Un dépassement occasionnel ne présente pas de risque sanitaire. Comme l’écrit Jean-Pierre Cravedi, toxicologue à l’INRA : « Il y a un risque en cas de consommation régulière ou systématique d’un fruit ou d’un légume qui dépasse la LMR pour le même pesticide, ce qui est peu probable. » (Le Monde cité par Réussir Fruits et Légumes, article mentionné plus haut)
– GF n’a pas daigné utiliser les données concernant les fruits et légumes bios (alors que ces données sont disponibles et pas très différentes de celles du conventionnel). On peut noter que GF est directement financé par le lobby bio. De là à voir un rapprochement…
– Bref, la méthode de GF, c’est encore et toujours : des chiffres rassurants, un rapport flippant…
En point complémentaire, nous nous devons de répéter : Nous ingérons 10 000 fois plus de pesticides naturels (présents naturellement dans les fruits et légumes) que de résidus de pesticides artificiels. 10 000 !. Voir ici et ici.
Enfin, notons une nouvelle fois que le seul vrai problème de santé publique, c’est l’insuffisance de la consommation de fruits et légumes, dont les bienfaits sont avérés, eux.
Bref, sur le plan de la connaissance, « beaucoup de bruit pour rien[1] ». Mais ce genre de rapport trompe le public en tentant d’instiller une peur complètement injustifiée.
Heureusement, certains médias (plutôt professionnels) et réseaux sociaux (en particulier rationalistes) réagissent promptement et de façon argumentée et dénoncent l’aspect marchand de peur de GF.
Cette réaction a sans doute contribué à ce que, dès le 20 février au soir, la grande presse a cessé d’en faire les gros titres. Les manœuvres de GF commencent à être moins crédibles. On peut espérer que la grande presse sera plus prudente à l’avenir.
La filière Fruits et Légumes commence à réagir fermement. Il serait temps que cette fermeté soit le fait de toute la profession agricole sur l’ensemble de la question phytosanitaire.
Ce qui commence à être inquiétant, c’est la quasi-connivence sans scrupules entre le lobby ONG-environnementaliste et le gouvernement, via le ministère de l’environnement.
[1] Beaucoup de bruit pour rien (Much Ado About Nothing) est une comédie de Shakespeare jouant sur de multiples méprises. Voir sur Wikipédia.
Soyons plus précis : Sur France 5, le député MoDem Richard Ramos a relayé sans malice une « fake news » de 1976, ultra-connue, maintes fois démentie et grosse comme une maison : le « tract de Villejuif ». Le tract de Villejuif (Voir Wikipedia) est « une liste fantaisiste, prétendument publiée par l’ « hôpital de Villejuif » en France, et signalant faussement comme cancérigènes un certain nombre d’additifs alimentaires, tout particulièrement E330 (acide citrique). »
– Vidéo extraite de l’émission de France 5 où Richard Ramos intervenait. La Vidéo a été incrustée par Jules Darmanin pour mettre en évidence les passages mensongers.
– Article des décodeurs du Monde (il arrive que Le Monde décode et arrête de déconn…) qui explique en détail et pas à pas la bévue de Richard Ramos.
Tout ceci pourrait prêter à sourire, voire à rire. Richard Ramos est d’ailleurs aujourd’hui la risée d’Internet (googliser « Richard Ramos Villejuif » pour vous en convaincre). Après tout, une telle énormité est tellement facile à démonter qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer outre mesure.
Pourtant :
1) Elle est malheureusement significative des mécanismes psychologique et médiatique par lequel les peurs alimentaires peuvent passer. Quand la fake news est plus complexe à démonter, elle s’implante durablement dans les esprits. C’est le cas sur le soi-disant risque des résidus de pesticides dans l’alimentation, qui « empoisonne » effectivement le débat sur l’alimentation…
2) L’absence de réaction immédiate pour le contredire en dit long sur l’indigence des journalistes de l’émission…
Comme le commente Romain Meunier (qui tient le blog EBBH que nous avons déjà évoqué ici et ici et que nous conseillons fortement) :
« Et pas UNE personne sur le plateau pour le contredire immédiatement. Je crois que c’est ce qui me choque le plus.
Ce hoax (« canular ») sur les additifs alimentaires est l’un des plus vieux et des plus connus.
Perso, j’aurais hurlé « OBJECTION » rien qu’en entendant « liste » et « Villejuif ». Comme à peu près n’importe quelle personne un TOUT PETIT PEU informée sur les hoax et/ou sur la sécurité alimentaire.
Visiblement, coté journalistes et élus, on n’a pas le temps de s’informer « un tout petit peu » sur ces sujets. On préfère en parler. »
Il ne semble pas que Richard Ramos ait présenté la moindre excuse pour cette gaffe…
« Nouveaux Champs » est un collectif commercial d’entreprises françaises du secteur des fruits et légumes. Il vient de lancer une démarche « Zéro Résidu de Pesticides ». Cette initiative vise à répondre aux « attentes de consommateurs inquiets pour leur santé et soucieux tant de bon goût que de respect de l’environnement ». Cette démarche, a priori louable, ne pose-t-elle pas plus de questions qu’elle n’en résout ?
La démarche a été présentée lors d’une conférence de presse au Fruit Logistica de Berlin.
Voir le dossier de presse de présentation en détail de la démarche.
Les points principaux :
– Face à l’inquiétude du public et parce que « tous les circuits de distribution sont très intéressés », « le “Zéro Résidu de Pesticides” s’affirme comme LA troisième voie entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique » dans le secteur des fruits et légumes
– Une démarche d’entreprises. 18 entreprises pesant « plus de 10% de la production française totale de fruits et légumes »
– Priorité aux méthodes alternatives grâce à un « itinéraire technique pointu ». Mais « ponctuellement et en cas d’agression forte d’une maladie ou d’un ravageur, si les moyens de lutte alternatifs se révèlent insuffisants et mettent en danger la pérennité de la culture, le producteur peut être amené à sortir la parcelle du programme “Zéro Résidu de Pesticides” ».
– La promesse concrète : « Zéro résidu » : pour chaque Substance Active analysée, « un résultat inférieur à la Limite de Quantification (0.01mg/kg) ».
– Les substances actives sont classés en fonction du risque résidu en trois catégories d’utilisation : verte (utilisation sans restriction particulière), rouge (utilisation possible, mais analyses pour vérifier l’absence de résidu quantifiable), noire (utilisation interdite dans tous les cas)
– Analyses par laboratoire externe certifié Cofrac
– Cahier des charges partiellement disponible sur Internet et consultable en totalité sur site.
– Identification des produits à destination des consommateurs via un macaron:
A part quelques exceptions (par exemple la rubrique économie de Ouest France), seule la presse professionnelle rend compte de façon détaillée de l’initiative.
Voir par exemple, Mediafel (L’arboriculture fruitière et Culture Légumière), La France Agricole, lacooperationagricole.coop, Les Marchés.
Les articles sont purement descriptifs et reprennent, sans analyse particulière, les principaux thèmes du communiqué de presse de nouveaux champs : logo, démarche « intermédiaire » entre conventionnel et bio, « répondre à une attente sociétale forte », liste des membres.
On peut noter cependant quelques malentendus probables dans la rédaction. Par exemple, Ouest France écrit : « Les fertilisants minéraux et les produits de bio-contrôle sont autorisés. Mais tous les produits chimiques de synthèse sont interdits, comme le glyphosate, ou les produits néonicotinoïdes tueurs d’abeilles. » Une telle formulation sous-entend que, dans la démarche, l’utilisation des produits chimiques de synthèse serait interdite. C’est faux. Car, si l’on comprend bien le collectif nouveaux champs, la promesse est l’absence de résidu quantifiable à 0.01 ppm [1]. Point.
La notion de substance « décriée », qui implique en classement en rouge, est pour le moins floue. Quel critère ? Qui juge ?
Contrairement à ce qui est annoncé, les substances utilisables en AB ne font pas toutes preuve d’« innocuité pour les consommateurs ». Certes certaines ne sont pas soumises LMR[2] : phosphate ferrique, soufre, laminarine…. Mais il y a bien des LMR pour le cuivre, le Spinosad, l’azadirachtine, les pyréthrines… Le cuivre est d’ailleurs massivement utilisé en AB. En tant que substance préoccupante pour le sol et l’environnement, il mériterait amplement d’être en liste rouge…
[Mise à jour du 15 février 2018
Quand nous écrivons « innocuité pour les consommateurs », nous ne faisons que reprendre l’expression du collectif « zéro résidu ». En fait, les pesticides, bios comme conventionnels, sont pour la plupart dangereux, et donc risqués pour l’utilisateur et l’environnement lorsqu’ils sont mal utilisés. Mais les résidus de pesticides, bios comme conventionnels, dans l’alimentation sont un risque qui peut être négligé, en particulier quand la LMR est respectée. Voir ici.]
En fait, la démarche « Zéro Résidu » affirme haut et clair : peu importe la vérité des faits, établie sur une base scientifique. Ce qui importe, c’est la perception (supposée) du consommateur. N’est-ce pas une certaine institutionnalisation de l’arbitraire ?
La promesse concrète est zéro résidu. Mais elle est déjà perçue par certains comme s’affichant « zéro pesticides » (à l’exemple de Ouest France cité plus haut). N’y a-t-il pas risque de confusion, et donc de déception pour le consommateur ?
La démarche « Zéro Résidu » est fondamentalement une démarche commerciale, collective par certains aspects. Mais fondamentalement commerciale, c’est-à-dire cherchant de la valeur individuellement. Elle ne tient pas compte des conséquences sur l’ensemble des filières.
Au bout du compte y aura-t-il valorisation réelle ? Ou bien la démarche ne consistera-t-elle pas à échapper en partie à la dévalorisation qu’elle-même contribue à construire ?
Quelle est la position du collectif « Zéro Résidu » concernant les lois en préparation qui déclarent aboutir à la sortie des pesticides d’ici 3 ans ? Défendent-ils ces lois ?
Ces entreprises pensent-elles que la loi est insuffisamment rigoureuse ? Qu’elle ne protégerait pas suffisamment le consommateur ? Sur quelles preuves s’appuient-elles ?
Le collectif le dit explicitement : tous leurs producteurs, ou toute leur production, ne peuvent pas s’insérer dans la démarche. Mais n’est-il pas en train de miner l’argumentation marketing des producteurs qui ne peuvent pas suivre (climat, sol, variété, …) ?
Les entreprises du collectif « Zéro Résidu » pensent-elles qu’il faut arrêter de produire des fruits et légumes contenant des résidus dans les limites légales ?
Que deviendra la démarche quand un nouveau parasite, ou un parasite ré-émergeant, ne laissera comme alternative que d’abandonner la production ou d’utiliser un traitement laissant des traces (mais respectant les LMR) ?
En sous-entendant qu’elle approuve la thèse fallacieuse des marchands de peur d’un risque résidu pour le consommateur, la démarche Zéro Résidu alimente leur commerce. Et se fait objectivement complice du dénigrement des produits dits conventionnels, qui sont pourtant le fruit de bonnes pratiques, en constante amélioration. Faut-il rappeler que l’alimentation n’a jamais été aussi sûre ? Que les seuls véritables problèmes de santé publique posés par les fruits et légumes ces dernières dizaines d’années sont le fait de contaminations biologiques : bactéries, adventices toxiques, etc. (Et tout autant, sinon plus, en agriculture Bio qu’en conventionnel) ?
Pense-t-on sérieusement que le lobby du bio va laisser prospérer une démarche concurrente ? Bien sûr que non. Ils vont montrer, et ce sera facile, qu’il y a des résidus : en dessous de 0.01 ppm, mais des résidus, que la liste noire contient les produits traçants, mais que la démarche laisse utiliser les produits perçus comme préoccupants pourvu qu’ils ne laissent pas de traces.
Cette démarche aura-t-elle un succès médiatique hors presse professionnelle ?
La logique du « sans » est très bien décrite par Kevin Folta dans « Etiquettes « sans », déni de la science, pastèque sans « os » et burritos à 8$ » (in English). Il écrit : « Le constrat est simple. Les étiquettes « sans » conduisent activement à désinformer les consommateurs en renforçant le sentiment de la présence hypothétiques d’une menace inexistante […]Cette stratégie fonctionne particulièrement bien parce que le consommateur aisé mettra de côté la science et la raison et se précipitera sur la précaution. […] Les étiquettes « sans » impliquent un risque là où il n’y en a pas » »
La démarche « zéro pesticides » est dans cette logique. Elle essaie (vainement) de résoudre individuellement et commercialement un problème collectif et sociétal, celui de la défiance généralisée envers les instances de régulation, envers la loi et les élites, mais aussi envers la science.
Même engagées dans leur démarche individuelle, les entreprises du collectif « Zéro Résidu » peuvent et doivent s’engager dans une autre démarche, collective, claire, s’appuyant sur les faits et la science, montrant la sécurité des aliments. A terme, c’est la seule issue pour sortir de la confusion entretenue par les marchands de peur et pour (re-)donner confiance au public.
Pour aller plus loin :
« « Du poison dans nos assiettes » (Projet Utopia) »
« Alimentation : 10 000 fois plus de pesticides naturels (suite) »
« Alimentation : 10 000 fois plus de pesticides naturels que de résidus de pesticides de synthèse »
Mise à jour du 23 février 2018
Le collectif Nouveaux champs a souhaité apporter la réponse suivante à nos interrogations:
Droit de réponse à l’article du Blog « Forum phyto » intitulé : « Zéro résidu : de nouveaux champs d’interrogations »
Dans un article du 13 février, vous remettez en cause le sérieux et l’honnêteté de la démarche de notre collectif Nouveaux Champs qui entend développer le label « zéro résidu de pesticides » en France. Nous ne pouvons pas rester silencieux et tenons à lever certaines incompréhensions quant à notre ambition et notre méthodologie.
Une démarche de progrès avant tout !
L’initiative de notre collectif Nouveaux Champs n’est pas, en premier lieu, une démarche « commerciale ».
Chaque organisation de producteurs engagée poursuit une démarche qui est la sienne depuis de nombreuses années : faire toujours mieux, pour l’environnement, les producteurs et les consommateurs. Cela fait plus de 20 ans que chacun d’entre nous s’inscrit dans une dynamique de progrès environnemental et œuvre pour l’amélioration des pratiques de protection des cultures. Ainsi, nous avons au fil des saisons pu expérimenter nos stratégies et nous appuyer sur des résultats significatifs en fonction des différentes espèces de Fruits et Légumes cultivés.
Certes, il existe des Limites Maximales de Résidus établies pour protéger le consommateur. En tant que producteurs de fruits et légumes, nous faisons confiance aux autorités qui établissent ces LMR. Pour autant, devons-nous faire la sourde oreille face aux questions des consommateurs ? Expliquer ce qu’est une LMR sans aller plus loin ? N’avons-nous pas le droit d’explorer des méthodes alternatives aux pesticides de synthèse par exemple ? N’avons-nous pas le droit, par exemple, de remplacer un produit phytopharmaceutique par un insecte auxiliaire qui va tout aussi bien éliminer un ravageur des cultures ?
Cela va, selon nous, dans le sens du progrès sociétal et environnemental. Le consommateur souhaite, à raison, être réellement informé sur le contenu de son assiette, pouvoir faire des choix éclairés et c’est ce que nous lui proposons.
Ce que nous voulons, c’est assurer une production agricole sécurisée, en phase avec les attentes des consommateurs. Certains pourraient être tentés, en raison de leurs inquiétudes, de diminuer leur consommation de fruits et légumes. Nous ne voulons pas en arriver là. Notre objectif n’est pas de réduire la production française de fruits et légumes mais au contraire de la développer tout comme la consommation de fruits et légumes.
Encourager les initiatives qui innovent et améliorent les pratiques de protection des cultures
Il n’est pas question pour nous de mettre au ban tous les fruits et légumes qui ne seraient pas « sans résidu de pesticides ». Nous sommes des producteurs sérieux, qui avons l’expérience de nos cultures et loin de nous l’idée d’affirmer que tous les fruits et légumes, pourront, demain, être cultivés sans aucune solution de protection contre les maladies et les ravageurs des cultures. Pour répondre à votre question, non, nous ne soutiendrions pas des lois qui empêchent l’application de tout pesticide.
Comme tout être vivant, les plantes peuvent être touchées par des maladies ou ravageurs et nous devons les soigner tout en veillant à l’impact sanitaire de ces solutions de protection des cultures tant sur l’environnement que sur la santé des consommateurs.
Nous intégrons dans nos pratiques toutes les méthodes de lutte contre les maladies et ravageurs et en premier lieu dans notre démarche, les alternatives aux substances actives chimiques. Cela implique une veille permanente sur les nouvelles techniques disponibles et des investissements massifs en Recherche et Développement, tant sur la génétique (tolérance variétales…) que sur les équipements et l’innovation technologique (robot pour désherber, drones pour appliquer des insectes auxiliaires, serres fermées, filets sur les vergers …) ou encore les solutions nouvelles de biocontrôle.
Cette évolution des pratiques doit s’accélérer et c’est un mouvement d’encouragement que nous lançons en direction de tous les producteurs en nous engageant dans cette voie. C’est un signal que nous envoyons également aux pouvoirs publics en demandant davantage d’aides pour accélérer cette R&D, au profit de toute la filière fruits et légumes.
Nous voulons une agriculture qui continue à produire, dans les meilleures conditions.
Notre collectif est au début de son histoire. Les techniques évoluent aujourd’hui à vitesse grand V. Dans 5 ans, notre démarche aura évolué, elle se sera renforcée grâce à l’émergence de nouvelles solutions de protection des cultures et ce seront autant de solutions dont pourront bénéficier tous les producteurs. Chacun pourra puiser dans notre démarche des inspirations qui pourront être appliquées à sa culture.
Levons quelques incompréhensions
Nous souhaitons également revenir sur certains points de notre démarche que vous remettez en cause.
Concernant l’absence de résidu, vous vous appuyez sur la limite de quantification pour supposer qu’il restera toujours des résidus, notamment de produits « perçus comme préoccupants » mais « qui ne laisseraient pas de trace ». Vous sous-entendez qu’on pourrait nous reprocher une malhonnêteté, ce que nous ne pouvons pas admettre.
Soyons précis : l’absence de résidu est déterminée, pour chaque substance active analysée, par un résultat inférieur à la limite de quantification. En-dessous de cette limite de quantification, les laboratoires ne peuvent pas garantir la précision de la mesure car les performances des instruments de mesure conduisent pour la majorité des résidus à une limite de quantification de 0.01 mg/kg.
Il ne s’agit donc pas d’une « astuce » de notre part mais tout simplement de limites techniques.
Ajoutons par ailleurs que si les Limites Maximales de Résidus protègent les consommateurs, on peut être plus que rassurés par une présence de pesticide autorisé inférieure à 0.01 mg/kg…
Rappelons enfin que notre démarche consiste à intégrer toutes les méthodes disponibles pour lutter contre un ravageur ou une maladie, en commençant par les alternatives aux produits chimiques, qu’elles soient mécaniques ou solutions de biocontrôle. Ce n’est qu’en dernier recours que nous nous autorisons l’utilisation de certaines substances chimiques, mais dans un cadre très précis, celui de l’absence de résidus quantifiables.
Concernant les pesticides autorisés pour l’Agriculture Biologique, là encore, nous ne faisons pas dans la démagogie. Ils ne sont pas tous classés, sans étude préalable, dans nos listes vertes. Nous savons bien, parce que beaucoup de nos producteurs produisent aussi dans le cadre de l’Agriculture biologique, qu’un pesticide bio n’est pas, automatiquement de par sa nature, inoffensif.
Chaque producteur, en fonction de l’espèce qu’il cultive (tomates, fraises, bananes, pommes de terre, pommes…) va établir, avec nos ingénieurs techniques, ses listes verte, rouge et noire, de substances actives qu’il peut utiliser (liste verte et rouge) et celles pour lesquelles l’absence de résidu quantifié doit être garantie (listes rouge et noire).
Chez la plupart des producteurs qui ont la nécessité de les utiliser, les substances autorisées en Agriculture Biologique que vous citez sont mises sur la liste rouge (Spinosad, Azadirachtine dans le cadre de son AMM[3] de 120 jours, Pyréthrines).
Concernant le cuivre, homologué en Agriculture biologique, pour certaines espèces pour lesquelles il n’y a pas d’alternative, nous avons mis en place une dérogation, et c’est la seule. Autrement dit, il peut être utilisé, tout en respectant la limite maximale de résidus fixée par la règlementation. Aucune autre substance de biocontrôle ne peut à ce jour remplacer le cuivre. Nous butons là sur le même problème que l’Agriculture biologique et espérons bien trouver une alternative dans les années à venir.
Notre objectif : faire en sorte que les consommateurs continuent à manger des fruits et légumes
Notre démarche n’est pas destinée à dénigrer une partie de la filière fruits et légumes, elle est au contraire faite pour montrer une nouvelle voie et inciter à innover et à faire évoluer les pratiques de protection des cultures. Au moment du lancement de notre collectif, nous étions 18 membres. Depuis, nous enregistrons chaque jour des demandes supplémentaires de structures de production qui travaillent sur l’évolution des pratiques de protection des cultures.
Bien sûr, au regard des différents contextes culturaux (outils, climats, sols…), toute la production ne pourra prétendre au « zéro résidu de pesticides », même parmi les membres de notre collectif. Parfois, pour une espèce, seules certaines variétés peuvent répondre à l’exigence de « zéro résidu ». Mais cela n’empêchera pas tous les producteurs d’explorer les nouvelles techniques disponibles, d’en parler s’ils les utilisent, de l’afficher et de répondre aux questions des consommateurs.
On ne dira jamais assez qu’il est primordial de consommer des fruits et légumes, pour notre santé, notre équilibre. Si, avec notre démarche, nous parvenons à rassurer certains consommateurs, à favoriser le dialogue et à accroître la consommation de fruits et légumes, quels qu’ils soient, nous serons tous gagnants.
Le collectif Nouveaux Champs
Le Collectif Nouveaux champs
Un petit noyau d’entreprises de la filière « fruits et légumes » s’est retrouvé en 2017 pour développer et éprouver l’initiative « Zéro Résidu de Pesticides ».Toutes intéressées par cette démarche et engagée depuis des années dans l’amélioration de la protection des cultures, elles ont décidé de créer un Collectif pour développer le “Zéro Résidu de Pesticides” en France.
Les 7 entreprises fondatrices travaillent alors ensemble pendant plusieurs mois, accompagnées par Sève Conseil, pour imaginer une méthodologie applicable pour toutes les espèces de fruits et légumes et annoncent le 7 février 2018 le lancement officiel du collectif.
A l’heure actuelle, 21 organisations de producteurs font partie du collectif. Elles représentent plus de 2000 producteurs français sur plus de 20 espèces de fruits et légumes.
[1] Partie par million, ou mg/kg
[2] Limite Maximale de Résidu
[3] Autorisation de mise sur le marché
Tout est joué s’acharne-t-on à nous dire.
Lors de ses vœux, le président de la République a enfoncé le clou. Selon lui, des alternatives au glyphosate existent « pour 90% des surfaces ». Il laisse la porte ouverte à des dérogations pour l’ACS[1] et les sols en pente. Il s’appuie pour cela sur une interprétation très orientée d’un rapport commandé à l’INRA.
Voir le rapport de l’INRA et son analyse par Seppi.
Malgré toutes les tentatives rédactionnelles de tourner autour du pot, l’INRA résume parfaitement la quasi-impossibilité de se passer du glyphosate aujourd’hui ou dans 3 ans, dans le tableau 8, page 60 de son rapport :
Pour Seppi, « M. Macron a commencé à manger son chapeau… ». Son titre, relativement optimiste, semble indiquer que le réalisme l’emporterait. Le corps de l’article montre qu’il n’en est rien : « Il reste à M. Macron un long chemin à faire pour comprendre les réalités de l’agriculture et de la production alimentaire, saisir les pièges d’une « environnementalisme » béat, et mesurer les conséquences de ses initiatives. »
Autre exemple de volonté politique de LREM d’abandonner toute argumentation basée sur la science et de donner des gages à l’écologie politique, Jean-Baptiste Moreau, député LREM, déclare : « je ne sais pas personnellement si le glyphosate est dangereux ou pas. Ce qui est sûr, c’est que médiatiquement, la bataille est perdue. Il faut qu’on mette en place des conditions qui permettent de nous passer du glyphosate. ». Voir débat sur la page agriculture de LREM.
Malgré les avis éclairés comme celui de l’Académie d’Agriculture (voir ici) ou de la quasi-totalité des agences de sécurité sanitaire et environnementale du monde, le pouvoir politique a décidé de plier devant l’écologie politique.
Dans les médias, le message est déjà passé : Interdiction du glyphosate dans trois ans : seuls l’ACS et les terrains en pente pourront avoir des dérogations… Voir par exemple Paysan Breton, Ouest France,… Quelques fois, cette affirmation est nuancée par un « essayer d’en sortir » initié par Stéphane Travert…
Ces « dérogations » pour l’ACS et les terrains en pente n’enlèvent en rien le caractère catastrophique de la décision de Macron. Interdire 90% des usages du glyphosate est une stupidité, une folie.
Les responsables politiques, les vrais, ont un rôle important dans le ressenti. Plier sans raison de fond et sans hésitation aucune, devant l’exigence d’abandon du glyphosate venant de l’écologie politique, c’est donner le signal de la curée contre l’agriculture basée sur la science. C’est construire politiquement le « ressenti » sur lequel on prétend s’appuyer.
C’est tout simplement scandaleux…
La réaction des responsables professionnels agricoles sera-t-elle à la hauteur de l’enjeu ? Jusqu’à présent elle se veut « constructive » et proposant des « solutions ». On peut espérer qu’une telle stratégie soit efficace. Mais, étant donnés les moyens politiques que met le gouvernement à faire passer sa « décision » (devrait-on dire sa folie ?), on peut aussi en douter… Tout dépend de ce que l’on met derrière ces mots. Les agriculteurs sont dans une attente forte.
[1] Agriculture de Conservation des Sols : préserver les sols en réduisant au maximum le travail du sol.
Sous ce titre un brin provocateur, Projet Utopia, blog sceptique, s’est appuyé sur un ancien article de Gérard Pascal, toxicologue ; ce dernier s’appuyant sur un article de Bruce Ames, universitaire californien bien connu des lecteurs de ForumPhyto.
Le message est clair : Si l’on devait se préoccuper des poisons dans nos assiettes, il faudrait logiquement d’abord se préoccuper de ceux qui y sont présents naturellement. Nous ingérons 10 000 fois plus de substances naturelles poisons que de résidus de pesticides.
Ce n’est pas une exagération. C’est une conséquence du fait que les plantes produisent ces substances naturelles poisons à des niveaux actifs pour se protéger des prédateurs. Alors que les résidus ne sont que… des résidus d’une application ancienne.
D’autres sources sont également indiquées dans l’article.
Projet Utopia utilise toutes ces sources de façon particulièrement pédagogique et illustrée.
L’article vaut la peine d’être lu.
Pour aller plus loin sur ForumPhyto :
« Alimentation : 10 000 fois plus de pesticides naturels (suite) »
« Alimentation : 10 000 fois plus de pesticides naturels que de résidus de pesticides de synthèse »
Une longue bataille juridique vient d’être définitivement tranchée : La Cour de Cassation vient de prononcer une décision de non-admission du recours de Pollinis France contre ForumPhyto. C’est un aboutissement logique, mais jamais acquis d’avance. Retour sur les points marquants de cette affaire.
Dans un article relatif à une pétition abeilles de Pollinis en décembre 2014, ForumPhyto montrait principalement que Pollinis, se présentant comme « association sans but lucratif » et voulant « sauver les abeilles », semblait bien loin de l’action de terrain et qu’elle était vilipendée par plusieurs bloggeurs, y compris proches des milieux apicoles, pour son fonctionnement douteux.
Pollinis France avait jugé bon d’attaquer ForumPhyto en justice pour diffamation.
Le fond de l’affaire avait fait l’objet d’une décision de justice en première instance en 2015. Le Tribunal soulignait que « le plus grand flou » régnait sur la personne désignée par le vocable général « Pollinis ». Le Tribunal avait donc considéré que l’association Pollinis France était irrecevable en son action puisqu’elle ne démontrait pas qu’elle était visée par l’article publié par ForumPhyto.
Comme nous le mentionnions dans « Pollinis, c’est flou ! », deux enquêtes sur la « nébuleuse Laarman », l’une d’Agriculture et Environnement, l’autre de l’Obs/Rue89, renforcent l’impression de « flou » suscitée par le fonctionnement du « réseau » Pollinis.
Pollinis France avait fait appel de la décision. En 2016, l’arrêt rendu en appel avait purement et simplement confirmé le jugement de première instance.
Non satisfait de cette nouvelle décision de justice en sa défaveur, Pollinis France a cru bon de se pourvoir en Cassation. Le 9 janvier 2018, la Cour de Cassation a prononcé la « non-admission » du pourvoi de Pollinis France considérant qu’il était mal fondé.
La victoire de ForumPhyto est maintenant définitive. Nous ne pouvons que réaffirmer : « Sur le fond, ForumPhyto affiche clairement son point de vue et son objectif : pour « une protection des plantes assumée, responsable et durable sur les fruits, légumes et pommes de terre. » Les producteurs de fruits et légumes ont tout intérêt à la bonne santé des abeilles. Ils collaborent concrètement avec les apiculteurs, en particulier en arboriculture. Les adhérents de ForumPhyto et les agriculteurs qui y sont liés sont ouverts au dialogue avec les apiculteurs, leurs organisations et les organisations environnementalistes. »
L’association Pollinis France a attaqué ForumPhyto en diffamation, espérant peut-être gagner en crédibilité auprès des apiculteurs. Aujourd’hui il est sûr que ce n’est pas à son avantage…
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L’annonce le 11 janvier 2018 par Stéphane Travert de l’annonce « d’un plan de sortie des pesticides » au prochain Salon de l’Agriculture fait partie de la tactique maintenant éprouvée du gouvernement : « préparer les esprits » (en bon langage politicien de l’ancien monde) et espérer ainsi faciliter l’acceptation finale de l’amère potion. A quoi faut-il donc s’attendre ? Quelques médias rendent compte de…
Les composés à base de cuivre sont des pesticides-clefs en Agriculture Biologique, en particulier contre le mildiou de la vigne, la tavelure du pommier et le mildiou de la pomme de terre. Le plus connu de ces composés est la bouillie bordelaise, qui est du sulfate de cuivre neutralisé par de la chaux éteinte. Or le cuivre a des…
Dans « Les capteurs de spores : une innovation qui sert toujours la production maraîchère », Agri-Réseau Canada rend compte du résultat de 15 ans de recherche : le capteur de spores aujourd’hui communément utilisé aujourd’hui par des producteurs au Canada. « La méthode développée consiste à capturer les spores de champignons dans l’air ambiant d’un champ en culture. Ensuite, l’analyse des données captées…
Une longue bataille juridique vient d’être définitivement tranchée : La Cour de Cassation vient de prononcer une décision de non-admission du recours de Pollinis France contre ForumPhyto. C’est un aboutissement logique, mais jamais acquis d’avance. Retour sur les points marquants de cette affaire. Dans un article relatif à une pétition abeilles de Pollinis en décembre 2014, ForumPhyto montrait principalement que…
C’était mieux avant ! est le titre en forme d’antiphrase d’un petit livre de Michel Serres. C’est une sorte de coup de gueule contre les grands-papas ronchons qui ne cessent de répéter cette phrase à la jeune génération. Les références de Michel Serres à la ruralité et à l’agriculture dans cet ouvrage sont un bel antidote aux rêves de retour…
Maintenant c’est au tour de Campagnes et Environnement (C&E) de relayer le charlatanisme… C&E a publié un tweet et un article pour une vidéo de témoignage sur les « protéodies », la musique pour les plantes,, censée nous permettre de nous faire « une idée sur cette technique ». En fait , une vidéo de propagande pure et dure, sans aucun recul. Le…
Les composés à base de cuivre sont des pesticides-clefs en Agriculture Biologique, en particulier contre le mildiou de la vigne, la tavelure du pommier et le mildiou de la pomme de terre. Le plus connu de ces composés est la bouillie bordelaise, qui est du sulfate de cuivre neutralisé par de la chaux éteinte. Or le cuivre a des effets délétères reconnus et importants sur la vie du sol. Il est également reconnu comme préoccupant pour la santé des oiseaux et des mammifères, y compris les humains.
Dans « Peut-on se passer du cuivre en agriculture biologique ? », l’INRA rend compte d’une Expertise Scientifique Collective (ESCo) visant à trouver des alternatives à ces composés.
Voir présentation, résumé (pdf, 8 pages), synthèse (pdf, 70 pages) de l’ESCo sur le site de l’INRA.
Un point important est souligné : « Une diminution de moitié des quantités de cuivre appliquées en conservant une cadence d’application identique mais en réduisant fortement les doses à chaque passage et en améliorant la qualité de la pulvérisation, atteindrait, dans la plupart des cas, une efficacité identique ou très comparable à celle obtenue avec une utilisation à pleines doses. »
L’INRA liste de nombreux moyens alternatifs, même dans le cadre du cahier des charges de l’AB qui s’interdit toute substance de synthèse :
– Utilisation de préparations ou extraits naturels à activité biocide
– Organismes utilisables en lutte biologique directe
– Variétés résistantes
– Stimulateurs de défense des plantes
– Mise en œuvre de pratiques agronomiques pour lutter contre les infections primaires.
Même si elles peuvent sans doute être développées, beaucoup de ces méthodes sont peu ou prou déjà utilisées par les producteurs, en bio comme en conventionnel. Citons en particulier les méthodes agronomiques. Par exemple, le broyage des feuilles à l’automne en verger de pommiers.
Notons que l’INRA cite même « l’homéopathie ou l’isothérapie » (sic !) en en faisant une présentation, disons indulgente : « [elles] sont peu documentées, mais semblent d’une efficacité très discutable et ne constituent sans doute pas une alternative crédible »
Mais l’INRA souligne les limites de chacune de ces méthodes.
Seuls des prototypes combinant ces différentes alternatives et impliquant une « reconception de système de culture » permettraient d’atteindre le zéro cuivre. Il s’agit d’un « exercice, purement intellectuel à ce stade ».
L’exercice est intéressant. Mais, qu’on se le dise, ce n’est pas demain que l’agriculture bio sortira du cuivre.
Dans « Mildiou : l’agriculture bio ne veut plus utiliser du cuivre », Sciences et Avenir, après avoir souligné que le cuivre « est très toxique dans l’environnement », se veut optimiste sur les alternatives possibles : malgré les limites de chacune d’entre elles, « pourquoi ne pas essayer de panacher toutes ses solutions ? […] l’Inra a décidé d’investir cette voie de recherche toute nouvelle. Dès 2018, la ferme expérimentale d’Epoisses (Côte d’or) va ainsi explorer les synergies possibles entre toutes les solutions de substitution du cuivre. »
Notons qu’au niveau européen, l’EFSA (agence scientifique) souligne les risques des composés à base de cuivre pour les travailleurs, les oiseaux, les mammifères et la santé du sol. Voir ici (in English).
Malgré cela, dans la plus grande discrétion, la Commission Européenne vient de prolonger d’un an l’autorisation des composés à base de cuivre sous la pression des lobbies de l’Agriculture Biologique. Voir ici (in English). Tout ceci a été résumé par NewEurope sous le titre « Le curieux cas du sulfate de cuivre » (in English), qui souligne le deux-poids-deux-mesures pratiqué par la Commission Européenne. C’est particulièrement flagrant quand on compare avec la façon dont le dossier glyphosate a été traité… « Tout ceci ne sert pas la science, ne sert pas le citoyen européen, mais sert peut-être… d’autres intérêts »
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